Dans une démarche décisive qui témoigne des préoccupations croissantes concernant le vapotage chez les jeunes, le conseil municipal de New Westminster a approuvé à l’unanimité des contrôles plus stricts sur les détaillants de vapotage, remettant en question la surveillance provinciale que de nombreux fonctionnaires locaux considèrent comme inadéquate. Le vote du conseil lundi soir a marqué une étape importante vers la mise en œuvre de réglementations qui limiteraient l’emplacement des boutiques de vapotage dans les limites de la ville.
“La province n’en fait pas assez pour protéger nos enfants,” a déclaré le conseiller Daniel Fontaine, qui a présenté la motion. “Nous devons prendre les choses en main lorsqu’il s’agit de la proximité de ces boutiques avec les lieux fréquentés par les jeunes.”
Les réglementations proposées établiraient une zone tampon de 150 mètres entre les détaillants de vapotage et les endroits fréquentés par les jeunes, notamment les écoles, les centres communautaires et les parcs. Cette mesure de protection vise à réduire l’exposition des jeunes à ces produits, qui selon les données de Santé Canada ont connu des taux d’adoption alarmants chez les adolescents malgré les restrictions d’âge.
La frustration du conseil provient de ce qu’ils perçoivent comme une lacune réglementaire. Bien que la province ait juridiction sur les ventes de tabac et de vapotage via la Loi sur le contrôle des produits du tabac et de vapotage, de nombreuses municipalités à travers la Colombie-Britannique estiment que ces protections ne vont pas assez loin pour répondre aux préoccupations spécifiques des communautés.
“Il ne s’agit pas de diaboliser les fumeurs adultes qui utilisent le vapotage pour arrêter les cigarettes traditionnelles,” a expliqué le maire Patrick Johnstone lors de la séance du conseil. “Il s’agit d’empêcher une nouvelle génération de développer des dépendances à la nicotine grâce à des produits qui sont clairement commercialisés pour plaire aux jeunes.”
Le service d’urbanisme de la ville a été chargé de préparer un cadre réglementaire complet, qui comprendra à la fois des restrictions de zonage et des exigences en matière de licences commerciales. Cette double approche permet à la ville d’exercer un contrôle par le biais de multiples leviers politiques, créant un environnement réglementaire plus robuste.
Des représentants de l’industrie de l’Association canadienne du vapotage ont exprimé leurs préoccupations concernant les impacts économiques potentiels sur les petites entreprises. Le porte-parole de l’association, Martin Cullip, a averti qu’un “zonage trop restrictif pourrait forcer des entreprises légitimes à fermer sans rien faire pour lutter contre les produits du marché noir qui posent les plus grands risques pour la santé.”
Les experts en santé publique de la Fraser Health Authority ont toutefois approuvé l’approche du conseil. La Dre Emily Reynolds, médecin-hygiéniste régionale, note que “créer des barrières environnementales à l’accès est une stratégie éprouvée pour réduire l’adoption de substances nocives par les jeunes.”
Cette initiative réglementaire à New Westminster reflète des initiatives similaires à travers le pays alors que les municipalités sont aux prises avec la prolifération rapide des détaillants de vapotage. Toronto, Edmonton et plusieurs municipalités québécoises ont déjà mis en œuvre des restrictions d’emplacement pour les boutiques de vapotage, créant une mosaïque de réglementations qui, selon certains observateurs de l’industrie, crée des défis de conformité pour les détaillants opérant dans plusieurs juridictions.
Les implications économiques s’étendent au-delà des propriétaires de boutiques aux propriétaires de biens commerciaux. L’analyste immobilière Jennifer Wu souligne que “les locataires de commerces spécialisés comme les boutiques de vapotage signent souvent des baux à long terme. Les changements réglementaires qui forcent les relocalisations peuvent créer d’importantes perturbations du marché dans le secteur de l’immobilier commercial.”
Les réglementations de New Westminster devraient être soumises au conseil pour approbation finale dans les trois mois, après consultation publique et examen juridique. Le personnel de la ville a reçu pour instruction d’élaborer un calendrier de mise en œuvre qui équilibre les priorités de santé publique avec un accommodement raisonnable pour les entreprises existantes.
Alors que les communautés à travers le Canada naviguent dans l’équilibre complexe entre les intérêts commerciaux et les priorités de santé publique, l’approche de New Westminster pourrait servir de modèle pour d’autres municipalités cherchant à exercer un plus grand contrôle local. La question demeure: dans notre système de gouvernance fédéré, qui devrait avoir le dernier mot sur les réglementations affectant la santé communautaire – les autorités provinciales avec des mandats larges, ou les gouvernements locaux qui font directement face aux conséquences de ces politiques?