Suite à un accident dévastateur de hors-bord au parc Cates plus tôt ce mois-ci, la Nation Tsleil-Waututh prend des mesures proactives pour améliorer la sécurité nautique dans l’inlet Burrard. La communauté autochtone a proposé la création d’un programme de Gardiens de l’Eau—une initiative qui pourrait transformer considérablement la façon dont les activités maritimes sont surveillées et réglementées dans leurs eaux traditionnelles.
La collision, survenue le 3 août, a laissé plusieurs personnes gravement blessées après qu’un bateau à moteur ait percuté le quai du parc Cates. Cet incident a mis en évidence des lacunes critiques dans les protocoles existants de sécurité nautique et a incité la Nation Tsleil-Waututh à plaider pour des mesures de surveillance plus complètes.
“Ce que nous proposons, c’est un programme de gardiens qui travaillerait en collaboration avec les autorités existantes pour garantir que nos eaux restent sécuritaires pour tous,” explique la Chef Jen Thomas de la Nation Tsleil-Waututh. “Il ne s’agit pas seulement d’application de la loi—il s’agit d’éducation, d’intendance et d’honorer notre responsabilité sacrée de protéger ces eaux qui ont nourri notre peuple pendant des milliers d’années.”
Le programme proposé de Gardiens de l’Eau formerait des membres de la communauté pour surveiller la vitesse des embarcations, éduquer les plaisanciers sur les pratiques responsables et coordonner avec les opérations de la police locale et de la garde côtière. Selon les plans préliminaires obtenus par CO24 News, les gardiens patrouilleraient dans des embarcations dédiées équipées de matériel de sécurité et de communication.
La Police de Port Moody enquête sur l’incident du parc Cates, que des témoins ont décrit comme “complètement évitable” si les limites de vitesse appropriées avaient été respectées. L’accident a relancé les conversations sur la juridiction et l’application de la loi dans les eaux côtières, particulièrement celles adjacentes aux territoires autochtones.
L’experte en droit maritime, Dr. Marissa Chen de l’Université de Colombie-Britannique, note que ces initiatives communautaires représentent une évolution importante dans la gestion côtière. “Ce que nous voyons est un mélange de principes traditionnels d’intendance autochtone avec des protocoles de sécurité modernes. Ce type d’approche collaborative réussit souvent là où l’application conventionnelle seule a eu du mal,” a déclaré Chen à CO24 Canada News.
La proposition Tsleil-Waututh survient dans un contexte de préoccupations croissantes concernant la sécurité nautique récréative dans les voies navigables de la Colombie-Britannique. Les données de Transports Canada indiquent une augmentation de 22% des incidents de navigation dans la région au cours des trois dernières années, les infractions liées à la vitesse représentant près de la moitié de toutes les contraventions.
Le financement du programme proviendrait de multiples sources, notamment des subventions fédérales pour les gardiens autochtones, des initiatives provinciales de sécurité et des partenariats communautaires. La Nation Tsleil-Waututh a déjà obtenu des engagements préliminaires de plusieurs entreprises maritimes locales pour soutenir les besoins de formation et d’équipement.
“Ce n’est pas seulement une question Tsleil-Waututh—il s’agit de créer des eaux plus sûres pour tous ceux qui utilisent l’inlet,” explique Gabriel Williams, le coordinateur proposé du programme. “Lorsque quelqu’un conduit une embarcation dangereusement, il met tout le monde en danger, indépendamment de l’origine ou de la communauté.”
Les responsables locaux ont exprimé un soutien provisoire à l’initiative. Le maire du district de North Vancouver, Mike Little, a reconnu le potentiel de la proposition, notant que “les approches collaboratives qui respectent les connaissances autochtones tout en améliorant la sécurité publique méritent une considération sérieuse.”
Alors que la saison estivale de navigation se poursuit, la question demeure: cette initiative dirigée par les Autochtones deviendra-t-elle un modèle pour montrer comment les communautés à travers le Canada peuvent reprendre la responsabilité de la sécurité nautique tout en honorant les pratiques traditionnelles d’intendance? Pour les familles touchées par l’incident du parc Cates, la réponse ne peut pas venir assez rapidement.