Dans une démonstration sans précédent de solidarité interprovinciale, les premiers ministres du Canada se sont réunis hier à Toronto pour un sommet d’urgence visant à élaborer une réponse unifiée face à la menace imminente des tarifs américains. Cette rencontre à enjeux élevés, convoquée par le premier ministre de l’Ontario Doug Ford, marque un moment crucial où les dirigeants provinciaux ont mis de côté leurs différences régionales pour protéger les intérêts économiques du Canada contre les politiques américaines de plus en plus protectionnistes.
“Nous ne pouvons pas nous permettre d’être divisés lorsque notre plus grand partenaire commercial prend pour cible les industries canadiennes,” a déclaré Ford aux journalistes à la fin de la séance à huis clos de six heures. “Aujourd’hui, nous avons convenu de parler d’une seule voix—une voix qui exige le respect de nos chaînes d’approvisionnement nord-américaines intégrées et des millions d’emplois qui en dépendent.”
Ce sommet fait directement suite à l’annonce de Washington la semaine dernière concernant de potentiels nouveaux tarifs visant les exportations canadiennes d’acier, d’aluminium et d’automobiles—des secteurs qui emploient collectivement plus de 400 000 Canadiens dans plusieurs provinces. Selon l’analyse de CO24 Business, ces tarifs pourraient réduire le PIB du Canada d’environ 0,8 % au cours de la première année de mise en œuvre.
Le premier ministre du Québec François Legault, dont la province risque de perdre environ 75 000 emplois manufacturiers si les tarifs sont appliqués, a souligné la nécessité d’une action immédiate. “Il ne s’agit pas de politique ou de compétences provinciales. Il s’agit de protéger les travailleurs québécois, ontariens, albertains—tous les travailleurs canadiens. Nous avons demandé à nos ministres du commerce d’élaborer un cadre de représailles coordonné si ces tarifs devaient être mis en œuvre.”
L’approche unifiée des premiers ministres représente un changement significatif par rapport aux tensions commerciales interprovinciales historiques. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a reconnu ce changement, notant que “la menace extérieure a accompli quelque chose de remarquable—elle a rassemblé des provinces qui ont souvent été en concurrence plutôt qu’en coopération sur les questions économiques.”
Dans une démonstration concrète de cette nouvelle coopération, les premiers ministres ont signé la “Déclaration de Toronto sur la défense commerciale“, établissant un mécanisme de réponse rapide permettant aux provinces de coordonner des contre-mesures dans les 48 heures suivant toute nouvelle action commerciale américaine. La déclaration engage également les provinces à éliminer les barrières commerciales internes qui ont longtemps fragmenté le marché canadien.
“Nous abordons enfin l’éléphant dans la pièce,” a déclaré la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith. “Comment pouvons-nous exiger un accès équitable aux marchés américains alors que nous maintenons des barrières entre nos propres provinces? L’élimination de ces obstacles internes renforcera notre position internationale tout en bénéficiant aux consommateurs canadiens grâce à une concurrence accrue.”
La ministre fédérale du Commerce, Mary Ng, présente en tant qu’observatrice, a salué l’initiative provinciale tout en réitérant les efforts diplomatiques continus d’Ottawa à Washington. “Le gouvernement fédéral se réjouit de cette coordination provinciale. Cela renforce la position du Canada lorsque nous pouvons montrer aux négociateurs américains que notre réponse sera rapide, proportionnelle et nationalement unifiée.”
Les analystes économiques du CO24 News notent que le moment de ce sommet est particulièrement significatif compte tenu de l’approche de l’élection présidentielle américaine, les deux grands partis américains adoptant une rhétorique de plus en plus protectionniste. La stratégie de préparation des premiers ministres comprend des plans d’urgence pour plusieurs résultats électoraux, reconnaissant que les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis pourraient persister quel que soit le parti qui contrôle la Maison-Blanche.
Fait particulièrement notable, la déclaration comprend un engagement à diversifier les relations commerciales provinciales au-delà des États-Unis. Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a souligné les exportations croissantes de sa province vers les marchés asiatiques : “Bien que les États-Unis resteront toujours notre plus grand partenaire commercial, nous accélérons nos efforts pour construire des voies d’exportation alternatives, particulièrement pour les produits agricoles et les ressources.”
Les premiers ministres se réuniront à nouveau dans six semaines pour évaluer les progrès réalisés dans la réduction des barrières commerciales internes et pour examiner l’état de préparation des provinces à une éventuelle mise en œuvre des tarifs américains. Une mission commerciale provinciale conjointe dans les principaux états manufacturiers américains est également organisée pour septembre, ciblant les régions où les chaînes d’approvisionnement canadiennes soutiennent un nombre important d’emplois américains.
Alors que le Canada fait face à ce moment crucial dans sa relation commerciale avec les États-Unis, la question demeure : cette nouvelle unité provinciale persistera-t-elle au-delà de la crise immédiate, ou les intérêts économiques régionaux finiront-ils par s’affirmer à nouveau une fois la menace externe dissipée?