Le ciel de l’est du Nouveau-Brunswick reste enveloppé d’une fumée inquiétante alors que plusieurs incendies de forêt continuent de faire rage sans contrôle à travers la province, forçant des centaines de personnes à quitter leur foyer et mettant à rude épreuve les ressources d’urgence. Ce qui a commencé comme des incidents isolés s’est transformé en une opération coordonnée de réponse à la crise s’étendant de Miramichi jusqu’aux abords de Moncton.
“Nous faisons face à un défi sans précédent avec plusieurs feux actifs dans des conditions météorologiques extrêmes,” a déclaré Roger Colbourne, Coordinateur provincial des incendies, lors du point d’information d’urgence d’hier. “La combinaison de conditions anormalement sèches, de vents forts et d’un terrain difficile crée la tempête parfaite pour la propagation des incendies.”
Le plus grand brasier, situé à environ 30 kilomètres au nord-ouest de Miramichi, a dévoré plus de 6 000 hectares de forêt et continue de s’étendre malgré les efforts concentrés de suppression aérienne. Les autorités provinciales ont déployé tous les avions-citernes et hélicoptères disponibles pour combattre les flammes, avec des ressources supplémentaires demandées aux provinces voisines.
Dans la région de Moncton, un incendie distinct s’est déclaré mardi après-midi près du parc naturel d’Irishtown, provoquant l’évacuation immédiate des communautés résidentielles avoisinantes. Bien que plus petit avec environ 200 hectares, ce feu représente une menace directe pour les zones habitées et les infrastructures critiques.
L’impact humain s’aggrave à mesure que les ordres d’évacuation s’étendent. La Croix-Rouge canadienne a établi des refuges d’urgence à l’école intermédiaire de Miramichi et au Colisée de Moncton, hébergeant actuellement environ 350 résidents déplacés. De nombreux évacués font face à des délais incertains pour rentrer chez eux.
“Nous sommes partis avec seulement les vêtements que nous portions et nos animaux de compagnie,” a confié Margaret Donahue, qui a fui sa maison près de Nelson-Miramichi. “Le plus difficile est de ne pas savoir si nous aurons quelque chose à retrouver.”
Les autorités provinciales ont institué une interdiction complète de feux extérieurs à travers le Nouveau-Brunswick et restreint l’accès aux terres de la Couronne dans les régions touchées. Les agents de conservation patrouillent les zones d’évacuation pour prévenir les pillages et assurer le respect des ordres d’évacuation.
L’Organisation des mesures d’urgence du Nouveau-Brunswick prévient que les conditions pourraient se détériorer avant de s’améliorer, les prévisions météorologiques annonçant des conditions sèches continues avec des vents changeants durant la fin de semaine. Le premier ministre Blaine Higgs a demandé l’aide fédérale, y compris le déploiement possible de personnel des Forces armées canadiennes pour soutenir les opérations de lutte contre les incendies.
Les responsables de la santé environnementale ont émis des avertissements sur la qualité de l’air pour les communautés de l’est du Nouveau-Brunswick, conseillant aux résidents de limiter les activités extérieures et de garder les fenêtres fermées. Les populations particulièrement vulnérables, notamment celles souffrant de problèmes respiratoires, sont invitées à prendre des précautions supplémentaires.
Le gouvernement provincial a établi un fonds de secours d’urgence pour aider les résidents touchés, avec un financement initial de 2 millions de dollars alloué aux besoins immédiats. Les autorités ont activé une ligne d’information d’urgence (1-800-561-4034) pour les résidents cherchant des mises à jour ou signalant de nouveaux incendies.
Ces feux de forêt représentent l’urgence d’incendie forestier la plus importante dans la province depuis 2017, quand plusieurs feux menaçaient des communautés dans le centre du Nouveau-Brunswick. Les climatologues considèrent cet événement comme cohérent avec les modèles prédits d’incendies de forêt de plus en plus graves et fréquents dans les provinces de l’est du Canada en raison des changements climatiques.
Alors que les pompiers épuisés poursuivent leur lutte jour et nuit contre les flammes, une question importante se pose pour les résidents du Nouveau-Brunswick : cette intense activité d’incendies de forêt devient-elle notre nouvelle normalité, et si oui, comment nos systèmes provinciaux d’intervention d’urgence doivent-ils évoluer pour faire face à cette menace croissante?