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Le spectre de tarifs douaniers punitifs plane à nouveau sur les relations commerciales canado-américaines, provoquant une réponse unifiée sans précédent de la part des dirigeants politiques canadiens. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a révélé aujourd’hui que le vice-premier ministre Mark Carney a accepté de convoquer une réunion d’urgence des premiers ministres pour faire face à la dernière menace de Donald Trump d’imposer un tarif de 25 pour cent sur toutes les importations canadiennes s’il retourne à la Maison-Blanche.
“J’ai parlé à Mark Carney hier. Nous allons avoir une réunion des premiers ministres,” a déclaré Ford aux journalistes lors d’une annonce sans rapport à Vaughan. “Nous devons être prêts. Je suis assez franc avec tout le monde. Il faut espérer le meilleur et se préparer au pire.”
L’urgence de la situation découle de la récente annonce de campagne de Trump au Michigan, où il a promis de mettre en œuvre des tarifs substantiels sur les produits canadiens dès son entrée en fonction. Cette déclaration a envoyé des ondes d’inquiétude à travers le paysage économique canadien, particulièrement en Ontario où l’industrie automobile constitue un pilier crucial de l’économie provinciale.
Ford a souligné que le Canada doit présenter un front uni en réponse à ces menaces. “Tout le monde est nerveux en ce moment. Nous allons réunir tout le monde autour de la table,” a affirmé le premier ministre, soulignant le besoin critique de coordination interprovinciale dans ce qui pourrait devenir le défi commercial le plus important du Canada ces dernières années.
Carney, qui a récemment pris ses fonctions de vice-premier ministre suite à la démission de Chrystia Freeland, fait face à un test précoce et redoutable de ses compétences diplomatiques. L’expérience économique internationale étendue de l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre est considérée comme un atout précieux alors que le Canada navigue dans ces eaux turbulentes.
Les analystes économiques estiment que les tarifs proposés par Trump pourraient coûter des milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne et potentiellement éliminer des centaines de milliers d’emplois. Le secteur automobile, profondément intégré à travers la frontière canado-américaine, supporterait probablement le plus gros des nouvelles barrières commerciales.
“Il ne s’agit pas seulement de l’Ontario,” a noté l’experte en commerce Patricia Goff de l’Université Wilfrid Laurier. “Les effets d’entraînement toucheraient chaque province et territoire, des exportations énergétiques de l’Alberta à l’industrie aérospatiale du Québec en passant par les ressources naturelles du Canada atlantique.”
La réunion prévue des premiers ministres représente un rare moment d’alignement fédéral-provincial dans la politique canadienne, transcendant les relations souvent difficiles entre Ottawa et les capitales provinciales. Même la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, fréquemment en désaccord avec le gouvernement fédéral, a signalé son soutien pour une approche coordonnée.
La menace tarifaire de Trump survient à un moment particulièrement vulnérable pour l’économie canadienne, qui est aux prises avec l’inflation, les pressions des taux d’intérêt et les effets persistants des perturbations mondiales de la chaîne d’approvisionnement. La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a reconnu la gravité de la situation, notant que la planification d’urgence a déjà commencé au sein des ministères gouvernementaux.
Alors que les marchés mondiaux réagissent à la rhétorique croissante, les leaders d’entreprises canadiennes appellent au calme mais à une action décisive. “Nous avons déjà traversé des tempêtes commerciales,” a remarqué Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires. “Mais la préparation est essentielle, et cela signifie que le gouvernement et l’industrie doivent travailler en parfaite coordination.”
La réunion promise des premiers ministres devrait avoir lieu dans les semaines à venir, bien qu’aucune date officielle n’ait été annoncée. Alors que cette situation se déroule, la question fondamentale demeure : est-ce que les dirigeants politiques nouvellement alignés du Canada pourront concevoir une stratégie efficace pour protéger ses intérêts économiques contre des tarifs potentiellement dévastateurs, ou est-ce que les divisions internes finiront par miner la position de négociation du pays?