Les promesses étincelantes de l’industrie du gaz naturel liquéfié de la Colombie-Britannique masquent une réalité financière préoccupante pour les contribuables canadiens, selon une analyse approfondie publiée mardi par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA). Le programme élargi de subventions du gouvernement fédéral pour le secteur du GNL de la Colombie-Britannique, annoncé plus tôt ce mois-ci, pourrait potentiellement transférer des milliards de coûts d’entreprise aux coffres publics tout en compromettant les engagements climatiques du Canada.
“Ce que nous observons est essentiellement un transfert massif de richesse des Canadiens ordinaires vers les sociétés énergétiques,” explique Dr. Eleanor Winters, auteure principale du rapport du CCPA. “Le cadre de subventions 2025 n’est pas seulement généreux—il modifie fondamentalement qui supporte les risques financiers de ces projets d’infrastructure massifs.”
Le controversé programme de subventions, qui élargit les incitatifs précédents, introduit des déductions pour amortissement accéléré qui permettent aux développeurs de GNL de déduire 100% de certains investissements dès la première année—une augmentation significative par rapport au taux précédent de 30%. De plus, de nouveaux crédits d’impôt pour les technologies de captage du carbone pourraient compenser jusqu’à 50% des obligations fiscales carbone des entreprises.
La modélisation économique du rapport suggère que ces mesures pourraient réduire les revenus fédéraux d’environ 8,7 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, les bénéfices allant principalement à trois grands projets de GNL actuellement en développement le long de la côte de la Colombie-Britannique. Cela survient à un moment où l’examen public des subventions aux entreprises s’est intensifié en raison de l’augmentation du coût de la vie pour les Canadiens moyens.
Le gouvernement fédéral a défendu ces subventions comme nécessaires pour maintenir la compétitivité avec les marchés internationaux, particulièrement les États-Unis, qui ont considérablement élargi leurs propres capacités d’exportation de GNL. La ministre du Commerce Sophie Bernard a souligné que “ces investissements sécurisent des emplois canadiens et assurent que nos ressources atteignent les marchés mondiaux où la demande continue de croître.”
Cependant, les économistes environnementaux ont remis en question la viabilité à long terme d’un tel investissement massif dans l’infrastructure des combustibles fossiles. Les marchés énergétiques mondiaux se tournent de plus en plus vers des alternatives renouvelables, plusieurs clients potentiels de GNL, notamment le Japon et la Corée du Sud, accélérant leur propre transition loin des combustibles fossiles.
“Les calculs économiques ne tiennent tout simplement pas la route,” soutient Dr. Jason Merritt, expert en politique climatique de l’Université de la Colombie-Britannique. “Nous subventionnons des infrastructures avec une durée opérationnelle de 40 ans alors que le marché mondial pour ces produits pourrait se contracter substantiellement d’ici 15 ans. Cela laisse les Canadiens supporter le fardeau d’actifs délaissés.”
Le moment choisi pour ces subventions soulève des préoccupations supplémentaires quant à la capacité du Canada à respecter ses engagements climatiques internationaux. Le gouvernement fédéral a récemment réaffirmé son engagement à réduire les émissions de 40% sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, un objectif que l’analyse suggère être pratiquement impossible à atteindre si tous les projets de GNL actuellement subventionnés se poursuivent comme prévu.
Des documents internes obtenus par des demandes d’accès à l’information révèlent des désaccords significatifs au sein des ministères gouvernementaux concernant le programme de subventions. Des responsables d’Environnement Canada auraient averti que le soutien élargi au GNL “contredit fondamentalement notre cadre de réduction des émissions” et “envoie des signaux contradictoires aux investisseurs concernant les priorités énergétiques du Canada.”
Les dirigeants provinciaux de la Colombie-Britannique ont maintenu un soutien fort pour le développement du GNL, citant les bénéfices économiques régionaux, particulièrement pour les communautés nordiques et plusieurs Premières Nations qui ont signé des accords de partenariat avec les développeurs. Le premier ministre David Miller a souligné les revenus potentiels d’exportation de 2,5 milliards de dollars annuellement et la création d’environ 3 500 emplois permanents dans l’ensemble du secteur.
Pourtant, le rapport du CCPA conteste ces projections, notant que les tendances d’automatisation dans l’industrie continuent de réduire les opportunités d’emploi à long terme tandis que les incitatifs fiscaux limitent les bénéfices de revenus publics. L’analyse suggère que, en tenant compte de toutes les subventions et dépenses fiscales, l’avantage public net pourrait être significativement inférieur aux projections gouvernementales.
Alors que les marchés énergétiques mondiaux naviguent dans des transitions complexes, la question demeure de savoir si l’investissement public substantiel du Canada dans l’infrastructure du GNL représente une politique économique prudente ou un calcul coûteux que les générations futures devront ultimement financer. Avec des milliards de dollars de soutien des contribuables maintenant engagés, sommes-nous en train de sécuriser l’avenir énergétique du Canada ou simplement reporter un ajustement économique inévitable et potentiellement plus douloureux?
Pour plus d’informations sur les développements de la politique énergétique canadienne, visitez CO24 Canada News ou notre couverture approfondie des questions CO24 Business affectant les priorités économiques nationales.