Retard numérique du système de santé du Québec lié aux retombées de SAAQclic

Olivia Carter
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Dans un changement significatif de stratégie numérique, le ministère de la Santé du Québec a discrètement reporté son ambitieux plan de transformation technologique jusqu’en 2026, marquant un retard de deux ans par rapport au calendrier initial. Ce recul survient suite à l’expérience difficile de la province avec le lancement de la plateforme SAAQclic l’année dernière, qui a laissé des milliers de Québécois frustrés dans de longues files d’attente aux bureaux de la société d’assurance automobile à travers la province.

L’initiative de santé numérique, dont le déploiement était prévu pour 2024, visait à moderniser l’infrastructure de santé du Québec en créant des dossiers patients numériques unifiés accessibles dans l’ensemble du réseau de santé de la province. Des documents internes obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information révèlent que les responsables sont devenus de plus en plus prudents après avoir été témoins du mécontentement public face aux défis de mise en œuvre de SAAQclic.

“Il existe un lien évident entre la débâcle de SAAQclic et cette décision,” a déclaré l’analyste en politique de santé Marie Tremblay. “Les fonctionnaires abordent désormais les transformations numériques à grande échelle avec beaucoup plus de prudence, particulièrement celles qui touchent aux services essentiels.”

Le lancement de SAAQclic en février 2023 est devenu un cas d’école d’échec de transition numérique lorsque la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a transféré de nombreux services en ligne. Le système a été immédiatement débordé, créant le chaos dans les centres de service où les citoyens attendaient des heures, parfois des jours, pour effectuer des transactions de base comme le renouvellement de permis.

Le cabinet du ministre de la Santé Christian Dubé a confirmé le retard mais a souligné que ce report permettrait des tests plus complets et une meilleure formation du personnel. “Nous tirons des leçons des transitions numériques précédentes au sein du gouvernement,” a déclaré un porte-parole du ministère. “Notre priorité est d’assurer une expérience fluide pour les travailleurs de la santé et les patients lors du lancement du système.”

Le système de dossiers de santé numériques demeure une pierre angulaire de la stratégie de modernisation des soins de santé du Québec, visant à résoudre les problèmes persistants de partage d’informations entre hôpitaux, cliniques et fournisseurs de soins spécialisés. Actuellement, les informations des patients restent fragmentées entre différentes institutions, menant souvent à des tests en double et des retards de traitement.

Les experts en technologie ont généralement soutenu la décision de report. “La numérisation des soins de santé est infiniment plus complexe que les immatriculations de véhicules,” a noté le Dr Jean Bouchard, directeur de l’informatique médicale à l’Université de Montréal. “Les conséquences des défaillances du système pourraient potentiellement affecter la sécurité des patients et l’accès aux soins. Prendre du temps supplémentaire pour les tests est prudent.”

Le report augmentera les coûts du projet d’environ 45 millions de dollars, selon les documents budgétaires inclus dans la demande d’information. Ces dépenses supplémentaires couvriront le développement prolongé, des protocoles de test plus approfondis et des programmes de formation complets pour le personnel de santé à travers la province.

Les groupes de défense des patients ont exprimé des réactions mitigées. “Bien que nous comprenions la nécessité d’une mise en œuvre adéquate, chaque jour sans dossiers numériques intégrés signifie des inefficacités continues pour les patients,” a déclaré Claude Bertrand de l’Association pour les droits des patients du Québec. “De nombreux Québécois atteints de maladies chroniques continueront à supporter le fardeau d’expliquer leurs antécédents médicaux à répétition dans différents établissements.”

Le ministère de la Santé prévoit d’utiliser ce délai prolongé pour mettre en œuvre une stratégie de déploiement progressif, commençant par des projets pilotes dans des hôpitaux sélectionnés avant de s’étendre à l’échelle provinciale. Cette approche reflète les efforts réussis de numérisation des soins de santé dans d’autres juridictions où des tests à échelle limitée ont identifié et résolu les problèmes d’intégration avant le déploiement complet.

Alors que le Québec navigue dans cet équilibre délicat entre ambition technologique et mise en œuvre pratique, une question demeure primordiale : dans un système de santé déjà affaibli par les pénuries de personnel et les problèmes de capacité, ce retard numérique conduira-t-il finalement à un système plus fonctionnel, ou simplement à reporter une modernisation tant attendue?

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