Consultation du projet des Premières Nations à Ottawa : termes fixés avant une réunion cruciale

Olivia Carter
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Dans un développement controversé qui menace de tendre davantage des relations déjà fragiles entre le gouvernement et les Autochtones, les fonctionnaires fédéraux ont informé les chefs des Premières Nations qu’ils doivent soumettre leurs questions à l’avance avant une réunion déterminante avec des ministres clés sur d’importantes initiatives d’infrastructure et de développement des ressources.

La directive est arrivée par courriel en début de semaine, avant la table ronde virtuelle prévue le 25 juillet avec le ministre des Finances Michael Carney et le ministre des Ressources naturelles Jonathan Wilkinson. La rencontre vise à aborder ce qu’Ottawa qualifie de “développement responsable des ressources” sur les territoires traditionnels à travers le Canada.

“Ce filtrage préalable des questions soulève de sérieuses préoccupations quant à la transparence et à l’authenticité du dialogue,” a déclaré le Chef Darcy Gray du Gouvernement Mi’gmaq de Listuguj au Québec. “Nous ne cherchons pas une présentation chorégraphiée mais un engagement significatif sur des projets qui affectent directement nos terres et nos communautés.”

Selon des documents obtenus par CO24 News, le courriel fédéral précisait que les chefs doivent soumettre leurs questions au moins 72 heures avant la réunion, sans garantie que toutes les demandes seraient traitées pendant la session. La correspondance indiquait également que la table ronde serait limitée à deux heures, un délai que de nombreux leaders autochtones considèrent comme insuffisant compte tenu de la complexité des enjeux.

Cette approche controversée survient alors que le Canada fait face à une pression croissante pour accélérer les processus d’approbation de projets d’infrastructure critiques, particulièrement ceux liés à la transition énergétique et à l’extraction minière. L’administration Carney a répété à maintes reprises l’importance économique de ces initiatives tout en s’engageant à approfondir la consultation avec les communautés autochtones touchées par le développement.

“Il y a un décalage fondamental entre l’engagement public d’Ottawa envers des relations de nation à nation et ces contraintes bureaucratiques sur le dialogue,” a souligné le professeur Hayden King, directeur exécutif de l’Institut Yellowhead à l’Université métropolitaine de Toronto. “La soumission préalable des questions transforme la consultation en une performance plutôt qu’un échange substantiel.”

Plusieurs leaders des Premières Nations ont exprimé leur frustration que le format semble conçu pour limiter les discussions spontanées et les questions difficiles. L’Assemblée des Premières Nations a formellement demandé une reconsidération des paramètres de la réunion, citant l’incohérence avec les principes énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), que le Canada a incorporée dans sa législation nationale.

Les représentants du gouvernement ont défendu cette approche, un porte-parole du ministre Carney affirmant que l’exigence de soumission préalable permettrait “d’assurer des réponses complètes et bien documentées” et permettrait “une utilisation plus productive du temps limité disponible.” Le porte-parole a souligné que des sessions de suivi supplémentaires seraient programmées en fonction des résultats de cette première réunion.

Ce développement se produit dans un contexte d’obligations juridiques continues du Canada de consulter les communautés autochtones sur les projets de ressources. De récentes décisions de la Cour suprême ont renforcé l’obligation de consulter et d’accommoder les préoccupations autochtones, créant un paysage juridique complexe pour les approbations de projets.

Les acteurs de l’industrie observent attentivement, car les retards dans les processus réglementaires ont précédemment conduit à des annulations de projets et à l’incertitude des investisseurs. Le Conseil canadien des affaires a récemment appelé à des “cadres de consultation clairs et prévisibles” qui respectent les droits autochtones tout en offrant une certitude pour la planification des entreprises.

À l’approche de la date de la réunion, la question demeure : une consultation significative peut-elle avoir lieu dans des paramètres aussi structurés, ou la véritable réconciliation exige-t-elle une refonte fondamentale de la façon dont les gouvernements et les nations autochtones s’engagent sur les questions de terres et de ressources?

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