Stratégie de diversification commerciale du Canada : S’orienter au-delà du marché américain

Sarah Patel
6 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

Le soleil se lève sur le port animé de Vancouver où des porte-conteneurs d’Asie, d’Europe et d’Amérique latine déchargent leurs marchandises—un témoignage visuel de la détermination du Canada à réduire sa dépendance historique au commerce américain. Avec 75% des exportations canadiennes qui se dirigent encore vers le sud de la frontière, l’urgence de diversification n’a jamais été aussi grande alors que les tensions géopolitiques et les politiques protectionnistes remodèlent le commerce mondial.

“Nous assistons à un changement fondamental dans la stratégie commerciale canadienne,” explique Anita Kowalski, directrice du commerce international à la Commission économique de Vancouver. “L’époque où nous mettions tous nos œufs économiques dans le panier américain est révolue.”

Ce pivot stratégique a pris de l’ampleur suite aux tumultueuses renégociations de l’ALENA qui ont abouti à l’accord ACEUM en 2020. Malgré l’entente finale, l’expérience a envoyé des ondes de choc dans les cercles d’affaires canadiens, forçant une prise de conscience nationale sur notre vulnérabilité commerciale. Les perturbations subséquentes des chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie n’ont fait que renforcer la nécessité de diversifier nos canaux commerciaux.

Le gouvernement fédéral a répondu avec une ambitieuse stratégie de diversification commerciale visant une augmentation de 50% des exportations outre-mer d’ici 2025. Le plan comprend l’expansion des missions commerciales vers les marchés émergents, un financement accru des exportations par Exportation et développement Canada, et un soutien dédié aux petites et moyennes entreprises cherchant à pénétrer les marchés internationaux pour la première fois.

Les résultats commencent à se concrétiser. Les exportations canadiennes vers l’Union européenne ont bondi de 18% l’année dernière suite à la mise en œuvre complète de l’Accord économique et commercial global (AECG). Parallèlement, l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) a ouvert des portes vers les économies asiatiques à croissance rapide, avec des exportations vers le Vietnam et la Malaisie qui augmentent à des taux à deux chiffres.

L’expert de l’industrie Michael Chen de CO24 Business note: “Les entreprises canadiennes qui se concentraient historiquement exclusivement sur le marché américain construisent maintenant des réseaux de distribution mondiaux sophistiqués. Elles découvrent que la diversification n’est pas seulement une question de gestion des risques—c’est aussi l’accès à de nouvelles opportunités de croissance.”

La stratégie s’étend au-delà des exportations traditionnelles de marchandises. Le secteur des services canadien—particulièrement dans les services financiers, les technologies propres et l’innovation numérique—fait des percées significatives sur les marchés internationaux. Des entreprises de technologie financière basées à Toronto ont établi des points d’ancrage à Singapour et à Londres, tandis que les entreprises d’énergie propre de Vancouver décrochent d’importants contrats en Europe et en Inde.

“Nous mettons à profit l’expertise canadienne dans des domaines où la demande mondiale est en plein essor,” affirme Jennifer Williams, PDG de CleanTech Canada. “Nos solutions en énergie renouvelable et infrastructure durable trouvent des marchés réceptifs à travers l’Europe et l’Asie où les priorités environnementales s’alignent avec nos capacités.”

La poussée vers la diversification fait face à des défis importants. Les barrières culturelles et linguistiques, les environnements réglementaires complexes et la féroce concurrence des acteurs mondiaux établis créent des obstacles pour les entreprises canadiennes qui s’aventurent au-delà du territoire familier. Les petites entreprises luttent particulièrement avec les ressources nécessaires à l’expansion internationale.

Pour relever ces défis, le gouvernement a établi le programme CanExport du Service des délégués commerciaux, offrant un soutien financier pour l’exploration des marchés et des plateformes numériques pour connecter les exportateurs canadiens avec les acheteurs internationaux. Des stratégies spécifiques à certains secteurs comme l’agroalimentaire, la fabrication avancée et les services numériques ciblent des opportunités d’exportation uniques.

Les enjeux ne pourraient être plus élevés. Une récente analyse économique de RBC Économie indique qu’une diversification réussie pourrait ajouter 44 milliards de dollars annuellement à l’économie canadienne d’ici 2030 et créer plus de 250 000 emplois. À l’inverse, l’échec de la diversification laisse l’économie vulnérable aux changements de politique américaine et aux ralentissements économiques.

Comme l’a rapporté CO24 Actualités, le positionnement diplomatique du Canada s’est également modifié pour soutenir les ambitions commerciales, avec un engagement renouvelé dans les forums multilatéraux et des nominations diplomatiques stratégiques dans les marchés clés de croissance.

La voie à suivre exige patience et persévérance. Les relations commerciales se développent sur des décennies, pas des trimestres. Les entreprises canadiennes doivent investir dans la compréhension des nuances du marché et bâtir la confiance avec les partenaires internationaux. La politique gouvernementale doit maintenir sa cohérence malgré les cycles électoraux.

Pour une nation construite sur le commerce international depuis sa fondation, la poussée actuelle vers la diversification représente à la fois un retour aux sources et un pas audacieux vers un avenir incertain. La question n’est plus de savoir si le Canada devrait diversifier son commerce—mais à quelle vitesse il peut réussir à le faire.

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *