Un anniversaire marquant suscite souvent des réflexions, peut-être une fête avec la famille et les amis, ou encore des vacances exotiques. Mais pour Rhonda Erb du Manitoba, fêter ses 50 ans signifiait chausser ses souliers de course pour un défi extraordinaire qui allait tester ses limites physiques et mentales tout en sensibilisant à une cause qui lui tient profondément à cœur.
“J’ai simplement continué à courir,” raconte Erb, décrivant son parcours qui a débuté le 28 mai à la frontière de la Saskatchewan et qui se terminera à Winnipeg le 29 juin, couvrant près de 500 kilomètres à travers les paysages diversifiés du Manitoba.
Cette prouesse remarquable n’est pas seulement une question d’endurance physique—c’est un puissant témoignage sur la sensibilisation à la santé mentale. Erb, qui a lutté contre l’anxiété et la dépression tout au long de sa vie, a trouvé réconfort et force dans la course, une pratique qui s’est progressivement transformée d’un mécanisme d’adaptation en une passion.
“Les problèmes de santé mentale ne font pas de discrimination,” explique Erb lors d’une brève pause à un poste de ravitaillement. “Que vous ayez 15 ou 50 ans, ces défis peuvent toucher n’importe qui. Je voulais montrer aux gens qu’il est normal de parler de ces problèmes et que l’activité physique peut être transformatrice.”
L’itinéraire, méticuleusement planifié sur plusieurs mois, emmène Erb à travers de petites communautés où elle a été accueillie par des partisans qui se joignent parfois à elle pour des portions de la course. Les entreprises locales le long du parcours ont offert hébergement, repas et encouragements, démontrant l’esprit communautaire de la province.
“La réponse a été extraordinaire,” affirme Jason Macdonald, qui dirige l’équipe de soutien d’Erb. “Les gens ont été incroyablement généreux, non seulement avec des dons, mais aussi avec leur temps et leurs encouragements. Cela en dit long sur l’évolution de la sensibilisation à la santé mentale dans nos communautés.”
Le parcours d’Erb n’a pas été sans défis. Des conditions météorologiques inattendues, la fatigue musculaire et les exigences psychologiques de la course de longue distance ont mis sa détermination à l’épreuve. Pendant les passages particulièrement difficiles, elle puise sa force dans les histoires personnelles partagées par des Manitobains qui l’ont contactée via les médias sociaux pour exprimer à quel point sa mission fait écho à leurs propres expériences.
“Il y a eu un jour où le vent était implacable, et mon corps me suppliait d’arrêter,” se souvient Erb. “Puis je me suis souvenue d’un message d’un adolescent qui m’a dit comment la course l’avait aidé durant ses jours les plus sombres. C’est à ce moment que j’ai su que je ne pouvais pas abandonner.”
L’initiative a déjà recueilli plus de 25 000 $ pour les programmes provinciaux de santé mentale, dépassant l’objectif initial d’Erb. Ces fonds soutiendront des services de counseling et des programmes communautaires conçus pour réduire la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale dans les milieux ruraux et urbains du Manitoba.
Dre Eleanor Shepherd, psychologue spécialisée en thérapie sportive, note que l’approche d’Erb s’aligne avec les recherches émergentes sur le lien entre l’activité physique et le bien-être mental. “Ce que Rhonda fait illustre le lien puissant entre le mouvement et la régulation de l’humeur,” explique la Dre Shepherd. “Son parcours fournit un exemple tangible de la façon dont l’exercice peut être intégré dans les plans de traitement de la santé mentale.”
Alors qu’Erb approche de Winnipeg, où une célébration communautaire l’attend, elle réfléchit à la façon dont ce voyage a transformé sa perspective sur le vieillissement. “Avoir 50 ans n’est pas une question de limites—c’est une question de possibilités,” dit-elle avec une détermination caractéristique. “Si ma course inspire ne serait-ce qu’une personne à chercher de l’aide ou à commencer son propre parcours de bien-être, alors chaque ampoule et chaque réveil matinal en valaient la peine.”
Dans une province où les hivers rigoureux peuvent contribuer à la dépression saisonnière et où l’isolement rural complique parfois l’accès aux ressources en santé mentale, la course d’Erb à travers la province sert de puissant rappel de la résilience et du soutien communautaire. Alors que la santé mentale continue de gagner en importance dans notre cycle d’actualités et dans le discours public, des histoires comme celle d’Erb mettent en lumière l’intersection des défis personnels et du plaidoyer public.
Alors que les Manitobains se préparent à accueillir Erb à la ligne d’arrivée, une question persiste: comment nos communautés pourraient-elles changer si nous abordions tous nos luttes personnelles avec un tel courage et les transformions en opportunités pour soutenir les autres?