Face à la pression économique croissante venue du sud de la frontière, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, rencontre les ministres fédéraux et les premiers ministres provinciaux pour élaborer une stratégie contre les récentes menaces tarifaires de Donald Trump. Ces discussions cruciales, qui ont lieu seulement quelques semaines après la victoire électorale de Trump, soulignent l’inquiétude grandissante du Canada face aux perturbations économiques potentielles alors que le président élu renforce son programme protectionniste.
La récente déclaration de Trump promettant un tarif général de 25 % sur toutes les importations canadiennes et mexicaines — accompagné d’un tarif mondial exorbitant de 10 % — a provoqué une onde de choc dans les milieux économiques et politiques canadiens. Ces mesures, si elles étaient appliquées, représenteraient l’une des actions commerciales les plus agressives contre le Canada de l’histoire moderne, éclipsant les différends sectoriels précédents concernant le bois d’œuvre, l’acier et l’aluminium.
“Ce n’est pas qu’une simple escarmouche commerciale — c’est une menace existentielle pour l’économie canadienne axée sur les exportations,” affirme Dr. Elena Ramirez, économiste en commerce international à l’Université de Toronto. “Avec environ 75 % de nos exportations destinées au marché américain, ces tarifs proposés pourraient dévaster des industries entières et des communautés à travers le pays.”
Carney, qui sert maintenant comme conseiller spécial du gouvernement en matière d’économie, apporte une expertise financière internationale considérable à ces discussions urgentes. Son expérience à la tête de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre fait de lui une voix particulièrement qualifiée pour naviguer ce qui pourrait devenir le plus grand défi économique du Canada depuis des décennies.
Le bureau du premier ministre Justin Trudeau a confirmé que les leaders provinciaux ont été invités à participer à des réunions virtuelles, soulignant la nécessité d’une approche nationale unifiée. “Ce n’est pas une question partisane — c’est une question canadienne,” a déclaré le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, dans un communiqué à la presse. “Nous devons rester unis et faire comprendre à nos amis américains que ces tarifs nuiraient aux deux économies.”
Les analystes économiques de la Banque Royale du Canada estiment que les tarifs proposés par Trump pourraient réduire le PIB canadien jusqu’à 1,8 % au cours de la première année de mise en œuvre, déclenchant potentiellement d’importantes pertes d’emplois dans les secteurs de la fabrication, de l’agriculture et des ressources naturelles. Ces projections ont accentué les préoccupations dans les provinces fortement exposées aux exportations, particulièrement l’Ontario, le Québec et l’Alberta.
Le gouvernement Trudeau semble poursuivre une stratégie à plusieurs volets, explorant des recours juridiques via l’accord successeur de l’ALENA (ACEUM), bâtissant des coalitions avec des intérêts commerciaux américains qui seraient lésés par les tarifs, et préparant d’éventuelles mesures de représailles si les efforts diplomatiques échouent.
“Le Canada doit démontrer qu’il a à la fois la capacité et la détermination de répondre proportionnellement,” a déclaré l’ancien ambassadeur canadien aux États-Unis, David MacNaughton. “Cela signifie identifier les vulnérabilités américaines — des importations d’énergie aux dépendances des chaînes d’approvisionnement — tout en cherchant simultanément des solutions diplomatiques.”
Les menaces tarifaires de Trump ont également relancé les débats sur la souveraineté économique du Canada et sa dépendance excessive au marché américain. Certains experts en politique appellent à des efforts accélérés de diversification commerciale, particulièrement vers les marchés asiatiques et européens en croissance qui pourraient offrir des relations commerciales plus stables.
Alors que ces discussions de haut niveau se poursuivent à huis clos, les Canadiens ordinaires se demandent comment leurs moyens de subsistance pourraient être affectés par les décisions prises à Washington. Avec des chaînes d’approvisionnement profondément intégrées à travers la plus longue frontière non défendue du monde, le potentiel de perturbation économique s’étend bien au-delà des bilans des entreprises jusqu’aux tables des foyers à travers le pays.
La question qui se pose maintenant aux dirigeants canadiens n’est pas seulement comment répondre à ces menaces immédiates, mais comment positionner le pays pour une résilience économique à long terme dans un environnement commercial mondial de plus en plus imprévisible. Le Canada peut-il maintenir sa prospérité tout en réduisant sa vulnérabilité aux vents politiques qui soufflent de son puissant voisin du sud?