Début des consultations sur l’énergie nucléaire en Alberta avec des discussions publiques

Olivia Carter
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Dans un tournant décisif pour le paysage énergétique du Canada, l’Alberta a lancé hier ses consultations publiques tant attendues sur le développement de l’énergie nucléaire, attirant des centaines de participants au Centre de conférences Shaw d’Edmonton. La province, longtemps dépendante des combustibles fossiles, explore désormais les options nucléaires dans le cadre de sa stratégie controversée de diversification énergétique visant à répondre à la demande croissante d’électricité et aux objectifs de réduction des émissions.

“Il ne s’agit pas simplement d’ajouter une autre source d’énergie à notre portefeuille,” a déclaré la ministre de l’Énergie de l’Alberta, Rebecca Phillips, lors de la session d’ouverture. “Il s’agit de positionner l’Alberta de manière responsable pour un avenir où notre sécurité énergétique et notre prospérité économique ne sont pas exclusivement liées aux hydrocarbures.”

Le processus de consultation, qui visitera six grands centres à travers la province au cours des trois prochains mois, fait suite à l’étude préliminaire de faisabilité du gouvernement provincial qui suggère que les petits réacteurs modulaires (PRM) pourraient potentiellement générer jusqu’à 20% de l’électricité de l’Alberta d’ici 2040. Cela représente un virage important pour une province qui a historiquement tiré plus de 80% de son électricité du gaz naturel et du charbon.

Les groupes environnementaux et les représentants autochtones se sont exprimés lors de la session inaugurale, soulevant des préoccupations concernant la gestion des déchets nucléaires et les impacts potentiels sur les terres visées par les traités. Le chef Robert Strongeagle des Nations du Traité 6 a souligné que “tout développement énergétique doit inclure les voix autochtones dès le début, pas comme une réflexion après coup.”

Selon CO24 News, les consultations ont attiré l’attention des principaux acteurs de l’industrie nucléaire. Des représentants d’Ontario Power Generation et de Bruce Power étaient présents, soulignant leurs expériences d’exploitation sécuritaire des installations nucléaires existantes au Canada depuis des décennies.

Les dimensions économiques du développement nucléaire ont occupé une place importante dans les discussions. Un rapport de la Chambre de commerce de l’Alberta, publié pour coïncider avec les consultations, suggère que le développement de deux installations de PRM pourrait créer environ 6 800 emplois pendant la construction et 400 postes permanents pendant l’exploitation, tout en générant 2,5 milliards de dollars d’activité économique.

“Il y a une réelle opportunité de tirer parti de l’expertise de la main-d’œuvre énergétique existante de l’Alberta,” a noté l’économiste de l’énergie de l’Université de l’Alberta, Dr. Sarah Mendelsohn. “Plusieurs compétences de notre secteur pétrolier et gazier sont transférables aux opérations nucléaires, offrant potentiellement de nouvelles voies professionnelles à mesure que les emplois énergétiques traditionnels évoluent.”

Le secteur nucléaire canadien connaît un regain d’intérêt à l’échelle nationale, l’Ontario ayant récemment approuvé l’expansion de la centrale nucléaire de Darlington et la Saskatchewan menant ses propres études de faisabilité pour le déploiement de PRM.

Les critiques, cependant, soulignent des obstacles importants. “L’économie reste discutable,” a déclaré Jason Montgomery de l’Institut de politique énergétique de l’Alberta. “Les retards de construction et les dépassements de coûts ont affecté les projets nucléaires dans le monde entier. Ajoutez à cela les questions non résolues concernant le stockage des déchets, et les Albertains méritent une transparence complète sur les risques.”

L’opinion publique reste divisée. Un récent sondage commandé par CO24 Politics a révélé que 47% des Albertains soutiennent l’exploration des options nucléaires, tandis que 38% s’y opposent et 15% restent indécis. Le soutien était notamment plus élevé parmi les jeunes démographiques et dans les régions actuellement dépendantes de l’électricité au charbon.

La ministre fédérale de l’Environnement, Caroline Burke, a indiqué qu’Ottawa surveille de près le processus de l’Alberta. “L’énergie nucléaire représente une intersection complexe entre la juridiction provinciale sur l’électricité et la surveillance fédérale de la sûreté nucléaire,” a-t-elle déclaré. “Nous nous engageons à garantir que tout développement respecte les normes réglementaires strictes du Canada.”

Le site web de consultation lancé hier permet aux Albertains qui ne peuvent pas assister aux sessions en personne de soumettre leurs commentaires en ligne jusqu’au 15 octobre, après quoi le gouvernement prévoit de publier sa stratégie nucléaire complète d’ici début 2026.

Alors que l’Alberta envisage cette importante transition énergétique, la question fondamentale demeure : une province construite sur les combustibles fossiles peut-elle pivoter avec succès pour adopter la technologie nucléaire, et à quel coût environnemental, économique et social?

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