Le spectre d’un tarif de 35 % sur les importations canadiennes plane alors que le président élu Donald Trump a réaffirmé sa position protectionniste cette semaine, envoyant des ondes de choc dans les cercles économiques d’Ottawa et provoquant des réunions stratégiques urgentes parmi les responsables canadiens. Le message sans ambiguïté de Trump – diffusé via sa plateforme de médias sociaux habituelle – a effectivement préparé le terrain pour ce qui s’annonce comme des négociations commerciales difficiles entre les nations voisines.
“Considérez ceci comme votre avis officiel,” a déclaré Trump au Premier ministre canadien Justin Trudeau, indiquant que son administration imposerait cette taxe substantielle à moins que le Canada ne prenne des mesures décisives contre ce qu’il a qualifié de “tarifs massifs” sur les produits agricoles américains. Cette déclaration représente l’une des premières communications directes de politique étrangère de Trump depuis son retour à la Maison Blanche ce mois-ci.
La ministre des Finances Chrystia Freeland et la ministre de la Promotion des exportations Mary Ng ont rapidement convoqué les leaders de l’industrie lundi, initiant ce que les observateurs décrivent comme des préparatifs de “salle de guerre” pour les discussions commerciales imminentes. Pendant ce temps, Mark Carney, récemment nommé pour diriger un comité économique gouvernemental, a reconnu le sérieux de la position de Trump lors d’entretiens avec les médias canadiens.
“Nous devons considérer cela comme la position de départ,” a déclaré Carney sur l’émission Power & Politics de CBC. “C’est quelque chose qui doit être abordé directement et substantiellement.”
L’impact économique potentiel de tels tarifs ne peut être sous-estimé. Avec environ 75 % des exportations canadiennes destinées aux marchés américains – représentant approximativement 1,3 milliard de dollars d’échanges quotidiens – les analystes préviennent que les mesures proposées par Trump pourraient perturber significativement des chaînes d’approvisionnement qui se sont profondément intégrées au cours des décennies sous les accords ALENA et ACEUM.
Les responsables canadiens soulignent que la relation commerciale actuelle est largement équilibrée, le Canada important presque autant des États-Unis qu’il y exporte. De plus, ils soulignent que le Canada représente le plus grand marché d’exportation de l’Amérique – plus important que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni combinés.
La référence spécifique de Trump aux tarifs agricoles semble cibler le système de gestion de l’offre du Canada pour les produits laitiers, les œufs et la volaille – un point de discorde de longue date dans les relations canado-américaines. Ce système, qui limite les importations par des contingents tarifaires tout en contrôlant la production nationale, a précédemment survécu à plusieurs négociations commerciales, y compris celles de l’ACEUM durant le premier mandat de Trump.
Les experts de l’industrie notent que l’approche de Trump signale un potentiel éloignement de la diplomatie commerciale traditionnelle. “Ce n’est pas une négociation conventionnelle – ce sont des tactiques de pression appliquées très publiquement,” a expliqué Dr. Amrita Singh, spécialiste du commerce international à l’Université de Toronto. “Le gouvernement canadien devra soigneusement équilibrer la défense de sa politique économique souveraine avec le maintien d’un accès crucial au marché.”
La dynamique politique à Ottawa ajoute une autre couche de complexité. Avec le gouvernement libéral actuellement dépendant du soutien du NPD, toutes concessions significatives aux demandes américaines pourraient faire face à une résistance de multiples fronts dans la politique canadienne. Le chef conservateur Pierre Poilievre a déjà signalé son intention d’examiner minutieusement la gestion de ces négociations par le gouvernement, créant une potentielle pression politique nationale.
Les leaders d’affaires de divers secteurs appellent à une réponse coordonnée et stratégique. “Nous devons nous engager de façon constructive tout en démontrant les avantages mutuels de nos économies intégrées,” a déclaré Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires. “Il ne s’agit pas seulement de répondre aux menaces tarifaires – il s’agit d’articuler une vision pour la compétitivité économique nord-américaine dans un paysage mondial difficile.”
Alors que les responsables des deux côtés de la frontière se préparent à ce qui pourrait être des discussions contentieuses, la question fondamentale demeure : la relation économique établie de longue date du Canada avec son plus grand partenaire commercial subira-t-elle un changement transformateur, ou les efforts diplomatiques réussiront-ils à préserver le marché continental intégré qui a défini le commerce nord-américain depuis des générations?