Dans un remaniement important du paysage nord-américain de la navigation de plaisance, BRP Inc. a annoncé aujourd’hui la vente de sa division de bateaux pontons Manitou à Twin Vee Inc., l’entreprise familiale propriétaire de Bentley Pontoons. Cette transaction, évaluée à environ 285 millions de dollars, marque le pivot stratégique de BRP qui délaisse le segment des pontons de luxe pour se recentrer sur ses activités principales de sports motorisés et de motomarines.
Le géant des sports motorisés basé à Valcourt, au Québec, avait acquis Manitou il y a seulement trois ans dans le cadre d’une ambitieuse expansion de sa division marine. Cependant, selon le PDG de BRP, José Boisjoli, les conditions du marché ont considérablement changé depuis.
“Bien que Manitou ait performé admirablement au sein de notre portefeuille, nous avons identifié de meilleures opportunités de croissance dans nos segments traditionnels de sports motorisés,” a déclaré Boisjoli lors de la conférence téléphonique avec les investisseurs ce matin. “Ce désinvestissement nous permet de réaffecter du capital vers des initiatives qui s’alignent davantage avec notre vision à long terme.”
Les analystes de l’industrie suivaient de près la performance de la division marine de BRP depuis que l’entreprise a rapporté des trimestres consécutifs de baisse des ventes de bateaux dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et de compression des dépenses des consommateurs due à l’inflation. Le secteur de la navigation de plaisance fait face à d’importants vents contraires depuis que le boom alimenté par la pandémie a commencé à ralentir fin 2023.
L’acquisition par Twin Vee représente une consolidation majeure dans le marché des pontons haut de gamme. Le fabricant basé en Floride, propriété de la famille Bennett depuis 1997, a progressivement développé Bentley Pontoons en une marque premium qui concurrence directement Manitou dans le segment du luxe.
“Intégrer Manitou sous notre égide crée d’énormes synergies de fabrication tout en maintenant deux marques premium distinctes,” a expliqué Glenn Bennett, PDG de Twin Vee. “Notre famille a consacré des décennies à créer des bateaux pontons exceptionnels, et l’héritage d’innovation de Manitou complète parfaitement nos opérations existantes.”
Pour les observateurs de l’industrie, cette transaction signale une potentielle consolidation plus large dans le secteur marin récréatif. John Richards, analyste de l’industrie marine chez Morgan Stanley, suggère que ce pourrait n’être que le début.
“Nous assistons aux premières étapes de ce qui sera probablement une consolidation significative dans l’ensemble du secteur de la navigation de plaisance,” a noté Richards. “Les entreprises avec des bilans solides se positionnent pour acquérir des marques premium à des valorisations favorables alors que l’industrie fait face à ses défis actuels d’inventaire.”
L’accord inclut les installations de fabrication de Manitou à Lansing, Michigan, où la marque a bâti sa réputation de bateaux pontons haute performance depuis 1986. Selon les déclarations de l’entreprise, les 375 employés de Manitou devraient être transférés chez Twin Vee.
BRP a confirmé que la transaction devrait être finalisée d’ici septembre 2025, sous réserve des approbations réglementaires. L’entreprise prévoit d’utiliser le produit principalement pour réduire sa dette et racheter des actions, avec environ 50 millions de dollars destinés à l’expansion de la capacité de production de son usine de Sturtevant, Wisconsin, pour les motomarines Sea-Doo.
Pour les consommateurs, les deux entreprises soulignent que le soutien de garantie et les réseaux de concessionnaires resteront intacts pendant la transition. Les observateurs de l’industrie chez CO24 Affaires ont noté que les marques de bateaux premium ont démontré une résilience surprenante malgré le ralentissement plus large des dépenses récréatives.
Alors que la navigation de plaisance navigue dans des eaux économiques agitées, cette transaction pourrait bien représenter l’avant-garde d’une restructuration importante dans la façon dont les Nord-Américains prennent le large. La question qui se pose maintenant est : quels acteurs de l’industrie marine vont couler, et lesquels resteront à flot ?
