Le projet de loi national sur la santé des sols au Canada progresse dans le cadre de la stratégie du Sénat

Olivia Carter
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Dans un geste historique signalant une orientation vers une politique agricole durable, le Sénat canadien fait avancer une législation visant à établir la première stratégie nationale complète sur la santé des sols du pays. Le projet de loi S-245, présenté par le sénateur Robert Black, représente ce que les experts agricoles appellent “l’initiative de conservation des sols la plus significative depuis des décennies” alors que le Canada est aux prises avec la dégradation de la qualité des sols dans ses terres agricoles.

La législation, qui a passé la deuxième lecture avec un soutien multipartite, mandaterait la création d’un cadre national pour surveiller, restaurer et améliorer la santé des sols—répondant aux préoccupations qui s’accumulent tant chez les scientifiques environnementaux que chez les agriculteurs. Selon la dernière évaluation de la qualité des sols d’Agriculture Canada, environ 36 % des terres agricoles de premier choix du pays montrent une dégradation modérée à sévère, menaçant à la fois la sécurité alimentaire et la stabilité des écosystèmes.

“Des sols sains ne concernent pas seulement de meilleurs rendements agricoles—il s’agit fondamentalement de la résilience environnementale et de la souveraineté alimentaire du Canada,” a expliqué Dr. Marla Thompson, pédologue à l’Université de la Saskatchewan. “Ce qui rend ce projet de loi particulièrement important, c’est sa reconnaissance que la santé des sols transcende les frontières provinciales et nécessite une coordination nationale.”

La stratégie proposée établirait des protocoles d’analyse des sols à l’échelle nationale, créerait une base de données nationale pour suivre les tendances à long terme, et financerait la recherche sur les pratiques agricoles régénératives. Plus crucial encore, elle allouerait 75 millions de dollars sur cinq ans pour aider les agriculteurs à adopter des méthodes agricoles favorisant la santé des sols.

Pour Thomas Reid, céréalier ontarien, cette législation ne pouvait pas arriver plus tôt. “Nous avons vu notre couche arable s’amincir depuis trois générations,” a confié Reid à CO24 Canada News. “Les changements dans les régimes météorologiques aggravent la situation—des précipitations plus intenses emportent simplement ce qui a pris des siècles à se constituer. Cette stratégie nous donne à la fois les connaissances et le pont financier pour mettre en œuvre de meilleures pratiques.”

Le projet de loi a recueilli un soutien intersectoriel inhabituel, avec des organisations environnementales, des producteurs agricoles et des communautés autochtones exprimant tous un optimisme prudent. La Fédération canadienne de l’agriculture, représentant plus de 200 000 familles agricoles, a approuvé la législation, notant que la santé des sols est de plus en plus liée à la rentabilité agricole dans une ère d’instabilité climatique.

“Ce qui est particulièrement encourageant dans cette approche, c’est comment elle équilibre la réglementation avec les incitatifs,” a noté Elizabeth Chen, analyste de politique agricole à l’Institut Pembina, dans une entrevue avec CO24 Business. “Plutôt que d’imposer simplement de nouvelles règles, elle crée des voies pour que les agriculteurs adoptent des pratiques qui augmentent le carbone du sol tout en améliorant leur résultat net.”

La législation fait face à des défis, cependant. La juridiction provinciale sur les ressources naturelles signifie que la mise en œuvre nécessitera une coordination fédérale-provinciale minutieuse. De plus, certains critiques conservateurs ont remis en question le coût du programme et sa complexité administrative, suggérant que des approches axées sur le marché pourraient s’avérer plus efficaces que l’intervention gouvernementale.

Le sénateur Black, parrain du projet de loi, réplique que l’argument économique est clair : “Pour chaque dollar investi dans la santé des sols, nous voyons environ huit dollars retournés par l’augmentation de la productivité, la réduction des coûts d’intrants et les bénéfices environnementaux. Ce n’est pas seulement de l’environnementalisme—c’est une politique économique judicieuse.”

Si elle est adoptée, le Canada rejoindrait un mouvement international croissant priorisant la santé des sols. L’Union européenne a mis en œuvre sa Stratégie pour les sols à l’horizon 2030 l’année dernière, tandis que les États-Unis ont récemment élargi leurs initiatives sur la santé des sols par le biais de la Loi sur la réduction de l’inflation.

Le projet de loi passe maintenant à l’étude en comité, où des experts fourniront des témoignages détaillés sur les stratégies de mise en œuvre et les mécanismes de financement. Les observateurs parlementaires s’attendent à ce que la législation puisse atteindre le vote final d’ici début 2026.

Alors que le Canada navigue entre les priorités concurrentes de la production alimentaire, la résilience climatique et la protection environnementale, une question émerge avec une urgence croissante : Pouvons-nous nous permettre de continuer à traiter le sol comme une marchandise plutôt que comme un capital naturel irremplaçable dont dépend notre avenir agricole?

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