Impact du changement climatique sur les petites entreprises au Canada

Olivia Carter
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Dans les ruelles tranquilles de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, James Whynacht, poissonnier de troisième génération, a vu les eaux de l’Atlantique se transformer sous ses yeux. “Il y a vingt ans, on pouvait prédire les saisons. Maintenant?” Il fait un geste vers les bacs vides où le homard de l’Atlantique devrait abonder. “La nature est devenue imprévisible, et mon commerce en paie le prix.”

Whynacht représente des milliers de propriétaires de petites entreprises à travers le Canada qui sont aux prises avec le coût économique croissant du changement climatique. Un nouveau rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) révèle que 68% des petites entreprises ont connu des perturbations liées au climat au cours des cinq dernières années, avec des impacts financiers moyens de 38 000 $ par année pour chaque entreprise touchée.

“Nous sommes témoins d’une crise économique silencieuse,” explique Dr. Miranda Chen, économiste environnementale à l’Université de Toronto. “Alors que les grandes entreprises peuvent absorber les chocs climatiques grâce à la diversification et aux réserves, les petites entreprises manquent souvent de ces tampons, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux événements météorologiques extrêmes, aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement et aux changements des habitudes de consommation.”

La vulnérabilité varie considérablement selon les régions. En Colombie-Britannique, les saisons des feux de forêt se sont étendues de semaines à mois, dévastant les opérateurs touristiques dans les communautés intérieures. Selon l’analyse de CO24 Business, les réservations d’hébergement ont diminué de 43% pendant la saison des feux de forêt de 2023 dans les régions touchées, poussant près de 200 petits opérateurs au bord de la fermeture.

Pendant ce temps, dans les Prairies, des conditions de sécheresse sans précédent ont créé des effets d’entraînement au-delà de l’agriculture. “Quand les fermes souffrent, c’est toute l’économie rurale qui souffre,” note Thomas Rempel, directeur de l’Association des petites entreprises de l’Alberta. “La quincaillerie, le café, le mécanicien local—tous ressentent le pincement lorsque la production agricole diminue.”

Les entreprises urbaines font face à des pressions climatiques différentes mais tout aussi difficiles. Maria Delgado, propriétaire d’un restaurant à Toronto, a vu ses primes d’assurance tripler après que des inondations aient endommagé son espace de stockage en sous-sol deux fois en trois ans. “Les institutions financières nous considèrent maintenant comme à haut risque,” a-t-elle confié à CO24 Canada News. “Entre l’assurance plus élevée et le coût de la protection contre les inondations, nous envisageons plus de 75 000 $ en dépenses liées au climat qui n’étaient pas dans notre plan d’affaires.”

Ce qui rend le changement climatique particulièrement insidieux pour les petites entreprises, c’est sa nature systémique. Les chaînes d’approvisionnement méticuleusement construites au fil des décennies se défont à mesure que les impacts climatiques se propagent mondialement. Sarah MacIntyre, propriétaire d’une boutique à Halifax, s’approvisionne en produits artisanaux d’Asie du Sud-Est. “Trois de mes fournisseurs ont définitivement fermé après que des typhons aient détruit leurs ateliers,” explique-t-elle. “Ce ne sont pas seulement des relations d’affaires—ce sont des artisans irremplaçables avec des générations de savoir-faire.”

Le gouvernement fédéral a répondu avec le Fonds d’adaptation au climat pour les petites entreprises, allouant 220 millions de dollars sur quatre ans pour aider les entreprises à mettre en œuvre des mesures de résilience. Cependant, les défenseurs de l’industrie soutiennent que cela ne fait qu’effleurer la surface du soutien nécessaire. “Le processus de demande est lourd, et le financement ne couvre qu’une fraction des coûts réels d’adaptation,” déclare Katherine Cuplinskas, présidente de la FCEI.

Certaines entreprises trouvent des voies innovantes pour avancer. À Winnipeg, l’entreprise d’aménagement paysager Green Horizon s’est entièrement tournée vers des conceptions résistantes au climat, installant des surfaces perméables et des plantes indigènes résistantes à la sécheresse. “Nous avons transformé le défi climatique en opportunité de marché,” dit le fondateur Wei Zhang. “Nos revenus ont augmenté de 35% depuis que nous nous sommes spécialisés dans l’adaptation climatique.”

Le secteur financier s’éveille lentement à ces réalités. Cinq grandes banques canadiennes ont lancé des programmes de prêts spécialisés pour la résilience climatique des petites entreprises, offrant des conditions favorables pour les investissements dans l’infrastructure d’adaptation. Le Programme d’entreprise prête pour le climat de la Banque Royale a financé plus de 300 projets depuis son lancement en 2023, se concentrant particulièrement sur les entreprises dans les zones à haute vulnérabilité identifiées par une modélisation climatique avancée.

Comme l’a souligné le reportage de CO24 Politics, les réponses provinciales varient considérablement. La Colombie-Britannique est en tête avec des directives complètes de préparation au climat pour les petites entreprises et des incitations fiscales pour les investissements d’adaptation, tandis que certaines provinces des Prairies ont été critiquées pour leur action insuffisante malgré les graves impacts climatiques auxquels elles font face.

Le tableau qui se dessine montre que le changement climatique n’est pas seulement une crise environnementale, mais un défi fondamental de transformation des entreprises. Pour les petites entreprises—l’épine dorsale des économies locales—la question devient de plus en plus existentielle: s’adapter rapidement ou risquer de rejoindre les statistiques croissantes des fermetures liées au climat.

À l’approche de l’hiver, le poissonnier de Lunenburg, Whynacht, investit dans des systèmes de conservation à température contrôlée et diversifie son offre de fruits de mer pour inclure des espèces qui se déplacent vers le nord avec le réchauffement des eaux. “Mon grand-père m’a enseigné les traditions de la pêche, mais il n’a pas pu m’apprendre comment gérer une entreprise quand l’océan lui-même change,” réfléchit-il. “Nous écrivons les nouvelles règles au fur et à mesure.”

Reste à voir si les institutions économiques et les cadres politiques du Canada peuvent évoluer assez rapidement pour soutenir les petites entreprises à travers cette transition sans précédent, ou si nous assistons au début d’une restructuration profonde et potentiellement irréversible de nos paysages économiques locaux.

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