Explication de la privatisation des soins de santé en Ontario

Olivia Carter
6 Min Read
Disclosure: This website may contain affiliate links, which means I may earn a commission if you click on the link and make a purchase. I only recommend products or services that I personally use and believe will add value to my readers. Your support is appreciated!

Dans l’ombre des salles d’urgence surpeuplées et des listes d’attente chirurgicales qui s’allongent, l’Ontario s’est discrètement lancé dans ce que certains appellent la restructuration la plus importante de son système de santé depuis des décennies. La volonté du gouvernement provincial d’accroître la privatisation des services de santé a déclenché un débat intense à travers tout le spectre politique, laissant de nombreux Ontariens se demander ce que ces changements signifient pour leur accès aux soins.

“Ce à quoi nous assistons n’est pas simplement un bricolage administratif—c’est un changement fondamental dans la façon dont les services de santé seront offerts à des millions d’Ontariens,” affirme Dre Melanie Carson, chercheuse en politique de santé à l’Université de Toronto. “La question n’est pas de savoir si la prestation privée va se produire, mais plutôt jusqu’où elle s’étendra et quelles protections garantiront l’accès public.”

L’initiative du gouvernement Ford permet aux cliniques privées d’effectuer davantage de procédures couvertes par l’Assurance-santé de l’Ontario, notamment les chirurgies de la cataracte, les remplacements de genoux et de hanches, et l’imagerie diagnostique. Les responsables soutiennent que cette approche allégera la pression sur les hôpitaux tout en maintenant le principe selon lequel les patients ne paieront pas de leur poche pour les services médicalement nécessaires.

La ministre de la Santé, Sylvia Jones, a répété à maintes reprises que les cartes santé, et non les cartes de crédit, continueront d’être la seule exigence pour accéder aux soins. “Il s’agit d’innover dans la prestation des services, pas de facturer les patients,” a déclaré Jones lors d’un récent point de presse.

Les critiques, cependant, mettent en garde contre des conséquences imprévues. La Coalition de la santé de l’Ontario évoque des preuves provenant de la Colombie-Britannique et du Québec suggérant que les établissements privés pourraient privilégier les cas moins complexes, laissant aux hôpitaux publics les patients plus difficiles tout en se disputant le même bassin limité de travailleurs de la santé.

“Nous avons déjà constaté des pénuries de personnel dans nos hôpitaux publics,” remarque Dr Richard Wong, médecin urgentiste à l’Hôpital général de Toronto. “Lorsque les cliniques privées offrent de meilleures conditions de travail et potentiellement une rémunération plus élevée, nous risquons une migration des talents qui pourrait davantage fragiliser le système public.”

L’analyse financière suggère des compromis complexes. Bien que la prestation privée puisse réduire les temps d’attente pour certaines procédures spécifiques, des recherches publiées dans le Journal de l’Association médicale canadienne indiquent que les coûts globaux du système augmentent souvent dans les modèles hybrides, car les établissements privés ne bénéficient pas des économies d’échelle présentes dans les grands hôpitaux.

L’Association médicale de l’Ontario a adopté une position mesurée, soutenant les innovations qui réduisent les temps d’attente tout en préconisant des contrôles de qualité stricts. “Toute expansion de la prestation privée doit maintenir les normes de soins les plus élevées et assurer un accès équitable à travers tous les groupes démographiques,” a déclaré la présidente de l’AMO, Dre Rose Zacharias.

Pour des patients comme Eleanor Thibault, résidente de Markham, le débat théorique a des implications pratiques. “J’attends depuis 14 mois pour un remplacement de la hanche,” a confié cette ancienne enseignante de 68 ans. “Si la privatisation signifie que je me fais opérer plus tôt sans frais supplémentaires, je suis prudemment favorable. Mais je m’inquiète de ce qui se passera en cas de complications—aurai-je toujours la même couverture?”

Les experts juridiques notent que les dispositions de la Loi canadienne sur la santé exigent une intervention fédérale si les provinces permettent la surfacturation pour des services médicalement nécessaires. Le gouvernement Trudeau a déjà récupéré des paiements de transfert dans les provinces où les cliniques privées facturaient des frais d’établissement aux patients.

Alors que l’Ontario navigue dans cette transition controversée, l’expérience d’autres juridictions offre des leçons de prudence. Le système mixte public-privé de l’Australie a lutté contre des problèmes d’équité, tandis que le Service national de santé du Royaume-Uni a été confronté à des défis pour maintenir une couverture complète parallèlement aux options privées élargies.

Les mois à venir révéleront si l’expérience ontarienne tient sa promesse d’améliorer l’accès sans compromettre les fondements universels des soins de santé canadiens. À mesure que cette politique évolue, la question fondamentale demeure : la prestation privatisée peut-elle renforcer les soins de santé publics, ou finira-t-elle par saper les principes que les Canadiens ont longtemps considérés comme essentiels à leur identité nationale?

Partager cet article
Laisser un commentaire

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *