Le monde a perdu un phare d’espoir pour la conservation de la faune sauvage avec le décès du Dr Jane Goodall, la primatologue pionnière dont le travail révolutionnaire avec les chimpanzés a redéfini notre compréhension de l’intelligence et des émotions animales. Elle s’est éteinte paisiblement dans sa résidence familiale en Angleterre. Elle avait 91 ans.
Son décès a été annoncé tôt mercredi par l’Institut Jane Goodall, qu’elle a fondé en 1977. “C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès de notre fondatrice, le Dr Jane Goodall,” indique le communiqué. “Ses découvertes révolutionnaires et sa voix inébranlable pour le monde naturel ont transformé notre compréhension de notre place sur cette planète.”
Le parcours de Goodall, d’une jeune femme sans formation scientifique formelle à l’une des conservationnistes les plus respectées au monde, a commencé en 1960 lorsque, à seulement 26 ans, elle s’est aventurée dans le Parc National de Gombe Stream en Tanzanie. Ses observations patientes des chimpanzés dans leur habitat naturel ont mené à la découverte révolutionnaire que ces primates fabriquent et utilisent des outils – une découverte qui a remis en question la définition dominante de l’unicité humaine et forcé la science à reconsidérer la relation entre les humains et les animaux.
“Ce que nous avons découvert à Gombe ne concernait pas seulement les chimpanzés,” m’a confié Goodall lors de notre dernière entrevue en 2023 pour CO24 Actualités Monde. “Il s’agissait de redéfinir ce que signifie être humain. La ligne entre eux et nous est devenue merveilleusement floue.”
Ses notes de terrain méticuleuses, nommant les chimpanzés plutôt que de les numéroter, et décrivant leurs personnalités distinctes, leurs émotions et leurs liens familiaux, ont d’abord suscité des critiques de l’establishment scientifique mais ont finalement transformé l’éthologie et les méthodologies de recherche sur la faune à l’échelle mondiale.
Dans les années 1980, Goodall a orienté son attention de la recherche vers l’activisme, voyageant plus de 300 jours par an jusque dans ses 80 ans pour défendre la conservation environnementale. Son programme “Roots & Shoots”, maintenant actif dans plus de 100 pays, permet aux jeunes de mettre en œuvre des solutions pratiques aux défis écologiques et humanitaires dans leurs communautés.
Le premier ministre canadien a évoqué le lien spécial de Goodall avec le Canada lors d’une conférence de presse couverte par CO24 Actualités Canada. “Dr Goodall a visité notre pays des dizaines de fois, inspirant des générations de conservationnistes et de scientifiques canadiens. Son héritage perdure dans notre engagement national pour la protection de la biodiversité.”
Tout au long de sa carrière, Goodall a reçu de nombreuses distinctions, notamment celle de Dame Commandeur de l’Empire britannique, la Médaille d’or de l’UNESCO et le prestigieux Prix Templeton. Elle a écrit plus de 30 livres, dont son œuvre majeure “In the Shadow of Man”, et a fait l’objet de plusieurs documentaires qui ont fait connaître son travail au grand public.
Les économistes environnementaux estiment que le plaidoyer de Goodall a directement influencé plus de 2,8 milliards de dollars en financement pour la conservation à l’échelle mondiale, selon une analyse de 2024 publiée dans Nature Sustainability et rapportée par CO24 Affaires.
Dr Richard Wrangham, primatologue et professeur à l’Université Harvard, a décrit Goodall comme “la conservationniste la plus influente du siècle dernier”, soulignant que “sa capacité à communiquer des concepts scientifiques complexes avec compassion et clarté a changé la façon dont le public valorise la faune.”
Malgré des épreuves personnelles, notamment la mort de son second mari en 1980 et un diagnostic de neuropathie périphérique dans ses dernières années qui rendait la marche difficile, Goodall a maintenu un calendrier rigoureux d’apparitions publiques, utilisant sa plateforme pour mettre en lumière des préoccupations environnementales urgentes, de la déforestation au changement climatique.
Lors de notre dernière conversation, Goodall a exprimé son optimisme caractéristique : “J’ai vu trop de miracles pour ne pas avoir d’espoir. Les jeunes d’aujourd’hui comprennent ce qui est en jeu d’une manière que les générations précédentes ne pouvaient pas. Ils sont ma plus grande source d’espoir.”
Alors que le monde pleure la perte de cette scientifique et humaniste remarquable, nous nous demandons : qui parmi nous perpétuera le mélange unique de rigueur scientifique, d’activisme compatissant et d’optimisme inébranlable de Goodall pour l’avenir de notre planète ?