Les récentes réductions des taux d’intérêt par la Banque du Canada ont déclenché une hausse notable des dépenses de consommation à travers le pays, même si les indicateurs économiques plus larges montrent des signes de faiblesse. La réduction de 75 points de base depuis juin a insufflé une nouvelle vie dans les portefeuilles canadiens, bénéficiant particulièrement aux achats importants qui dépendent fortement du financement.
“Nous assistons à un changement psychologique dans le comportement des consommateurs,” affirme James Marple, économiste principal chez TD Économie. “La simple perception que les coûts d’emprunt continueront de baisser a convaincu de nombreux Canadiens de procéder à des achats qu’ils avaient précédemment reportés.”
Les données publiées cette semaine révèlent que les dépenses de détail ont augmenté de 1,2 % en août par rapport au mois précédent, avec des gains notables dans les achats d’automobiles (3,7 %), de meubles (2,5 %) et de matériaux de rénovation domiciliaire (1,9 %). Ces catégories réagissent historiquement rapidement aux ajustements des taux d’intérêt, car les consommateurs deviennent plus disposés à recourir au financement lorsque les mensualités diminuent.
Cette reprise des dépenses survient malgré un marché du travail en ralentissement, avec un taux de chômage stable à 6,4 % et une création d’emplois considérablement ralentie au cours du dernier trimestre. Cette contradiction apparente souligne comment la politique monétaire peut temporairement prévaloir sur d’autres fondamentaux économiques.
“L’effet des taux d’intérêt donne aux consommateurs une marge de manœuvre dans leur budget mensuel,” explique Maria Chen, analyste des dépenses de consommation chez RBC Marchés des Capitaux. “Quand un renouvellement hypothécaire arrive 300 à 400 dollars moins cher que prévu, cet argent retourne souvent directement dans l’économie via des achats discrétionnaires.”
La stimulation des dépenses s’étend au-delà du commerce de détail traditionnel. Les services, notamment la restauration (en hausse de 2,1 %), les réservations de voyages (en hausse de 3,8 %) et les lieux de divertissement (en hausse de 1,5 %) ont tous signalé des revenus supérieurs aux attentes ces derniers mois. Ce schéma suggère que le soulagement psychologique procuré par la baisse des taux d’intérêt affecte les comportements de dépenses généraux plutôt que simplement les achats dépendant du financement.
Toutefois, les économistes restent prudents quant à la durabilité de cette vague de consommation. Les dernières prévisions de TD Économie suggèrent que les dépenses des ménages vont se modérer d’ici début 2024, les préoccupations liées à l’emploi et le niveau élevé d’endettement des ménages finissant par contrebalancer les effets positifs des taux d’intérêt.
“Nous sommes actuellement dans une période idéale où les consommateurs ressentent les avantages de coûts d’emprunt plus bas sans encore subir l’impact complet du ralentissement économique,” note Marple. “Mais cette fenêtre pourrait être relativement courte.”
Pour les détaillants et les prestataires de services, l’environnement actuel représente une opportunité cruciale de capitaliser sur la volonté de dépenser des consommateurs. De nombreuses entreprises accélèrent leurs promotions pour la période des Fêtes et proposent des options de financement supplémentaires pour prolonger la dynamique actuelle des dépenses jusqu’à la fin de l’année.
La Banque du Canada semble prête à poursuivre son cycle d’assouplissement, les marchés anticipant des réductions de taux supplémentaires lors des prochaines réunions en octobre et décembre. Cette trajectoire pousserait le taux au jour le jour vers 3,5 % début 2024, fournissant une stimulation supplémentaire pour les dépenses de consommation.
La résilience des dépenses de consommation représente une rare lueur d’espoir dans un tableau économique par ailleurs difficile. Les dépenses des ménages continueront-elles à stimuler l’activité économique alors que d’autres secteurs s’affaiblissent, ou s’agit-il simplement d’un répit temporaire avant que des forces économiques plus larges ne prennent le dessus? Pour l’instant, les Canadiens semblent déterminés à profiter au maximum de leur marge de manœuvre financière améliorée.
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