Dans une décision qui privilégie la sécurité des piétons plutôt que la commodité des navetteurs, le conseil municipal de Vancouver a approuvé une mesure révolutionnaire visant à réduire la limite de vitesse dans les rues résidentielles à 30 kilomètres à l’heure. Cette décision, finalisée hier après des mois de débats animés, marque un changement significatif dans l’approche de la ville en matière de mobilité urbaine et place Vancouver aux côtés des villes mondiales progressistes qui ont adopté des initiatives de “rues lentes”.
“Les statistiques parlent d’elles-mêmes,” a expliqué le maire de Vancouver, Ken Sim, lors de la réunion du conseil. “Un piéton heurté par un véhicule roulant à 50 km/h n’a que 10% de chances de survie, alors que cette même collision à 30 km/h augmente les chances de survie à près de 90%. Il ne s’agit pas seulement de circulation – il s’agit de sauver des vies.”
Le règlement, adopté par un vote de 7 contre 4, touchera environ 700 kilomètres de rues résidentielles à travers Vancouver, représentant près de 36% du réseau routier de la ville. Les artères principales et les voies désignées conserveront leurs limites de vitesse actuelles pour assurer un flux de circulation efficace à travers la ville.
Les experts en sécurité des transports de l’Université de la Colombie-Britannique ont salué cette décision, citant des études complètes de Stockholm et Helsinki qui ont documenté des réductions de 30 à 40% des décès de piétons suite à des réductions similaires de la limite de vitesse. Dr. Mira Patel, professeure d’urbanisme à l’UBC, a noté que “des vitesses plus basses réduisent non seulement la fréquence des collisions, mais diminuent considérablement leur gravité lorsqu’elles se produisent.”
La mise en œuvre commencera le mois prochain avec une approche progressive, en commençant par les quartiers ayant historiquement des taux élevés de collisions et les zones entourant les écoles et les résidences pour personnes âgées. La ville a alloué 3,2 millions de dollars pour de nouveaux panneaux, marquages routiers et modifications d’infrastructure ciblées pour encourager naturellement une conduite plus lente.
Cependant, tout le monde ne soutient pas ce changement. La Commission de développement économique de Vancouver a soulevé des préoccupations concernant les impacts potentiels sur les services de livraison et le transport commercial. “Bien que la sécurité soit primordiale, nous devons nous assurer que notre ville reste économiquement compétitive,” a déclaré le porte-parole de la commission, Trevor Hamilton. “Prolonger les temps de trajet pourrait avoir des conséquences imprévues pour les petites entreprises qui luttent déjà pour se remettre de la pandémie.”
La réaction du public a été également partagée. Un récent sondage municipal a montré que 62% des résidents soutiennent les limites réduites, tandis que 27% s’y opposent fermement. Les critiques soutiennent que le changement prolongera les temps de trajet et créera de la congestion, tandis que les partisans soulignent l’amélioration de la qualité de vie et le potentiel pour plus de marche et de cyclisme dans les quartiers.
Cette initiative s’aligne sur le Plan d’action d’urgence climatique plus large de Vancouver, qui vise à réduire la dépendance à l’automobile et à créer des quartiers plus vivables. Des initiatives similaires à Barcelone et à Paris ont transformé des zones résidentielles en espaces centrés sur la communauté où les enfants peuvent jouer en toute sécurité et les voisins peuvent interagir sans la menace constante de la circulation à grande vitesse.
Les stratégies d’application restent en cours d’élaboration, le Service de police de Vancouver mettant l’accent sur l’éducation plutôt que sur les mesures punitives pendant la période de transition initiale de six mois. Des radars automatiques seront installés à des endroits clés, bien que leur objectif principal sera la collecte de données plutôt que l’émission de contraventions pendant la phase initiale de mise en œuvre.
Alors que Vancouver se prépare à ce changement significatif de son paysage urbain, une question demeure particulièrement pertinente : d’autres villes canadiennes suivront-elles l’exemple de Vancouver en privilégiant la sécurité des piétons plutôt que la vitesse des véhicules, ou les préoccupations économiques et des navetteurs ralentiront-elles l’adoption de mesures similaires à travers le pays?