Une atmosphère tendue régnait au palais de justice de Québec mardi à la conclusion de l’audience cruciale sur la mise en liberté de trois hommes accusés d’avoir orchestré ce que les autorités décrivent comme un complot terroriste “potentiellement catastrophique”. La juge Marcelle Beaulieu a annoncé qu’elle rendra sa décision jeudi quant au maintien en détention des suspects jusqu’au procès.
Les accusés—Antoine Lessard, 28 ans, Philippe Tanguay, 31 ans, et Marc-André Simard, 26 ans—font face à plusieurs chefs d’accusation liés au terrorisme suite à leur arrestation lors d’une opération coordonnée de la Sûreté du Québec le mois dernier. Les enquêteurs allèguent que le trio avait accumulé un arsenal inquiétant d’armes et de matériaux explosifs tout en planifiant des attaques contre des institutions gouvernementales dans la capitale provinciale.
“Ces individus ont exprimé l’intention explicite de saper les processus démocratiques par des moyens violents,” a déclaré la procureure Geneviève Beauchemin à la cour lors des plaidoiries finales. “Les preuves révèlent des plans méticuleusement documentés ciblant des édifices gouvernementaux et des représentants spécifiques.”
Les documents judiciaires dévoilés durant l’audience de quatre jours indiquent que les autorités surveillaient le groupe depuis plus de huit mois par l’entremise des opérations intégrées de sécurité nationale du Canada. Les preuves numériques récupérées des appareils des suspects contenaient apparemment des manifestes détaillant leurs griefs contre les politiques d’immigration et ce qu’ils appelaient “l’abus de pouvoir gouvernemental”.
L’avocate de la défense Claire Deschênes a contesté la caractérisation de la poursuite, soutenant que bien que les opinions idéologiques de ses clients puissent être controversées, “la Couronne a fondamentalement mal interprété des discussions privées comme étant une planification concrète.” Elle a souligné qu’aucune attaque réelle n’a eu lieu et a remis en question la fiabilité des informateurs confidentiels au cœur de l’enquête.
L’affaire a intensifié le débat sur l’extrémisme intérieur dans les cercles politiques canadiens, les experts en sécurité notant une augmentation inquiétante de l’extrémisme violent à motivation idéologique à l’échelle nationale. Un récent rapport du SCRS a identifié une augmentation de 47% des enquêtes liées à de telles menaces depuis 2022.
“Ce que nous observons n’est pas isolé au Québec,” a expliqué Dr Marie-Ève Bourgeois, chercheuse en terrorisme à l’Université Laval. “Ces cas reflètent des tendances de polarisation plus larges qui se produisent dans toutes les démocraties occidentales, où des éléments marginaux considèrent de plus en plus la violence comme une expression politique légitime.”
Les arrestations ont particulièrement résonné à Québec, où les souvenirs de la fusillade de la mosquée de 2017 demeurent vifs. Les leaders communautaires ont appelé à des approches équilibrées en matière de sécurité qui s’attaquent aux menaces légitimes sans stigmatiser la dissidence politique.
S’ils sont reconnus coupables, les accusés risquent des peines potentielles d’emprisonnement à perpétuité en vertu de la Loi antiterroriste du Canada. Leur équipe juridique a signalé son intention de contester la constitutionnalité de certaines méthodes de surveillance utilisées pendant l’enquête.
Alors que la juge Beaulieu prépare sa décision, l’affaire souligne les défis sécuritaires évolutifs auxquels les autorités canadiennes font face : comment une société démocratique peut-elle efficacement contrer les menaces extrémistes tout en préservant les libertés fondamentales sur lesquelles cette même démocratie repose?