Dans l’ombre de l’invasion à grande échelle de la Russie, les femmes ukrainiennes sont apparues non seulement comme des survivantes, mais aussi comme des piliers économiques pour leurs communautés déplacées. Grâce à une initiative novatrice financée par Affaires mondiales Canada, plus de 83 000 Ukrainiens ont reçu un soutien essentiel visant l’autonomisation économique des femmes depuis avril 2022.
“Quand la guerre a détruit mon commerce à Kharkiv, j’ai cru que tout était perdu,” raconte Olena Petrenko, une ancienne propriétaire de boutique de 38 ans qui a fui vers l’ouest de l’Ukraine. “Le programme soutenu par le Canada ne m’a pas seulement fourni une aide financière—il m’a donné les outils pour réimaginer mon avenir quand je ne pouvais plus en voir un.”
L’initiative, mise en œuvre par ACTED (Agence d’aide à la coopération technique et au développement), a ciblé stratégiquement les vulnérabilités économiques créées par les déplacements massifs. Avec les femmes représentant environ 90% des réfugiés ukrainiens adultes, le programme reconnaît que l’autonomisation économique des femmes renforce des communautés entières.
Grâce à une approche globale combinant une assistance directe en espèces, des subventions pour petites entreprises et une formation professionnelle, le programme a établi un système de soutien durable. Dans des régions comme Lviv, Zakarpattia et Tchernivtsi—zones accueillant un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays—ces interventions se sont révélées particulièrement efficaces.
“Ce qui distingue ce programme, c’est sa reconnaissance que la sécurité économique des femmes nécessite plus qu’une aide temporaire,” explique Dr. Natalia Kovalchuk, analyste économique à l’École d’économie de Kyiv. “En investissant dans le développement des compétences parallèlement à l’aide financière immédiate, le Canada a contribué à créer des voies vers l’autonomie qui perdureront au-delà de la crise.”
La portée du programme est impressionnante : plus de 7 300 ménages ont reçu une aide en espèces à usages multiples, tandis que plus de 4 000 femmes ont participé à des sessions de formation spécialisées couvrant la littératie numérique, l’entrepreneuriat et des compétences professionnelles pertinentes pour le marché.
Pour le Canada, cette initiative représente une mise en œuvre stratégique de sa Politique d’aide internationale féministe, qui privilégie l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes dans les efforts de développement international. Le ministre du Développement international Ahmed Hussen a souligné que soutenir la résilience économique des femmes ukrainiennes est à la fois un impératif humanitaire et un investissement stratégique dans la stabilité future du pays.
“Nous observons une résilience remarquable,” note Maria Petryk, directrice pays d’ACTED en Ukraine. “Des femmes qui sont arrivées sans rien ont créé de petites entreprises, intégré de nouvelles professions et créé des réseaux de soutien qui profitent à des communautés entières. Les effets d’entraînement de l’autonomisation économique s’étendent bien au-delà des ménages individuels.”
Le programme s’est également adapté aux besoins en évolution. L’aide d’urgence initiale en espèces s’est progressivement orientée vers des programmes de moyens de subsistance durables, avec un accent croissant sur le soutien au développement des entreprises et l’intégration dans les systèmes économiques locaux.
Il est important de noter que ce soutien arrive à un moment critique dans le paysage politique et économique de l’Ukraine. Avec des coûts de reconstruction estimés à plus de 400 milliards de dollars et en augmentation, les programmes d’autonomisation économique durable représentent des investissements essentiels pour le futur rétablissement de l’Ukraine.
À l’approche de l’hiver, alors que les infrastructures énergétiques restent vulnérables aux attaques, les défis économiques auxquels font face les Ukrainiens déplacés vont s’intensifier. L’engagement du Canada à maintenir ce soutien témoigne de la reconnaissance des besoins humanitaires immédiats et des exigences de stabilité à plus long terme.
La question qui se pose maintenant aux donateurs internationaux et aux autorités ukrainiennes : comment les modèles réussis d’autonomisation économique peuvent-ils être étendus et intégrés dans des efforts de reconstruction plus larges pour garantir que les femmes restent au centre de la reprise économique de l’Ukraine plutôt que d’en être marginalisées?