Une nouvelle inquiétante pour les passionnés du patrimoine sportif canadien : une importante collection d’artefacts de basketball témoignant de la riche contribution de notre nation à ce sport risque d’être déplacée aux États-Unis. Cette collection, actuellement conservée au siège de Basketball Canada à Toronto, comprend des souvenirs irremplaçables qui documentent le rôle crucial du Canada dans l’évolution mondiale du basketball.
Ce trésor inclut des pièces datant du début du 20e siècle, notamment des maillots portés par l’équipe médaillée d’argent olympique du Canada de 1936, des photographies d’époque des Edmonton Grads — largement considérées comme l’équipe féminine de basketball la plus dominante de l’histoire — et de rares documents reliant l’innovation canadienne au développement de ce sport. Cependant, des contraintes financières et un engagement public limité mettent en péril l’avenir de cette collection au Canada.
“Ces artefacts ne sont pas de simples objets — ils sont l’incarnation physique de notre identité sportive nationale,” explique Dre Hannah Silverman, historienne du sport à l’Université de Toronto. “Lorsque nous perdons la garde de ces items, nous risquons de déconnecter les jeunes générations de la compréhension des contributions significatives du Canada à l’histoire mondiale du basketball.”
L’organisation Basketball Canada peine à obtenir un financement adéquat pour la préservation et l’exposition appropriées de la collection, malgré la popularité croissante du basketball à l’échelle nationale suite au championnat NBA des Toronto Raptors en 2019. Plusieurs institutions américaines, dont le Temple de la renommée du basketball Naismith à Springfield, Massachusetts, ont manifesté leur intérêt pour acquérir la collection, offrant des installations de conservation ultramodernes et une exposition publique de premier plan.
Michael Thompson, directeur des programmes du patrimoine canadien de basketball, a exprimé sa frustration : “Nous avons approché les ministères du patrimoine fédéral et provincial à plusieurs reprises au cours des cinq dernières années. La réponse a été sympathique mais finalement insuffisante pour développer un lieu permanent pour ces trésors qui honore adéquatement leur importance.”
Cette perte potentielle survient à un moment crucial pour le basketball canadien. L’équipe nationale masculine vient de remporter sa première médaille olympique à Paris, tandis que les joueurs canadiens dominent de plus en plus aux plus hauts niveaux du basketball professionnel mondial. Le basketball figure maintenant parmi les sports jeunesse connaissant la croissance la plus rapide à travers le pays, pourtant de nombreux jeunes joueurs ignorent encore le rôle fondamental du Canada dans le développement de ce sport.
Les experts de l’industrie suggèrent que la valeur marchande de la collection dépasse 3,5 millions de dollars, bien que sa valeur culturelle demeure incalculable. Des groupes de défense du patrimoine ont lancé une campagne exhortant l’intervention gouvernementale, soutenant que ces artefacts représentent un chapitre crucial de l’histoire culturelle canadienne méritant une protection similaire à d’autres trésors nationaux.
“Il y a une profonde ironie dans le fait que des objets célébrant l’héritage de James Naismith — un Canadien qui a inventé le basketball — puissent quitter son pays natal en raison d’une négligence institutionnelle,” note Patricia Rodriguez, directrice exécutive de l’Alliance du patrimoine sportif canadien. “Ces artefacts appartiennent au Canada, ils devraient être accessibles au public et correctement contextualisés dans notre récit sportif plus large.”
Alors que le basketball poursuit son ascension fulgurante dans la culture canadienne, la question demeure : notre nation se mobilisera-t-elle pour préserver les preuves tangibles de sa contribution à ce phénomène mondial, ou ces trésors rejoindront-ils la liste croissante des biens culturels canadiens trouvant un foyer permanent à l’étranger? Les Canadiens reconnaîtront-ils la valeur de leur patrimoine basketballistique avant que ces liens irremplaçables avec notre passé sportif ne traversent définitivement la frontière?