Dans une décision qui secoue la communauté juridique manitobaine, Guido Amsel, l’homme condamné pour une série d’attentats par colis piégés ayant blessé une avocate de Winnipeg en 2015, s’est vu refuser une nouvelle fois sa libération conditionnelle par la Commission des libérations conditionnelles du Canada. La décision, rendue publique mardi, cite “la minimisation persistante de sa responsabilité” et “le risque élevé de récidive violente” comme éléments centraux de cette décision unanime.
L’affaire, qui avait bouleversé le Canada il y a près d’une décennie, impliquait des engins explosifs camouflés en colis ordinaires envoyés à l’ex-femme d’Amsel et à deux cabinets d’avocats. Maria Mitousis, une avocate familiale de 38 ans qui avait représenté l’ex-femme d’Amsel lors de leur procédure de divorce, a subi des blessures dévastatrices lorsqu’un des colis a explosé dans ses mains, entraînant la perte de sa main droite et de graves blessures au visage, à la poitrine et à la cuisse.
“La nature calculée de ces attaques représente l’un des cas de violence ciblée les plus alarmants de l’histoire récente du Manitoba,” a déclaré la procureure de la Couronne Sandra Petersson, qui s’est entretenue avec CO24 après l’annonce. “Il ne s’agissait pas d’un acte impulsif—c’étaient des attaques méthodiquement planifiées contre des professionnels du droit spécifiques et son ancienne conjointe.”
Lors de son procès en 2018, les preuves présentées ont révélé la préparation minutieuse d’Amsel, incluant l’achat de matériaux dans plusieurs endroits pour éviter d’être repéré et la fabrication de bombes conçues pour maximiser les dommages. Il a finalement été reconnu coupable de quatre chefs de tentative de meurtre et de nombreuses accusations liées aux explosifs, recevant une peine d’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans.
La décision de 15 pages de la Commission souligne des comportements troublants d’Amsel durant son incarcération. Selon le psychologue correctionnel Dr. James Henshaw, Amsel a “systématiquement refusé de participer à son programme pour délinquants violents” et continue de maintenir ce que la Commission décrit comme “un récit alternatif” concernant ses crimes.
“M. Amsel se présente encore comme la victime d’un système judiciaire conspirationniste,” a écrit la Commission. “Son déni persistant des faits établis lors du procès démontre un manque inquiétant de prise de conscience de la gravité de ses actes.”
Mitousis, qui a depuis repris sa pratique juridique malgré ses blessures qui ont changé sa vie, a fourni une déclaration de la victime qui a pesé lourd dans la décision de la Commission. “Chaque jour, je suis rappelée à la violence perpétrée contre moi simplement pour avoir fait mon travail,” a-t-elle écrit. “Le bruit du courrier qu’on livre déclenche encore une profonde anxiété.”
Cette affaire de colis piégés a provoqué d’importants changements de sécurité dans les cabinets juridiques du Manitoba, plusieurs firmes ayant mis en place des procédures de contrôle du courrier et des protocoles de sécurité renforcés qui demeurent en vigueur aujourd’hui. Le Barreau du Manitoba a réagi au refus de libération conditionnelle par une déclaration soutenant cette décision, notant que “la sécurité des professionnels du droit qui servent l’intérêt public doit être primordiale.”
L’avocat de la défense d’Amsel, Nathan Gorham, a exprimé sa déception face à cette décision, suggérant que son client a fait “des progrès substantiels” dans sa réhabilitation. “Nous croyons que la Commission a trop mis l’accent sur les facteurs historiques tout en accordant une importance insuffisante au comportement de M. Amsel durant son incarcération,” a déclaré Gorham, indiquant qu’ils envisagent une révision judiciaire de la décision.
Les experts en justice pénale notent que les refus de libération conditionnelle dans les affaires de violence très médiatisées reflètent souvent des préoccupations sociétales plus larges, au-delà des critères individuels de réhabilitation. La professeure Elizabeth Comack du Département de sociologie de l’Université du Manitoba a confié à CO24 : “Ces décisions équilibrent plusieurs facteurs, notamment l’impact sur les victimes, la sécurité publique et l’évaluation spécifique du risque que présente le délinquant. Dans les cas qui ont choqué la conscience publique, le seuil pour démontrer une réhabilitation est naturellement plus élevé.”
Amsel sera admissible à une nouvelle demande de libération conditionnelle dans deux ans, bien que la Commission ait indiqué que toute demande future devrait démontrer “des progrès substantiels et mesurables” concernant les facteurs de risque identifiés dans leur évaluation actuelle.