Les feux de forêt dévastateurs qui ont ravagé le Canada en 2023 ont laissé plus que des forêts calcinées dans leur sillage. Selon une nouvelle étude révolutionnaire publiée dans la revue Nature, la fumée qui s’est propagée au-delà des frontières internationales aurait contribué à des milliers de décès prématurés dans le monde entier, révélant les conséquences sanitaires considérables de ce qui était déjà considéré comme la pire saison d’incendies forestiers de l’histoire canadienne.
Les chercheurs estiment que l’exposition à la fumée des feux de forêt canadiens aurait entraîné environ 67 000 décès prématurés dans le monde l’année dernière, dont plus de 4 000 au Canada même. Cette étude marque la première tentative exhaustive de quantifier l’impact mortel international de la fumée d’incendie qui a voyagé des milliers de kilomètres au-delà des brasiers eux-mêmes.
“Ce que nous observons est un rappel inquiétant que les catastrophes environnementales ne respectent plus les frontières nationales”, a déclaré Dr. Amelia Sorenson, chercheuse principale à l’Institut mondial de la qualité de l’air, qui n’a pas participé à l’étude mais a examiné ses conclusions. “Les particules issues de ces incendies ont traversé des continents, affectant des populations vulnérables loin de leur source.”
L’équipe de recherche a utilisé des systèmes sophistiqués de surveillance de la qualité de l’air et des modèles d’impact sanitaire pour suivre le mouvement des particules fines (PM2.5) – des particules microscopiques de pollution qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons et entrer dans la circulation sanguine. Ces particules sont particulièrement dangereuses pour les personnes souffrant de problèmes respiratoires préexistants, les personnes âgées et les jeunes enfants.
L’un des constats les plus préoccupants de l’étude est qu’environ 40% des décès attribués se sont produits aux États-Unis, où d’épais panaches de fumée ont déclenché des alertes de qualité de l’air dans des grandes villes, de New York à Chicago. Les villes de la côte est ont connu certains des pires indices de qualité de l’air depuis des décennies, avec des images saisissantes de ciels teintés d’orange faisant la une des médias du monde entier.
“Ces résultats concordent avec ce que nous avons observé dans les services d’urgence”, a souligné Dr. James Wilkinson, pneumologue à l’Hôpital général de Toronto. “Pendant les jours de forte fumée, nous avons constaté des augmentations significatives de patients présentant des détresses respiratoires, des crises d’asthme et des problèmes cardiovasculaires – particulièrement chez les populations vulnérables.”
L’impact économique a été tout aussi important. L’étude estime que les coûts de soins de santé et la perte de productivité liés à l’exposition à la fumée ont dépassé 8,3 milliards de dollars en Amérique du Nord seulement. Ce chiffre ne tient pas compte des coûts directs de lutte contre les incendies ou des dommages matériels causés par les feux eux-mêmes.
Le gouvernement canadien a répondu à ces conclusions en annonçant un investissement de 75 millions de dollars dans des systèmes avancés de surveillance de la qualité de l’air et des protocoles d’intervention en santé publique. Lors d’une conférence de presse à Ottawa, le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a reconnu la gravité de la situation : “Cette recherche souligne la nécessité de disposer à la fois de capacités d’intervention immédiate et de stratégies d’action climatique à long terme.”
Les climatologues avertissent depuis longtemps que les saisons des feux de forêt deviendraient plus intenses et prolongées à mesure que les températures mondiales augmentent. La saison des feux de forêt canadienne de 2023 a brûlé plus de 18,5 millions d’hectares – plus du double du record précédent – et a forcé l’évacuation de dizaines de milliers de résidents dans plusieurs provinces.
Les responsables de la santé élaborent maintenant des protocoles de sécurité publique améliorés pour les futurs épisodes d’incendies, notamment des systèmes d’alerte précoce plus performants et des directives plus claires pour les populations vulnérables. Pendant ce temps, les agences environnementales réclament une coopération internationale plus solide sur les stratégies d’atténuation du changement climatique.
Alors que les feux de forêt continuent de s’intensifier mondialement en raison du changement climatique, la question demeure : comment les nations aborderont-elles collectivement cette menace croissante qui transcende clairement les frontières, affectant la santé publique à l’échelle internationale?
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