Les crédits d’impôt créatifs du Canada manquent l’industrie du marketing

Daniel Moreau
6 Min Read
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Dans l’ombre du nouveau système audacieux de crédits d’impôt du Royaume-Uni pour ses secteurs créatifs, le cadre Creative Canada révèle un angle mort inquiétant qui menace de compromettre notre avantage concurrentiel. Alors que les industries créatives britanniques célèbrent un soutien renforcé, les professionnels canadiens du marketing se retrouvent inexplicablement exclus d’avantages similaires—une lacune politique qui exige une correction immédiate.

Le Royaume-Uni a récemment dévoilé une expansion ambitieuse des crédits d’impôt pour ses industries créatives, reconnaissant ces secteurs comme des moteurs économiques vitaux et des ambassadeurs culturels. Leur approche reconnaît le spectre complet du travail créatif, y compris le marketing et la publicité—des industries qui mélangent vision artistique et stratégie commerciale. Ce système de soutien complet contraste fortement avec l’approche plus fragmentée du Canada.

Creative Canada, notre cadre politique fédéral pour les industries créatives, offre d’importants crédits d’impôt au cinéma, à la télévision, aux médias numériques et à d’autres secteurs. Pourtant, les professionnels du marketing—ceux-là mêmes qui aident ces industries à se connecter avec leur public—restent visiblement absents de la liste des bénéficiaires. Cette exclusion n’est pas simplement un oubli; elle représente une incompréhension fondamentale du fonctionnement des écosystèmes créatifs dans l’économie actuelle.

“L’industrie du marketing emploie des milliers de professionnels créatifs à travers le Canada—directeurs artistiques, rédacteurs, graphistes, stratèges numériques—qui sont indiscernables dans leur processus créatif de ceux travaillant dans les industries soutenues,” explique Marie Levesque, présidente de l’Association canadienne du marketing. “Leur exclusion des crédits d’impôt crée une hiérarchie artificielle de valeur créative qui ne reflète pas la réalité.”

Les implications économiques sont significatives. Les agences de marketing font face à des coûts opérationnels plus élevés sans ces crédits, les rendant moins compétitives à l’échelle mondiale et poussant potentiellement les talents créatifs vers d’autres industries ou pays. À Montréal seulement, où notre économie créative a prospéré ces dernières années, les agences de marketing signalent une difficulté croissante à concurrencer pour des clients internationaux face aux entreprises de pays aux structures fiscales plus favorables.

Cette lacune politique devient encore plus déconcertante lorsque l’on considère que les services de marketing ont généré environ 9,7 milliards de dollars en PIB pour le Canada en 2022, selon Statistique Canada. Ce ne sont pas des chiffres insignifiants, surtout alors que nous naviguons dans des eaux économiques incertaines dans un paysage post-pandémique. Le secteur emploie plus de 175 000 Canadiens dans des rôles qui nécessitent les mêmes compétences créatives et la même formation que de nombreux postes éligibles aux crédits d’impôt.

La séparation historique entre créativité “commerciale” et “culturelle” qui semble informer cette politique est de plus en plus obsolète. Les professionnels créatifs d’aujourd’hui circulent avec fluidité entre le marketing, le divertissement, les beaux-arts et les médias numériques. Un graphiste peut créer une pochette d’album un jour et des identités de marque le lendemain. Un écrivain peut rédiger des scénarios et des textes publicitaires avec une égale habileté. Le système de crédits d’impôt ne reconnaît pas cette réalité.

Au-delà des implications économiques, cette exclusion envoie un message troublant sur les formes de créativité que le Canada valorise. Elle suggère que la créativité au service du commerce mérite en quelque sorte moins de soutien que la créativité au service du divertissement ou des arts traditionnels—une fausse dichotomie que les professionnels créatifs eux-mêmes reconnaissent rarement.

Pour un pays qui se targue d’innovation culturelle et de pragmatisme économique, cette incohérence politique est difficile à justifier. Si nous voulons vraiment que Creative Canada favorise une économie créative robuste et diversifiée, nous devons élargir notre définition des secteurs créatifs qui méritent du soutien.

La solution n’est pas compliquée : étendre les crédits d’impôt créatifs existants pour inclure les professionnels du marketing ou créer des incitatifs parallèles qui reconnaissent leurs contributions. Plusieurs provinces, dont la Colombie-Britannique et le Québec, ont déjà mis en œuvre des approches plus inclusives au niveau régional, démontrant que de telles politiques peuvent fonctionner.

Alors que nous envisageons la reprise post-pandémique et la construction d’industries créatives résilientes, le Canada ne peut se permettre de maintenir des divisions artificielles entre les secteurs créatifs. L’exemple du Royaume-Uni montre qu’une approche plus holistique est non seulement possible mais potentiellement transformatrice.

La question est maintenant de savoir si les décideurs politiques reconnaîtront cette opportunité de renforcer notre économie créative de manière globale, ou s’ils continueront à renforcer des distinctions dépassées qui ne servent ni les professionnels créatifs ni les intérêts économiques plus larges du Canada. L’exclusion de l’industrie du marketing des crédits d’impôt de Creative Canada n’est pas seulement un oubli—c’est une erreur qui doit être corrigée, et bientôt.

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