Dans un pays qui s’enorgueillit de son système de santé universel, un écart préoccupant est apparu pour certains des jeunes les plus vulnérables du Canada. Une recherche récente de l’Université de Saskatchewan a révélé que les adolescents nouvellement arrivés au Canada sont significativement moins susceptibles d’accéder à la contraception par rapport à leurs pairs nés au Canada, soulevant de sérieuses questions sur l’équité des soins de santé dans notre société multiculturelle.
Cette étude novatrice, publiée cette semaine dans le Journal de l’Association médicale canadienne, a examiné les habitudes d’utilisation de contraceptifs chez plus de 2 500 adolescents dans cinq provinces. Les chercheurs ont découvert que les adolescents nouveaux arrivants étaient près de 60 % moins susceptibles d’avoir utilisé un contraceptif lors de leur dernier rapport sexuel, malgré des taux similaires d’activité sexuelle par rapport aux adolescents nés au Canada.
“Ces résultats indiquent un échec systémique évident”, explique Dr. Amina Patel, chercheuse principale et spécialiste en santé reproductive à l’Université de Saskatchewan. “Quand des jeunes qui naviguent déjà des transitions culturelles font également face à des obstacles pour accéder aux soins de santé essentiels, nous ne tenons pas notre promesse de soins équitables pour tous les Canadiens.”
L’étude identifie plusieurs obstacles empêchant les adolescents nouveaux arrivants d’accéder à la contraception, notamment les difficultés linguistiques, le manque de soins culturellement adaptés, la complexité de navigation dans le système de santé et les préoccupations concernant la confidentialité. De nombreux participants ont rapporté se sentir mal à l’aise de discuter de santé reproductive avec des professionnels de la santé qui ne comprennent pas leur contexte culturel.
“Je ne savais pas où aller ni à qui demander”, a partagé un participant de 17 ans arrivé au Canada de la Syrie il y a trois ans. “À la maison, ces sujets ne sont pas discutés, et ici, je ne savais pas à quels médecins je pouvais faire confiance ou si mes parents allaient découvrir ma démarche.”
Les conséquences vont au-delà des grossesses non planifiées. Le département de santé CO24 rapporte qu’un accès inadéquat à la contraception affecte également les résultats scolaires, la santé mentale et les opportunités économiques à long terme pour les jeunes nouveaux arrivants. Les experts en santé publique avertissent que sans intervention, ces disparités risquent de persister à l’âge adulte.
Plusieurs initiatives prometteuses émergent pour combler ces lacunes. À Toronto, des centres de santé communautaires ont lancé des programmes de santé reproductive multilingues spécifiquement conçus pour les populations nouvellement arrivées. Pendant ce temps, à Vancouver, des programmes d’éducation par les pairs forment de jeunes nouveaux arrivants pour devenir des ambassadeurs de la santé sexuelle au sein de leurs communautés.
Dr. Jean Baptiste, médecin de famille travaillant avec les communautés de nouveaux arrivants à Saskatoon, a souligné l’importance de la sensibilité culturelle. “Les prestataires de soins ont besoin d’une formation spécialisée pour comprendre les divers contextes culturels dont proviennent leurs patients”, a-t-il déclaré. “Il ne s’agit pas simplement de traduction linguistique, mais de créer des espaces véritablement inclusifs où tous les jeunes se sentent en sécurité pour discuter de questions de santé sensibles.”
L’étude arrive à un moment critique où les taux d’immigration du Canada atteignent des sommets historiques. Avec l’installation de plus de familles nouvellement arrivées à travers le pays, il devient de plus en plus urgent de remédier à ces disparités en matière de soins de santé. Les ministères provinciaux de la Santé font maintenant face à des appels pour développer des stratégies ciblées garantissant aux adolescents nouveaux arrivants un accès égal aux soins de santé reproductive.
Le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, a reconnu ces conclusions dans une déclaration, notant que “l’accès équitable aux soins de santé, y compris à la contraception, n’est pas seulement une question de santé publique mais une question de droits fondamentaux pour tous les jeunes Canadiens, quelle que soit leur origine.”
Alors que le Canada continue d’évoluer en tant que nation multiculturelle, cette recherche met en lumière une question cruciale : comment notre système de santé peut-il mieux s’adapter pour répondre aux besoins uniques des populations diverses tout en s’assurant qu’aucun jeune ne passe entre les mailles du filet en matière de soins de santé reproductive essentiels?