La politique commerciale du Canada évolue : Carney cherche de nouveaux partenaires face aux tensions avec les États-Unis

Olivia Carter
6 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

Dans ce que les analystes qualifient de pivot décisif dans la stratégie commerciale internationale du Canada, le ministre des Finances Mark Carney a dévoilé hier un plan ambitieux visant à diversifier les partenariats économiques de la nation au-delà de sa dépendance traditionnelle envers les États-Unis. S’exprimant depuis le Théâtre national de la presse à Ottawa, l’annonce de Carney survient dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec le voisin du sud et signale une potentielle réorientation de l’avenir économique du pays.

“Bien que les États-Unis demeurent notre partenaire commercial le plus important, les développements récents ont clairement montré que le Canada doit établir des relations commerciales plus solides à travers le monde”, a déclaré Carney, faisant référence à la série de tarifs punitifs imposés par Washington au cours des dix-huit derniers mois. “La résilience économique exige de multiples voies vers la prospérité.

La stratégie globale vise une croissance accélérée des échanges avec l’Union européenne, en améliorant l’efficacité de l’Accord économique et commercial global (AECG) qui n’a pas répondu aux projections initiales depuis sa mise en œuvre. Les données de Statistique Canada montrent que malgré les promesses de l’AECG, le commerce UE-Canada n’a augmenté que de 8,3 % depuis l’entrée en vigueur de l’accord — bien en dessous de la croissance de 20 % prévue par les économistes.

Plus remarquable encore est l’accent mis par le plan sur l’approfondissement de l’intégration économique avec les économies en développement rapide de l’Indo-Pacifique. Le ministère des Finances prévoit que le commerce avec cette région pourrait doubler en cinq ans dans le cadre du nouveau programme, créant potentiellement plus de 125 000 emplois dans les secteurs manufacturier et des services au Canada.

“Il ne s’agit pas d’abandonner notre partenariat américain, mais plutôt de construire des fondations supplémentaires pour la prospérité canadienne”, a expliqué Dr. Elise Chen, directrice des études sur le commerce international à l’Université de Toronto. “Les données montrent clairement que les nations avec des portefeuilles commerciaux diversifiés ont mieux résisté aux perturbations économiques de l’ère pandémique.”

Ce changement de politique survient à un moment particulièrement tendu dans les relations canado-américaines. Le mois dernier, Washington a élargi les tarifs sur l’aluminium qui couvrent désormais près de 70 % des exportations canadiennes dans ce secteur, portant un coup de 3,8 milliards de dollars annuels aux producteurs canadiens. L’administration Biden a défendu ces mesures comme des protections nécessaires pour les travailleurs américains, tandis qu’Ottawa les a constamment qualifiées de violations des dispositions de l’ACEUM.

L’annonce la plus surprenante a été celle d’un fonds de transition dédié de 2,7 milliards de dollars pour aider les entreprises canadiennes auparavant dépendantes des marchés américains à se reconvertir pour de nouvelles opportunités internationales. Le programme comprend des subventions spécialisées pour le développement des exportations, des subventions logistiques et une assistance à la navigation réglementaire.

Les leaders d’entreprises à travers le Canada ont réagi avec un optimisme prudent. “Nous plaidons pour ce type de pivot stratégique depuis des années”, a remarqué Jasmine Wong, présidente de l’Association des manufacturiers et exportateurs canadiens. “Le calendrier de mise en œuvre est agressif, mais s’il est correctement exécuté, cela pourrait représenter la réorientation la plus significative de notre politique commerciale depuis l’ALENA.”

Toutes les réactions n’ont cependant pas été positives. Les critiques de l’opposition ont remis en question si une consultation suffisante avait eu lieu avec les industries qui pourraient faire face à des perturbations. Le critique financier conservateur Pierre Poilievre a qualifié le plan de “provocation téméraire envers notre plus grand partenaire commercial tout en poursuivant des opportunités incertaines ailleurs.”

Les experts en politique commerciale notent que le succès de la stratégie de Carney dépend fortement de la réponse des États-Unis. “Le marché américain représente 76 % des exportations canadiennes”, souligne Martin Dubois, professeur d’économie internationale à l’Université McGill. “Même la diversification la plus ambitieuse ne peut rapidement remplacer cette relation si elle se détériore davantage.”

L’annonce coïncide avec l’émergence de données montrant que les entreprises canadiennes commencent déjà à détourner leurs chaînes d’approvisionnement des États-Unis. Une récente enquête de la Chambre de commerce du Canada a révélé que 47 % des entreprises orientées vers l’exportation ont réduit leur dépendance aux marchés américains au cours des deux dernières années — un changement frappant par rapport aux tendances historiques.

Alors que les modèles commerciaux mondiaux continuent d’évoluer, la question demeure de savoir si l’audacieux changement de politique du Canada représente une assurance économique prudente ou un pari potentiellement coûteux. Les entreprises canadiennes réussiront-elles à naviguer dans cette transition, ou la recherche de nouveaux partenaires risque-t-elle d’endommager une relation qui a défini le commerce nord-américain depuis des générations?

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *