Le marché de la restauration rapide canadien connaît une croissance plus rapide que celui des États-Unis malgré les tarifs douaniers
Le crépitement des galettes fraîches sur le gril et l’arôme incomparable des frites qui flotte dans l’air sont devenus plus présents dans les villes canadiennes, alors que l’industrie de la restauration rapide du pays connaît une croissance sans précédent. Malgré les défis liés à la chaîne d’approvisionnement et l’augmentation des tarifs douaniers sur les ingrédients clés, le secteur de la restauration rapide au Canada a connu une expansion de 12,8 % au cours de l’année dernière, dépassant largement la croissance de 7,3 % observée aux États-Unis.
“Nous sommes témoins d’une résilience remarquable dans le paysage de la restauration rapide canadien,” affirme l’analyste de l’industrie Maya Fernandez. “Les propriétaires de restaurants s’adaptent aux pressions économiques avec une ingénierie de menu innovante et une tarification stratégique qui trouve écho auprès des consommateurs à la recherche d’options de repas abordables en période d’inflation.”
Cette expansion surprend de nombreux prévisionnistes économiques qui avaient prédit une contraction de l’industrie suite à la mise en œuvre de nouveaux tarifs agricoles ayant augmenté les coûts des tomates, de la laitue et de certains produits laitiers jusqu’à 15 %. Au contraire, les chaînes nationales comme Tim Hortons et A&W ont misé sur leur identité canadienne pour renforcer leur position sur le marché, tandis que des géants internationaux comme McDonald’s et Burger King ont accéléré leurs plans d’expansion au Canada.
Selon la firme de recherche de marché RestaurantPulse basée à Vancouver, la valeur moyenne des transactions de restauration rapide a augmenté de 1,72 $ depuis l’année dernière, les consommateurs se montrant prêts à absorber des augmentations de prix modestes pour la commodité. Les segments connaissant la plus forte croissance comprennent les alternatives à base de plantes, les offres de café haut de gamme et les expériences de commande numériques, domaines dans lesquels les exploitants canadiens ont massivement investi.
“La différence entre les marchés canadien et américain en ce moment se résume à l’adaptation,” explique Thomas Wong, spécialiste du développement de restaurants à l’Université Métropolitaine de Toronto. “Les exploitants canadiens ont rapidement reconfiguré leurs chaînes d’approvisionnement, privilégiant davantage l’approvisionnement local et les adaptations de menu saisonnières qui atténuent l’impact des tarifs transfrontaliers.”
L’emploi dans le secteur a augmenté en conséquence, les restaurants de restauration rapide ayant créé plus de 27 000 emplois à l’échelle nationale au cours des six derniers mois. Cela représente une contribution importante à l’économie de services du Canada à un moment où d’autres secteurs du commerce de détail ont connu une contraction.
La transformation numérique a joué un rôle crucial dans cette histoire de croissance. Les commandes mobiles, qui représentent maintenant 41 % de toutes les transactions de restauration rapide au Canada contre 36 % aux États-Unis, ont permis aux restaurants de traiter plus de commandes avec moins de personnel au comptoir tout en collectant des données précieuses sur les consommateurs qui orientent le développement des menus et les stratégies marketing.
“Nous avons complètement repensé notre flux de cuisine et notre modèle de personnel autour des commandes numériques,” explique Jamal Harrison, qui exploite six franchises dans la région du Grand Toronto. “Notre débit a augmenté de près de 30 % avec la même empreinte physique, et nous capturons les préférences des clients qui nous aident à prévoir les besoins d’inventaire avec une précision remarquable.”
La croissance de l’industrie ne s’est pas faite sans défis. Les coûts de main-d’œuvre ont augmenté de 9,2 % d’une année sur l’autre, en raison des salaires compétitifs nécessaires pour attirer les travailleurs dans un marché du travail tendu. Parallèlement, les coûts d’emballage continuent d’augmenter à mesure que les municipalités mettent en œuvre des réglementations environnementales plus strictes sur les contenants à usage unique.
Pour l’avenir, les experts de l’industrie de CO24 Business prévoient que le marché canadien de la restauration rapide maintiendra sa trajectoire de croissance jusqu’en 2025, avec une expansion annuelle prévue de 8 à 10 %. Cette prévision suppose une innovation continue dans les offres de menu et l’efficacité opérationnelle, même si les consommateurs deviennent de plus en plus soucieux de leur santé et de l’environnement.
Alors que les chaînes de restauration rapide canadiennes continuent de démontrer une adaptabilité remarquable dans des conditions économiques difficiles, la question demeure : ce modèle de croissance s’exportera-t-il avec succès vers d’autres marchés confrontés à des pressions similaires? Pour l’instant, l’industrie de la restauration rapide du Canada sert d’étude de cas en matière de résilience que d’autres secteurs seraient bien avisés d’examiner.