Dans une affaire troublante qui a déclenché des tensions diplomatiques, Marie-Michelle Levesque, une Canadienne de 30 ans, a passé plus de deux semaines dans un centre de détention du Service d’immigration et de douanes américain (ICE) suite à ce qui aurait dû être un simple passage frontalier. Sa détention met en lumière les préoccupations croissantes concernant les pratiques agressives d’application des lois sur l’immigration et a suscité des appels urgents à sa libération de la part des responsables canadiens.
Levesque a été détenue le 25 avril après avoir tenté de rendre visite à des amis à Boston. Malgré la présentation d’une pièce d’identité valide et l’explication qu’elle prévoyait de retourner à Montréal dans la semaine, les agents frontaliers ont remis en question le but de sa visite et l’ont finalement placée en détention.
“Ils m’ont traitée comme une criminelle dès qu’ils m’ont mise à l’écart,” a déclaré Levesque à CO24 News lors d’un entretien téléphonique depuis le centre de détention. “Je leur ai montré mon billet de retour, ma réservation d’hôtel, tout ce qu’ils m’ont demandé. Puis soudainement, j’étais menottée.”
Le gouvernement canadien a confirmé qu’il fournit une assistance consulaire à Levesque. La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a abordé la situation lors d’une conférence de presse à Ottawa hier, affirmant que “protéger les Canadiens à l’étranger est notre priorité absolue” et que son bureau “travaille avec diligence pour obtenir la libération immédiate de Mme Levesque.”
Selon les experts en immigration, le cas de Levesque n’est pas isolé. Les données obtenues auprès du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis révèlent une augmentation de 27% des détentions de citoyens canadiens aux points de passage terrestres au cours de l’année écoulée. Cette tendance coïncide avec le maintien par l’administration Biden de politiques d’immigration strictes, dont plusieurs héritées de l’administration précédente.
L’avocate en immigration Samantha Greene, spécialisée dans les cas transfrontaliers, note que ces détentions peuvent avoir de graves conséquences. “Être détenu dans un centre d’immigration est traumatisant dans tous les cas,” a expliqué Greene. “Mais pour quelqu’un qui s’attendait simplement à traverser la frontière pour une courte visite, c’est particulièrement choquant. Ces installations ne sont pas conçues pour le confort – elles sont conçues pour la détention.”
La détention a suscité l’indignation parmi les groupes de défense canadiens. L’Association canadienne des libertés civiles a condamné le traitement de Levesque, arguant qu’il représente “un abus alarmant des pouvoirs d’exécution” et risque de nuire à la relation traditionnellement ouverte entre les deux pays.
Les analystes politiques suggèrent que l’affaire pourrait devenir un point de tension diplomatique. Le Dr Michael Byers, professeur de sciences politiques à l’Université de Colombie-Britannique, estime que cet incident révèle des tensions plus profondes. “La relation Canada-États-Unis a traversé de nombreuses tempêtes, mais des incidents comme celui-ci mettent à l’épreuve la résilience de ce lien,” a déclaré Byers à CO24 Politics. “Cela soulève de sérieuses questions sur la réciprocité et le respect entre supposés alliés.”
À Washington, les responsables de l’ambassade canadienne sont en contact quotidien avec ICE, exigeant des éclaircissements sur les circonstances de la détention de Levesque et plaidant pour sa libération immédiate. Le Département américain de la Sécurité intérieure a fourni des informations limitées, invoquant des “procédures administratives en cours.”
Entre-temps, la famille de Levesque à Montréal a lancé une campagne sur les médias sociaux appelant à sa libération. Sa sœur, Dominique Levesque, a exprimé sa frustration face à la lenteur des efforts diplomatiques. “Chaque jour qu’elle passe en détention est un jour d’injustice de plus,” a-t-elle déclaré. “Nous sommes des citoyens canadiens – nous attendons un meilleur traitement lorsque nous visitons notre voisin et allié le plus proche.”
Les experts juridiques notent que, bien que les États-Unis aient le droit souverain de contrôler leurs frontières, les normes internationales dictent généralement un traitement plus respectueux des citoyens des nations alliées. “Il existe des protocoles établis pour traiter avec les visiteurs qui pourraient ne pas satisfaire aux exigences d’entrée,” a expliqué Catherine Martin, professeure de droit international à l’Université McGill. “La détention devrait être un dernier recours, pas une première réponse.”
Alors que la détention de Levesque entre dans sa troisième semaine, l’affaire soulève de profondes questions sur l’équilibre entre la sécurité et la dignité humaine aux frontières internationales. Combien d’autres Canadiens pourraient faire face à un traitement similaire, et qu’est-ce que cela signifiera pour l’avenir des voyages transfrontaliers entre deux nations qui se sont longtemps enorgueillies de maintenir la plus longue frontière non défendue au monde?