La tension qui couvait depuis des années entre les producteurs laitiers canadiens et les exportateurs néo-zélandais a finalement trouvé une résolution hier, alors que les deux nations ont annoncé un règlement à leur différend commercial de longue date. L’accord, conclu après des mois de négociations intensives, représente un changement significatif dans l’approche du Canada pour protéger son industrie laitière de 16 milliards de dollars tout en respectant ses obligations commerciales internationales.
“Cet accord préserve l’intégrité de notre système de gestion de l’offre tout en répondant aux préoccupations légitimes soulevées par nos partenaires néo-zélandais,” a déclaré la ministre canadienne du Commerce international, Mary Ng, lors de l’annonce à Ottawa. “Nous avons trouvé l’équilibre entre la protection des producteurs laitiers canadiens et le respect de nos engagements internationaux.”
Au cœur du différend se trouvait le système complexe de contingents tarifaires du Canada que la Nouvelle-Zélande considérait comme une restriction injuste à l’accès au marché pour leurs produits laitiers. Dans le cadre de ce règlement, le Canada maintiendra son cadre de gestion de l’offre mais modifiera la façon dont il alloue les quotas d’importation, permettant aux producteurs néo-zélandais un accès accru à environ 3,5% du marché canadien du fromage au cours des cinq prochaines années – une augmentation modeste par rapport à l’allocation précédente de 2%.
Le ministre néo-zélandais du Commerce, Todd McClay, a qualifié l’accord de “solution pragmatique qui ouvre des portes à nos producteurs tout en respectant l’approche réglementaire du Canada.” Les exportations laitières de la Nouvelle-Zélande, évaluées à plus de 13 milliards de dollars par an, représentent près de 30% des revenus totaux d’exportation de ce pays, rendant l’accès à des marchés comme le Canada crucial pour leur économie.
Le différend avait été officiellement déposé via les mécanismes de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) en 2022, la Nouvelle-Zélande soutenant que le Canada n’avait pas respecté ses engagements d’accès au marché laitier. La résolution évite ce qui aurait pu être des mesures de rétorsion coûteuses de la part de la Nouvelle-Zélande, qui avait menacé d’imposer des droits de douane sur des marchandises canadiennes d’une valeur pouvant atteindre 650 millions de dollars.
Les producteurs laitiers canadiens, représentés par les Producteurs laitiers du Canada, ont exprimé une acceptation prudente de l’accord. “Bien que nous restions déterminés à protéger notre système de gestion de l’offre, nous reconnaissons l’importance de la stabilité commerciale,” a déclaré Pierre Lampron, président de l’organisation. “L’approche progressive de l’ouverture du marché donne à nos membres le temps de s’adapter.”
L’accord comprend des dispositions pour un comité de surveillance conjoint chargé de superviser la mise en œuvre et de résoudre les problèmes potentiels avant qu’ils ne dégénèrent en différends formels. Cela représente une nouvelle approche pour gérer les tensions commerciales agricoles entre les deux nations, qui partagent environ 2,6 milliards de dollars d’échanges commerciaux bilatéraux annuels tous secteurs confondus.
Les analystes du marché suggèrent que les consommateurs canadiens pourraient voir une modeste augmentation des options de produits laitiers et potentiellement des prix compétitifs dans les catégories de fromages de spécialité, bien que l’impact sur les prix de détail devrait être minimal à court terme.
Ce règlement intervient à un moment critique où les marchés agricoles mondiaux font face à des pressions croissantes liées au changement climatique, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et à l’évolution des préférences des consommateurs. Les deux pays se sont engagés à collaborer sur des initiatives de durabilité dans le secteur laitier dans le cadre de l’accord plus large.
Comme le démontre cette résolution de différend, même les tensions commerciales de longue date peuvent trouver des voies de résolution lorsque le pragmatisme économique prévaut. La question demeure: cet accord servira-t-il de modèle pour résoudre les tensions commerciales laitières en cours du Canada avec d’autres partenaires majeurs, notamment les États-Unis?
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