L’avenir des plastiques à usage unique à Edmonton est devenu un enjeu central dans la course à la mairie de la ville, les candidats adoptant des positions nettement divergentes lors du débat animé de mardi. Alors qu’Edmonton fait face aux implications de son règlement d’interdiction du plastique récemment mis en œuvre, les électeurs assistent à un affrontement fondamental de valeurs concernant la protection de l’environnement, les intérêts commerciaux et la gouvernance municipale.
“Il ne s’agit pas seulement de pailles ou de sacs d’épicerie,” a déclaré le maire sortant Amarjeet Sohi, défendant la position progressiste de la ville en matière de politique environnementale. “Il s’agit d’Edmonton qui prend des mesures concrètes contre le changement climatique pendant que d’autres paliers de gouvernement continuent de tergiverser.” Sohi s’est positionné comme le gardien de l’environnement dans cette course, soulignant que le règlement représente l’engagement d’Edmonton envers la durabilité et la réduction des déchets.
Le règlement controversé, entré en vigueur en juillet, interdit aux entreprises de fournir aux clients des sacs d’épicerie, des gobelets et des ustensiles en plastique à usage unique. Il représente l’une des initiatives municipales de réduction du plastique les plus complètes au Canada, plaçant Edmonton parmi les villes comme Vancouver et Montréal qui ont mis en œuvre des restrictions similaires.
La candidate Cheryll Watson a adopté une approche nettement différente, appelant à une annulation immédiate de l’interdiction. “Cette politique illustre parfaitement l’ingérence excessive du gouvernement,” a soutenu Watson, citant les préoccupations des propriétaires de petites entreprises qui signalent une augmentation des coûts et la frustration des clients. “Nous avons imposé à nos entreprises locales un obstacle réglementaire supplémentaire pendant une période économique déjà difficile.”
Ce débat reflète les tensions plus larges à travers le Canada concernant les réglementations environnementales. Des recherches de la Chambre de commerce d’Edmonton indiquent que 68 % des entreprises touchées signalent une augmentation des coûts opérationnels depuis la mise en œuvre du règlement, avec une augmentation moyenne des coûts de 12 %. Ces chiffres sont devenus des munitions pour les candidats qui s’opposent à la mesure.
Kim Krushell, se positionnant comme une voix modérée dans la course, a proposé une approche de compromis. “Les objectifs environnementaux sont louables, mais la mise en œuvre est importante,” a déclaré Krushell. “Nous devons faire une pause, consulter plus rigoureusement les entreprises et envisager une approche progressive qui donne à notre économie locale le temps de s’adapter.”
Les défenseurs de l’environnement maintiennent que les coûts de l’inaction dépassent de loin les ajustements économiques à court terme. La Coalition pour la durabilité d’Edmonton a publié des données montrant qu’avant l’interdiction, environ 200 millions d’articles en plastique à usage unique étaient jetés annuellement dans la ville, avec moins de 9 % recyclés avec succès.
Cette question a divisé les électeurs selon les générations. Un sondage mené par Urban Affairs Research montre un soutien de 72 % parmi les électeurs de moins de 35 ans, tandis que seulement 44 % des plus de 55 ans approuvent la mesure. Ces données démographiques pourraient s’avérer décisives dans ce que les analystes prévoient être une élection serrée.
“Ce que nous voyons à Edmonton reflète la tension plus large dans la politique environnementale à travers l’Amérique du Nord,” explique Dr. Marina Ramirez, professeure de politique environnementale à l’Université de l’Alberta. “Les villes deviennent de plus en plus la ligne de front pour l’action climatique lorsque les gouvernements fédéral et provinciaux agissent trop lentement.”
Jaspreet Singh, propriétaire de trois dépanneurs dans la ville, a exprimé sa frustration face au débat polarisé. “Aucun des deux côtés ne semble reconnaître les réalités pratiques auxquelles nous sommes confrontés. Les clients veulent de la commodité, mais ils se soucient aussi de l’environnement. Il doit y avoir un juste milieu qui ne nous oblige pas à choisir entre notre planète et nos moyens de subsistance.”
À l’approche du jour du scrutin, le débat sur les plastiques à usage unique est devenu un indicateur de questions plus larges concernant l’identité d’Edmonton et son orientation future. La ville privilégiera-t-elle le leadership environnemental même lorsqu’il nécessite un ajustement économique, ou les préoccupations commerciales prendront-elles le dessus? La réponse pourrait bien déterminer qui siégera au bureau du maire lors du prochain mandat.
Dans la balance se trouve non seulement une politique municipale, mais une question fondamentale pour les électeurs: à l’ère de l’urgence climatique, comment concilier les impératifs environnementaux avec les réalités économiques dans nos villes?