Les images bouleversantes de six otages israéliens gravement émaciés, secourus à Gaza ce week-end, ont provoqué une onde de choc dans la société israélienne. Elles ont ravivé les appels adressés au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour qu’il priorise un accord de cessez-le-feu qui garantirait la libération des captifs restants. Cette opération de sauvetage dramatique, bien qu’ayant réussi à récupérer ces six personnes vivantes, a exposé les conditions terribles endurées par ceux encore détenus par le Hamas depuis le 7 octobre.
Les professionnels de santé du Centre médical Sheba, près de Tel Aviv, ont rapporté que les otages secourus—Noa Argamani (25 ans), Almog Meir Jan (21 ans), Andrey Kozlov (27 ans), Shlomi Ziv (40 ans), Sahar Baruch (24 ans) et Amit Buskila (28 ans)—souffraient de malnutrition sévère et d’une perte de poids significative, certains ayant perdu jusqu’à 40 % de leur masse corporelle. Dr. Itai Pessach, qui soigne les otages libérés, a décrit leur état comme “le pire cas de famine prolongée que j’ai vu dans ma carrière.”
“Ces personnes ont été soumises à une négligence physique extrême,” a déclaré le Dr. Pessach aux journalistes. “Leurs corps montrent des signes de malnutrition prolongée, compatible avec des mois d’apport alimentaire inadéquat et de mauvaises conditions de vie.”
L’opération de sauvetage, menée dans le camp de réfugiés de Nuseirat au centre de Gaza, représente l’une des missions de récupération d’otages les plus réussies d’Israël depuis le début du conflit. Cependant, elle a simultanément mis en lumière la situation de plus en plus désespérée d’environ 120 otages toujours détenus à Gaza, dont environ 40 ne seraient plus en vie selon les responsables israéliens.
Les familles des otages ont intensifié leurs manifestations, avec des milliers de personnes rassemblées sur la “Place des Otages” à Tel Aviv samedi soir. Einav Zangauker, dont le fils reste en captivité, s’est adressée à la foule avec une émotion palpable : “Combien d’otages devront encore revenir au bord de la mort ou dans des sacs mortuaires avant que ce gouvernement n’agisse de façon décisive pour un accord ?”
La réaction du public israélien à ces images a été viscérale. Un sondage CO24 réalisé hier indique que 72% des Israéliens soutiennent désormais la priorité d’un accord sur les otages, même si cela signifie compromettre d’autres objectifs militaires à Gaza. Cela représente un changement significatif dans l’opinion publique depuis janvier, quand des sondages similaires montraient des opinions plus divisées.
Netanyahu fait face à une pression politique croissante alors que le chef de l’opposition Yair Lapid a qualifié ces images de “preuves accablantes de l’échec du gouvernement”, tandis que le ministre de la Défense Yoav Gallant a publiquement déclaré que “l’état des otages exige une action immédiate sur le cadre du cessez-le-feu.”
La catastrophe humanitaire s’étend au-delà des otages. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 37 000 Palestiniens sont morts depuis le début du conflit, avec des conditions de famine émergentes dans une grande partie du territoire. Les Nations Unies ont averti à plusieurs reprises d’une “faim catastrophique” affectant la population civile de Gaza, particulièrement les enfants.
Les médiateurs internationaux du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis continuent de travailler à un accord en trois phases qui inclurait la libération d’otages, une aide humanitaire accrue et une cessation éventuelle des hostilités. Le secrétaire d’État Antony Blinken devrait retourner dans la région cette semaine pour ce que les responsables américains décrivent comme des négociations “potentiellement décisives”.
Le Hamas, de son côté, a publié une déclaration par l’intermédiaire de son porte-parole Abu Obeida affirmant que l’état des otages reflète la “situation humanitaire globale à Gaza” et a insisté sur le fait que seul un cessez-le-feu complet conduira à leur libération.
Les images de ces six otages—décharnés, fragiles et traumatisés—ont cristallisé le coût humain de ce conflit prolongé pour de nombreux Israéliens. Comme l’a noté un analyste de CO24 : “Ce ne sont pas simplement des pions politiques; ce sont des fils, des filles, des pères et des mères dont la vie est en jeu chaque jour qui passe.”
Alors que la pression s’accroît de tous côtés, la question fondamentale demeure : ces images bouleversantes vont-elles enfin contraindre aux compromis nécessaires pour mettre fin à la souffrance des otages et des civils, ou les calculs politiques continueront-ils à primer sur les impératifs humanitaires dans ce conflit dévastateur?