Changement de la politique de nationalisme économique du Canada sous la pression des États-Unis

Olivia Carter
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Dans les couloirs feutrés des centres de pouvoir d’Ottawa, une transformation profonde se déroule silencieusement. Le Canada, longtemps célébré comme champion de la libéralisation du commerce mondial, semble s’orienter vers une position économique plus protectrice—un changement qui pourrait redéfinir l’approche de notre nation en matière de commerce international pour les années à venir.

Le catalyseur derrière cette évolution politique est sans équivoque : le spectre menaçant du potentiel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Alors que la rhétorique “America First” de Trump gagne un nouvel élan de l’autre côté de la frontière, les décideurs canadiens se retrouvent dans une posture réactive, s’efforçant de protéger les industries nationales vitales contre un éventuel protectionnisme américain.

“Ce que nous observons n’est pas simplement un positionnement tactique—c’est un recalibrage fondamental de la philosophie économique du Canada,” explique Dr. Elaine Crawford, économiste principale au Centre canadien de politiques alternatives. “Après des décennies à défendre le libre-échange, Ottawa adopte des éléments de nationalisme économique qui auraient été impensables il y a seulement cinq ans.”

Ce virage stratégique se manifeste dans plusieurs secteurs. Pour les minéraux critiques, le gouvernement fédéral a resserré les règles d’investissement étranger, ciblant explicitement les acquisitions chinoises dans le lithium et autres ressources jugées essentielles pour la sécurité nationale. Parallèlement, le Fonds de croissance du Canada est devenu un outil puissant pour canaliser les investissements publics vers des industries stratégiques—un mécanisme qui ressemble étroitement aux politiques industrielles autrefois critiquées par les responsables canadiens lorsqu’elles étaient mises en œuvre ailleurs.

L’allocution récente de la ministre des Finances Chrystia Freeland devant la Chambre de commerce du Canada est peut-être le signe le plus révélateur, où elle a souligné l’importance du “friend-shoring” et de la sécurisation des chaînes d’approvisionnement au sein de nations alliées de confiance. “L’ère de la mondialisation sans entrave est derrière nous,” a déclaré Freeland, signalant une rupture avec l’orthodoxie économique traditionnelle du Canada.

L’ironie n’a pas échappé aux vétérans de la politique canadienne. Pendant des décennies, les gouvernements successifs à Ottawa—tant libéraux que conservateurs—ont défendu la libéralisation des échanges comme pierre angulaire de la prospérité canadienne. Aujourd’hui, ces mêmes institutions élaborent des politiques visant à isoler les industries canadiennes des forces du marché mondial.

Ce tournant nationaliste ne se produit pas isolément. À travers l’économie mondiale, les pays se détournent des modèles hyper-mondialisés qui ont défini l’ère post-Guerre froide. Les États-Unis, sous les administrations tant démocrates que républicaines, ont adopté d’importantes subventions industrielles via la Loi sur la réduction de l’inflation et la Loi CHIPS and Science. L’Union européenne a suivi avec sa propre Loi sur les matières premières critiques et son Plan industriel du Pacte vert.

“Ce qui rend la situation du Canada particulièrement difficile, c’est notre relation asymétrique avec les États-Unis,” note la professeure Michaela Ramirez de l’École Munk des affaires internationales de l’Université de Toronto. “Avec plus de 75% de nos exportations destinées au sud de la frontière, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’ignorer le nationalisme économique américain, quelle que soit notre engagement de principe envers le multilatéralisme.”

Les leaders industriels à travers le Canada ont largement adhéré à cette évolution politique, bien qu’avec des réserves quant à son exécution. “Cette direction est nécessaire compte tenu des réalités mondiales,” reconnaît Thomas Henderson, PDG de l’association des Manufacturiers et Exportateurs canadiens. “Mais nous avons besoin de stratégies cohérentes à long terme plutôt que de politiques réactives qui changent à chaque cycle électoral américain.”

Les critiques avertissent que ce tournant nationaliste comporte des risques significatifs. Les politiques protectionnistes augmentent généralement les coûts pour les consommateurs, réduisent la concurrence et peuvent déclencher des mesures de représailles de la part des partenaires commerciaux. De plus, le nationalisme économique risque de fragiliser le système commercial international fondé sur des règles qui a historiquement bénéficié aux puissances moyennes comme le Canada.

Alors qu’Ottawa navigue sur ce terrain complexe, des questions fondamentales se posent sur l’avenir économique du Canada. Pouvons-nous équilibrer les préoccupations légitimes de sécurité nationale avec notre engagement envers les marchés ouverts? Est-il possible de mettre en œuvre des mesures économiques défensives sans glisser vers un protectionnisme destructeur? Et peut-être plus crucialement, le Canada peut-il développer une vision économique indépendante plutôt que de simplement réagir aux changements de politique américaine?

Les réponses à ces questions façonneront non seulement nos perspectives économiques, mais aussi notre identité nationale dans un monde en rapide évolution. Alors que les actualités mondiales continuent de souligner la montée du protectionnisme, les Canadiens doivent affronter une question profonde : à l’ère d’un nationalisme économique résurgent, quel type d’économie voulons-nous construire?

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