Le déficit d’investissement de la Banque de l’infrastructure du Canada atteint 20 milliards de dollars en 2028

Olivia Carter
6 Min Read
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La Banque d’infrastructure du Canada (BIC) se dirige vers un déficit d’investissement important qui pourrait compromettre les ambitieux plans de renouvellement des infrastructures du pays, selon un nouveau rapport alarmant du Directeur parlementaire du budget (DPB). Malgré de grandes promesses de stimuler la croissance économique grâce à des investissements stratégiques en infrastructure, la société d’État semble sur le point de manquer ses objectifs obligatoires d’environ 20 milliards de dollars d’ici 2028.

Établie en 2017 avec beaucoup d’enthousiasme, la BIC s’est vue accorder 35 milliards de dollars pour mobiliser des capitaux privés dans des projets d’infrastructure transformateurs à travers le Canada. La mission de la banque—combler le fossé entre les besoins publics et les investissements privés—représentait une pierre angulaire de la stratégie économique du gouvernement fédéral. Cependant, comme le révèle l’analyse financière détaillée du DPB, l’institution n’a engagé que 10,9 milliards de dollars jusqu’à présent, les déboursements réels étant encore plus en retard, à seulement 5,3 milliards de dollars.

“La trajectoire actuelle suggère que la BIC n’atteindra que 15,4 milliards de dollars d’investissements d’ici son échéance de 2028,” note le Directeur parlementaire du budget, Yves Giroux. “Cela représente un déficit de 56 pour cent par rapport au mandat initial, soulevant de sérieuses questions sur l’efficacité du modèle d’investissement de la banque.”

Le rapport souligne plusieurs défis systémiques qui entravent la performance de la banque. Parmi ceux-ci, le rythme plus lent que prévu du développement des projets, avec de nombreuses initiatives confrontées à des obstacles réglementaires, des complications juridictionnelles et des processus de diligence raisonnable prolongés. L’accent mis par la BIC sur des projets complexes à grande échelle—bien que potentiellement transformateurs—a entraîné des délais prolongés qui entrent en conflit avec ses échéances d’investissement.

La sous-performance de la banque a suscité de vives critiques de tous les horizons politiques. Le critique conservateur en matière d’infrastructure, Andrew Scheer, a qualifié la BIC d'”échec colossal“, tandis que le critique néo-démocrate aux finances, Daniel Blaikie, considère ce déficit comme la preuve que “les partenariats public-privé ne parviennent souvent pas à offrir une valeur ajoutée aux contribuables.”

En réponse au rapport du DPB, la BIC a défendu son bilan, notant que les investissements en infrastructure nécessitent intrinsèquement des délais prolongés. “Les grands projets d’infrastructure ne se matérialisent pas du jour au lendemain,” a déclaré le PDG de la BIC, Ehren Cory. “Notre pipeline d’investissement reste solide, et nous sommes confiants dans notre capacité à accélérer les déploiements dans les années à venir.”

Les défenseurs de la banque soulignent également plusieurs réussites, notamment son investissement de 655 millions de dollars dans le Réseau Express Métropolitain (REM) de Montréal et 300 millions de dollars pour l’expansion de la connectivité à large bande dans les communautés rurales et autochtones. Ces projets, soutiennent-ils, démontrent le potentiel de la BIC à stimuler la croissance économique lorsqu’elle est correctement exécutée.

Les provinces et les municipalités, quant à elles, expriment leur frustration face aux processus d’approbation complexes de la BIC. “Nous avons soumis plusieurs projets hautement prioritaires qui s’alignent parfaitement avec le mandat de la banque, mais nous avons rencontré des retards importants pour recevoir des réponses définitives,” a révélé un ministre provincial de l’infrastructure qui a demandé l’anonymat pour parler franchement.

Les analystes financiers suggèrent que le modèle d’investissement de la banque pourrait nécessiter un recalibrage. “La tension fondamentale au sein de la BIC est d’essayer de satisfaire à la fois les objectifs de politique publique et les exigences de rendement commercial,” explique Dr. Matti Siemiatycki, expert en infrastructure à l’Université de Toronto. “Ce double mandat crée des défis inhérents dans la sélection et l’exécution des projets.”

Les implications pour l’agenda plus large des infrastructures du Canada sont significatives. Avec un déficit d’infrastructure estimé à 300 milliards de dollars à l’échelle nationale, la BIC était destinée à jouer un rôle central pour combler les lacunes critiques dans les infrastructures de transport, d’énergie et communautaires. Sa sous-performance pourrait nécessiter des approches alternatives pour répondre à ces besoins pressants.

Alors que les décideurs politiques digèrent les conclusions du DPB, la question demeure : la Banque d’infrastructure du Canada peut-elle surmonter ses limitations structurelles pour tenir sa promesse, ou le moment est-il venu de repenser fondamentalement notre approche du financement des infrastructures à une époque de contraintes budgétaires ? La réponse façonnera l’environnement bâti du Canada—et sa compétitivité économique—pour les générations à venir.

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