Problèmes de santé des femmes dans le sport d’élite : défis cachés

Daniel Moreau
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La foule rugit lorsque les athlètes poussent leur corps à des limites extraordinaires sur la scène mondiale, mais sous le spectacle du sport d’élite se cache une réalité dont on a longtemps chuchoté plutôt que discuté ouvertement : les problèmes de santé des femmes qui peuvent fondamentalement affecter la performance, la longévité de carrière et le bien-être personnel.

Lorsque la nageuse olympique Siobhan-Marie O’Connor a révélé qu’elle s’entraîne malgré des crampes menstruelles qui enverraient la plupart des gens au lit avec une bouillotte, elle a levé le voile sur un aspect du sport d’élite qui mérite beaucoup plus d’attention. “Je dois prendre des analgésiques assez puissants pour pouvoir m’entraîner pendant cette période,” a confié O’Connor à BBC Sport. Son expérience n’est pas isolée—elle est emblématique d’un angle mort systémique dans la médecine sportive et la gestion.

Pendant des décennies, le corps athlétique féminin a été traité comme une version réduite du corps masculin plutôt que comme une entité physiologiquement distincte avec des considérations de santé uniques. Cette approche a créé un écart de connaissances qui affecte tout, des protocoles d’entraînement à la prévention des blessures. Une recherche publiée dans le British Journal of Sports Medicine révèle que les athlètes féminines sont jusqu’à huit fois plus susceptibles de subir des blessures aux ligaments croisés que leurs homologues masculins, pourtant les programmes d’entraînement tiennent rarement compte de ces différences.

Le cycle menstruel—peut-être la différence physiologique la plus évidente—a historiquement été traité comme un inconvénient plutôt qu’un facteur de santé crucial méritant une attention spécialisée. La joueuse de tennis britannique Heather Watson a innové en 2015 lorsqu’elle a ouvertement attribué sa défaite à l’Open d’Australie à des symptômes menstruels. “C’est quelque chose que j’ai, mais je ne veux pas en parler,” avait d’abord dit Watson, avant de décider de défier le tabou. Son courage a marqué un tournant dans le discours sportif.

Plus récemment, l’équipe féminine de Chelsea FC a fait les manchettes en synchronisant les horaires d’entraînement avec les cycles menstruels des joueuses—une approche progressive qui reconnaît les fluctuations hormonales affectant la force, l’endurance et la récupération. “Il ne s’agit pas de trouver des excuses,” explique Dr. Emma Ross, ancienne directrice de physiologie à l’Institut anglais du sport. “Il s’agit d’optimiser la performance en comprenant le corps féminin.”

La conversation s’étend au-delà de la menstruation. La triade de l’athlète féminine—un syndrome impliquant des troubles alimentaires, l’aménorrhée et une diminution de la densité osseuse—affecte d’innombrables compétitrices mais reste sous-diagnostiquée. Le gymnaste olympique Nile Wilson a parlé de la pression pour maintenir un poids corporel anormalement bas : “Il y a cette attente tacite que vous devez avoir une certaine apparence, et les conséquences sur la santé sont rarement discutées.”

La grossesse et la récupération post-partum représentent une autre frontière dans la santé sportive des femmes. Quand Serena Williams a remporté l’Open d’Australie 2017 alors qu’elle était enceinte de huit semaines, elle a remis en question les perceptions sur les capacités athlétiques pendant la grossesse. Pourtant, ses complications ultérieures presque fatales lors de l’accouchement ont mis en lumière les graves défis de santé auxquels même les meilleures athlètes du monde peuvent être confrontées.

Le problème n’est pas seulement médical—il est culturel. La journaliste sportive Anna Kessel, auteure de “Eat Sweat Play“, soutient que “la culture du silence autour du corps des femmes dans le sport reflète un malaise sociétal plus large concernant les problèmes de santé féminine.” Ce silence crée un environnement où les athlètes souffrent isolément plutôt que de recevoir un soutien approprié.

Les implications financières sont tout aussi préoccupantes. Les athlètes féminines d’élite gagnent souvent beaucoup moins que leurs homologues masculins, rendant les soins de santé spécialisés moins accessibles. “Quand on arrive à peine à joindre les deux bouts, consulter des spécialistes pour des problèmes de santé féminine semble être un luxe,” affirme l’ancienne coureuse olympique Mara Yamauchi.

Il y a des signes de progrès. La section Tendances CO24 a suivi l’augmentation de la couverture médiatique de la santé des femmes dans le sport, tandis que des organisations comme FitrWoman développent des applications aidant les athlètes à suivre leurs cycles en relation avec l’entraînement. Les grands organismes sportifs intègrent lentement des protocoles de santé spécifiques aux femmes dans leurs programmes, reconnaissant ce que la section Culture CO24 a souligné comme un changement culturel nécessaire.

Pourtant, des défis demeurent. Dr. Georgie Bruinvels, chercheuse spécialisée dans la santé des athlètes féminines, note : “Nous avons fait des progrès, mais nous construisons sur des décennies de négligence. L’écart de recherche est énorme.” Cet écart n’est pas seulement scientifique—il se reflète dans la formation des entraîneurs, la formation médicale et les politiques institutionnelles.

Ce qu’il faut, c’est une approche globale : augmentation du financement de la recherche, programmes d’éducation pour les entraîneurs et le personnel médical, et plateformes où les athlètes peuvent parler ouvertement de leurs expériences sans craindre d’être étiquetées comme “problématiques” ou “exigeantes”. Comme on l’a soutenu dans la section Opinions CO24, il ne s’agit pas d’un traitement spécial—il s’agit d’une considération égale des différents besoins physiologiques.

Les athlètes elles-mêmes mènent cette révolution. De la championne olympique Jessica Ennis-Hill développant une application d’entraînement post-partum à la star du tennis Venus Williams plaidant pour des prix égaux, les compétitrices féminines refusent d’accepter le statu quo.

En tant que spectateurs et supporters du sport, nous avons aussi une responsabilité : exiger de meilleures recherches, une meilleure couverture et de meilleurs systèmes de soutien. La prochaine génération d’athlètes féminines mérite de concourir dans un environnement où leur santé est comprise, respectée et correctement gérée.

En attendant, d’innombrables femmes continueront d’accomplir des exploits athlétiques remarquables tout en luttant contre des défis invisibles—un témoignage de leur extraordinaire résilience, mais aussi un rappel brutal du travail qu’il reste à accomplir.

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