Les rouages sont déjà en marche pour l’ambitieuse refonte des infrastructures du Canada, avec le gouvernement fédéral qui a identifié plusieurs grands projets pour un développement accéléré dans le cadre de son initiative de rationalisation récemment annoncée. Loin d’exister uniquement sur papier, cette approche accélérée représente un changement significatif dans la façon dont le pays aborde le développement des infrastructures essentielles.
“Nous ne parlons pas simplement de construire—nous changeons fondamentalement la façon dont le Canada tient ses promesses en matière d’infrastructure,” a déclaré le ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités Sean Fraser lors de l’annonce d’hier dans une installation de transport en commun de Toronto. “Ces premiers projets démontrent notre engagement à réduire les formalités administratives sans compromettre les normes environnementales ou les exigences de consultation.”
Parmi la première vague de projets désignés figure la ligne de métro Ontario à Toronto, une initiative de transport en commun transformatrice conçue pour réduire la congestion dans la plus grande ville du Canada. Le pont international Gordie Howe entre Windsor et Detroit, déjà en construction mais confronté à des obstacles réglementaires, bénéficiera également de processus d’examen fédéraux accélérés.
La désignation accélérée n’introduit pas de nouveaux financements ni ne remplace les évaluations environnementales existantes. Elle établit plutôt des délais clairs pour les décisions réglementaires et crée une approche plus coordonnée entre les ministères fédéraux. Cette efficacité ciblée vise à prévenir les retards bureaucratiques qui ont historiquement affecté les grandes initiatives d’infrastructure.
Selon une analyse économique de l’Institut C.D. Howe, les retards d’infrastructure coûtent aux contribuables canadiens environ 2,7 milliards de dollars par an en augmentations de prix dues à l’inflation et en avantages économiques différés. Le directeur de la politique d’infrastructure de l’institut a noté: “Chaque mois où un projet de transport en commun ou un corridor énergétique attend des approbations représente des millions de dollars d’opportunités économiques perdues.”
Les critiques, cependant, expriment des inquiétudes quant au fait que des délais accélérés pourraient compromettre des évaluations environnementales approfondies. Les groupes de défense de l’environnement ont averti que les approbations rationalisées ne doivent pas se faire au détriment de la protection écologique ou d’une consultation significative avec les peuples autochtones.
“Nous reconnaissons l’importance du développement des infrastructures, mais les processus précipités mènent historiquement à des impacts négligés,” a déclaré Claire Thompson d’Environnement Vigilant Canada. “La véritable mesure du succès sera de voir si ces projets peuvent offrir à la fois efficacité et développement responsable.”
L’initiative accélérée émerge dans un contexte de demandes croissantes en infrastructures à travers le Canada. Des pénuries de logements aux réseaux de transport vieillissants, le pays fait face à des défis multiformes nécessitant des investissements en capital importants et une coordination réglementaire.
Les observateurs de l’industrie notent que cette approche reflète des modèles réussis en Australie et en Allemagne, où les projets désignés reçoivent une attention prioritaire tout en maintenant les normes réglementaires. L’Association canadienne de la construction a exprimé un optimisme prudent, soulignant que des délais prévisibles permettent une meilleure planification de projet et allocation des ressources.
Au-delà des projets initialement désignés, le gouvernement a indiqué que d’autres initiatives dans les secteurs de l’énergie, du transport et du logement seront annoncées pour une considération accélérée dans les mois à venir. Un processus de sélection transparent évaluera les projets en fonction de leur importance nationale, leur impact économique et leur alignement avec les objectifs climatiques.
Alors que le Canada navigue dans cette accélération des infrastructures, la question fondamentale demeure: pouvons-nous construire à la fois rapidement et de manière responsable? Le succès de ces premiers projets accélérés pourrait bien déterminer si cela représente une véritable évolution dans l’approche du Canada en matière de construction nationale ou simplement une autre annonce politique en quête de résultats.