Dans une révélation troublante qui soulève d’importantes questions sur le système de déportation canadien, un immigrant criminel condamné et visé par une ordonnance d’expulsion en 2017 demeure en sol canadien sept ans plus tard, malgré qu’il soit considéré comme une menace pour la sécurité publique. Le cas met en lumière les inefficacités alarmantes dans la gestion canadienne de la déportation des non-citoyens reconnus coupables de crimes graves.
Zine El Abidine Oukil, un citoyen algérien arrivé au Canada en 2005, a reçu un ordre de déportation après avoir accumulé plusieurs condamnations criminelles, notamment pour vol, agression, proférer des menaces et violations d’ordonnances du tribunal. La Cour fédérale a récemment rejeté son dernier appel pour rester au pays, le juge Sébastien Grammond soulignant qu’Oukil “a démontré un modèle persistant de non-respect des lois canadiennes.”
Ce cas représente un exemple frappant de ce que les critiques appellent une “porte tournante” dans le système d’application de l’immigration au Canada. Bien qu’il ait été jugé inadmissible en raison de “grande criminalité” – une désignation qui devrait déclencher une expulsion rapide – les retards bureaucratiques, les contestations juridiques et les goulots d’étranglement administratifs ont permis à Oukil de rester au Canada des années après son ordre de déportation.
“Le système semble échouer à sa tâche la plus fondamentale – expulser les individus qui présentent un risque démontré pour les Canadiens,” affirme l’analyste en politique d’immigration Margaret Chen. “Lorsqu’une personne avec de multiples condamnations peut rester dans le pays sept ans après avoir reçu un ordre d’expulsion, cela suggère de graves problèmes structurels.”
Selon les données de l’Agence des services frontaliers du Canada, des milliers de personnes visées par un ordre de déportation demeurent au Canada, plusieurs cas impliquant des antécédents criminels graves. L’arriéré s’est considérablement accru ces dernières années, remettant en question la capacité du gouvernement à appliquer ses propres décisions en matière d’immigration.
La décision du juge Grammond était particulièrement remarquable par sa franchise, indiquant que le “modèle persistant de non-respect des lois canadiennes” d’Oukil et son “refus de reconnaître ses torts” faisaient de lui un candidat inapproprié pour des considérations humanitaires. La cour a rejeté les arguments selon lesquels sa déportation lui causerait un préjudice excessif.
Les experts en immigration notent que de tels cas créent un dilemme complexe pour les autorités canadiennes. “Il existe un équilibre délicat entre l’application des ordonnances de déportation et le respect des droits légaux d’appel,” explique Dr. Amrita Singh, professeure de droit de l’immigration à l’Université York. “Cependant, lorsque le processus s’étend sur des années, il mine la confiance du public dans le système d’immigration et soulève des préoccupations légitimes en matière de sécurité.”
Le retard dans le cas d’Oukil découle de multiples facteurs, y compris des difficultés à obtenir des documents de voyage de son pays d’origine, l’Algérie, des perturbations liées à la pandémie dans les procédures de déportation, et une série d’appels juridiques devant divers tribunaux administratifs.
Les dirigeants politiques ont de plus en plus appelé à des réformes pour rationaliser le processus de déportation des personnes reconnues coupables de crimes graves. Les critiques conservateurs soutiennent que le système actuel privilégie les protections procédurales au détriment de la sécurité publique, tandis que les responsables gouvernementaux maintiennent que chaque cas nécessite un examen approfondi respectant la procédure établie.
Pour les communautés affectées par les crimes commis par des individus en attente de déportation, ces retards représentent plus qu’une inefficacité administrative – ils posent de réels problèmes de sécurité. “Lorsqu’une personne a démontré à plusieurs reprises son mépris pour nos lois et ne fait face à aucune conséquence significative, cela envoie un message troublant,” note James Thompson, ancien responsable de la sécurité frontalière.
Le cas Oukil soulève une question critique pour la société canadienne : comment pouvons-nous maintenir un système d’immigration équitable qui respecte les droits légaux tout en assurant l’application rapide des ordonnances de déportation pour ceux qui représentent un risque réel pour la sécurité publique?