Lorsque Noah Oshinbanjo, 18 ans, s’est effondré en novembre 2022, sa famille n’avait aucune raison de croire qu’elle le perdrait à jamais. Pourtant aujourd’hui, Ron et Tania Oshinbanjo font face à un chagrin profond qu’ils estiment aurait pu être évité si le système de santé de la Colombie-Britannique avait répondu différemment à l’urgence médicale de leur fils.
“C’était un jeune homme incroyable avec toute la vie devant lui,” dit Ron Oshinbanjo, la voix brisée en se souvenant de son fils. “Noah devrait encore être ici avec nous aujourd’hui.“
La tragédie a commencé lorsque Noah, un étudiant en parfaite santé sans antécédents médicaux, a ressenti une douleur thoracique soudaine et s’est effondré à la maison. Selon la famille, ce qui a suivi fut une série d’échecs critiques du système de santé qui ont finalement conduit au décès de Noah à peine 48 heures plus tard.
À son arrivée au service d’urgence de l’Hôpital général de Victoria, Noah aurait attendu plus de six heures avant de recevoir des soins médicaux, malgré des symptômes compatibles avec une embolie pulmonaire — un caillot sanguin potentiellement mortel dans les poumons qui nécessite un traitement immédiat.
“L’infirmière au triage a noté ses symptômes mais l’a classé comme non urgent,” explique Tania Oshinbanjo. “Nous leur répétions que quelque chose n’allait vraiment pas, mais nous nous sommes sentis complètement ignorés.”
Les dossiers médicaux obtenus par la famille révèlent que lorsque Noah a finalement été examiné, des tests diagnostiques essentiels ont été retardés, et malgré la détérioration de son état, il n’a été transféré aux soins intensifs qu’après avoir subi un arrêt cardiaque le lendemain. À ce moment-là, les dommages étaient irréversibles.
Dr. Michael Byrne, un défenseur de la sécurité des patients non impliqué dans le cas de Noah, suggère que cela représente un modèle préoccupant dans le système de santé de la C.-B. “Quand les services d’urgence sont débordés, les erreurs de diagnostic augmentent considérablement. Ce que nous voyons sont des défaillances systémiques plutôt que des erreurs individuelles.”
La tragédie des Oshinbanjo survient au milieu de préoccupations croissantes concernant la prestation des soins de santé en Colombie-Britannique. Des données récentes du Conseil de la qualité et de la sécurité des patients de la C.-B. montrent que les temps d’attente aux urgences ont augmenté de 22% depuis 2019, tandis que les pénuries de médecins ont atteint des niveaux critiques dans de nombreuses communautés.
Le ministre provincial de la Santé, Adrian Dix, a reconnu ce cas dans une déclaration, le qualifiant de “profondément préoccupant” et promettant un examen approfondi. “Chaque Britanno-Colombien mérite des soins appropriés et en temps opportun. Nous devons tirer des leçons de ces tragédies pour améliorer notre système de santé.”
La famille a depuis déposé une poursuite civile contre l’autorité sanitaire et plusieurs prestataires de soins impliqués dans les soins de Noah. Leur représentante légale, Sarah Leamon, souligne que leur motivation va au-delà de la compensation.
“Les Oshinbanjo veulent de la responsabilité et un changement systémique,” dit Leamon. “Ils se battent pour que d’autres familles ne vivent pas cette déchirure évitable.”
L’affaire a catalysé un soutien populaire, avec plus de 15 000 Britanno-Colombiens signant une pétition appelant à des réformes des services d’urgence. Parmi les changements proposés figurent des réévaluations obligatoires pour les patients en attente, l’amélioration des protocoles de triage pour les conditions potentiellement mortelles, et de meilleurs systèmes de communication entre patients et prestataires de soins.
“Noah adorait aider les autres — cela le définissait,” dit Ron Oshinbanjo, qui intervient maintenant dans des forums sur les politiques de santé. “Si le partage de son histoire sauve ne serait-ce qu’une vie, alors nous honorons sa mémoire de la façon la plus significative possible.”
Alors que la Colombie-Britannique est aux prises avec les pressions du système de santé et les pénuries de personnel, la question fondamentale demeure: combien de tragédies évitables doivent survenir avant que des réformes significatives deviennent réalité plutôt que rhétorique?