Les abandons dans les salles d’urgence de l’Î.-P.-É. en 2025 en tête du Canada en taux d’abandon

Olivia Carter
5 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

Les rivages tranquilles de l’Île-du-Prince-Édouard cachent une réalité préoccupante en matière de soins de santé : les patients quittent les services d’urgence sans être vus à des taux inégalés ailleurs au Canada. Les nouvelles données publiées hier par Santé Canada révèlent que les hôpitaux de l’Î.-P.-É. ont enregistré un taux d’abandon stupéfiant de 17,8 % au premier semestre 2025, soit plus du double de la moyenne nationale de 7,3 %.

« Les patients abandonnent tout simplement », explique Dre Sarah McIntyre, chef du service des urgences à l’Hôpital Queen Elizabeth de Charlottetown. « Quand on reste assis avec douleur pendant sept, huit, parfois dix heures sans savoir quand on recevra des soins, le calcul change pour beaucoup de personnes. »

Ce phénomène, cliniquement appelé « départ sans avoir été vu », a augmenté dans les quatre services d’urgence de l’Î.-P.-É. depuis janvier. À l’Hôpital Prince County de Summerside, où les temps d’attente atteignent maintenant 6,3 heures en moyenne pour les cas non critiques, près d’un patient sur cinq finit par abandonner avant de consulter un médecin.

Cette crise provinciale reflète un défi national plus large de services d’urgence surchargés. Cependant, d’autres provinces affichent des performances nettement meilleures, la Colombie-Britannique enregistrant le taux d’abandon le plus bas à 4,2 %, suivie de près par le Manitoba à 5,1 %.

Les experts en politiques de santé citent plusieurs facteurs contribuant à la situation exceptionnelle de l’Î.-P.-É. « L’île fait face à des défis uniques en matière de recrutement et de rétention des médecins », note Dr James Renwick, chercheur en politique de santé à l’Université Dalhousie. « Combiné aux fluctuations saisonnières de la population qui épuisent les ressources et à une démographie vieillissante nécessitant des soins complexes, cela crée des conditions de tempête parfaite. »

La ministre provinciale de la Santé, Rebecca Taylor, reconnaît la gravité de la situation mais souligne les initiatives en cours. « Nous avons lancé une campagne agressive de recrutement de médecins avec des incitatifs améliorés pour les spécialistes des urgences, et nous élargissons notre programme d’infirmières praticiennes pour réduire l’engorgement », a déclaré Taylor lors de la conférence de presse d’hier. La province a alloué 28,5 millions de dollars supplémentaires pour l’amélioration des services d’urgence dans le budget de l’exercice 2025-2026.

Les défenseurs des patients s’inquiètent des conséquences potentielles sur la santé. « Chaque départ représente une personne dont les besoins médicaux n’ont pas été satisfaits », affirme Michel Donohue de la Coalition des patients de l’Î.-P.-É. « Certains chercheront des soins ailleurs, mais d’autres souffriront simplement à la maison, risquant de développer des complications plus graves. »

L’analyse des données démographiques montre que le taux d’abandon affecte de façon disproportionnée les résidents en âge de travailler entre 25 et 45 ans, dont beaucoup citent l’impossibilité de manquer davantage de travail comme raison principale de leur départ. Les résidents ruraux font face à des défis particulièrement intimidants, certains rapportant conduire entre plusieurs établissements à la recherche de temps d’attente plus courts.

La nouvelle « Initiative d’accès aux soins d’urgence » du gouvernement provincial vise à réduire les taux de départs sans consultation de 40 % dans les 18 mois grâce à des capacités de triage élargies, des services accélérés dédiés aux patients moins graves et des options de télésanté pour les cas appropriés.

Alors que les systèmes de santé à travers le Canada sont aux prises avec les pressions post-pandémiques et les pénuries de main-d’œuvre, l’exemple extrême de l’Î.-P.-É. soulève des questions cruciales sur la durabilité des soins d’urgence. La province insulaire sert maintenant à la fois d’avertissement et de terrain d’essai pour des solutions innovantes.

Ce qui reste sans réponse, c’est si les plans de réforme ambitieux de l’Î.-P.-É. se traduiront par une amélioration significative avant que la confiance des patients dans les services d’urgence ne s’érode irrémédiablement, créant potentiellement des conséquences à long terme pour les résultats de santé publique dans toute la province.

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *