Dans un changement sismique pour les relations commerciales nord-américaines, le président élu Donald Trump a annoncé son intention d’imposer un tarif général de 35 % sur toutes les importations canadiennes dès son retour au pouvoir en janvier. Cette déclaration fracassante a immédiatement provoqué des ondes de choc sur les marchés financiers et dans les canaux diplomatiques, menaçant potentiellement de défaire des décennies d’intégration économique soigneusement cultivée entre les deux nations voisines.
“Le 20 janvier, dans le cadre de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Canada et au Mexique un tarif de 25 % sur TOUS les produits entrant aux États-Unis,” a déclaré Trump sur sa plateforme Truth Social lundi soir. Il a ensuite intensifié sa menace spécifiquement contre le Canada, affirmant : “De plus, j’ajouterai un tarif supplémentaire de 10 % au Canada jusqu’à ce qu’ils cessent de permettre l’afflux massif de drogues, en particulier le fentanyl, à travers notre frontière.”
Cette annonce représente une escalade dramatique par rapport aux tensions commerciales qui ont marqué la première administration Trump, lorsque le Canada a fait face à des tarifs ciblés sur l’acier et l’aluminium, mais a échappé à des mesures punitives plus larges. Selon Statistique Canada, les deux nations ont échangé environ 800 milliards de dollars en biens et services en 2023, le Canada envoyant environ 500 milliards de dollars d’exportations vers le sud – qui seraient maintenant toutes soumises à des augmentations de prix significatives.
Les analystes financiers de la Banque Toronto-Dominion estiment que, si elles sont mises en œuvre, ces tarifs pourraient réduire la croissance économique canadienne jusqu’à 2 points de pourcentage au cours de la prochaine année. “Il ne s’agit pas seulement de chiffres commerciaux sur une feuille de calcul,” explique l’économiste Avery Richardson. “Nous envisageons des impacts potentiellement dévastateurs sur les chaînes d’approvisionnement intégrées, les emplois manufacturiers et les prix à la consommation des deux côtés de la frontière.”
La communauté d’affaires canadienne a réagi avec une préoccupation immédiate. Le Conseil canadien des affaires a qualifié la proposition de “économiquement destructrice pour les deux nations” tout en exhortant le gouvernement Trudeau à engager immédiatement des démarches diplomatiques. Pendant ce temps, l’association des Manufacturiers et Exportateurs du Canada a averti que près de 2 millions d’emplois canadiens directement liés aux exportations américaines pourraient être significativement menacés.
Le premier ministre Justin Trudeau a répondu avec prudence lors d’une conférence de presse à Ottawa, déclarant : “Le Canada et les États-Unis jouissent de la relation commerciale la plus réussie au monde. Nos économies intégrées soutiennent des millions d’emplois pour la classe moyenne des deux côtés de la frontière.” Il a ajouté que son gouvernement a “navigué avec succès dans des situations commerciales compliquées avec l’administration Trump précédente” et a exprimé sa confiance dans la recherche de solutions constructives.
Les experts commerciaux notent que l’affirmation de Trump concernant le fentanyl circulant du Canada vers les États-Unis contredit les données établies. Selon les propres rapports de la Drug Enforcement Administration américaine, la grande majorité du fentanyl illicite entre aux États-Unis par le Mexique et via des routes maritimes en provenance de Chine, les sources canadiennes ne représentant qu’un pourcentage négligeable.
Cette annonce a déclenché un réexamen de l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), l’accord commercial que Trump lui-même a négocié pour remplacer l’ALENA durant son précédent mandat. Les juristes se demandent si des tarifs unilatéraux de cette ampleur violeraient cet accord, ouvrant potentiellement la porte à des mesures de rétorsion du Canada et du Mexique en vertu du droit commercial international.
Pour les consommateurs ordinaires, les implications pourraient être profondes. Les produits canadiens irriguent pratiquement tous les secteurs de l’économie américaine – des automobiles et de l’énergie aux produits alimentaires et aux matières premières. Les économistes du commerce prévoient des augmentations potentielles de prix de 20 à 30 % sur de nombreux biens de consommation si la charge tarifaire complète est répercutée sur les acheteurs américains, aggravant potentiellement les préoccupations inflationnistes qui ont figuré en bonne place lors de la récente élection.
Alors que les deux nations se préparent à cette confrontation économique potentielle, la question demeure : le coup de poker tarifaire audacieux de Trump atteindra-t-il ses objectifs politiques déclarés, ou ne fera-t-il que défaire l’un des partenariats économiques les plus intégrés et mutuellement bénéfiques au monde à un moment où la concurrence mondiale exige des alliances plus fortes?