Face à l’augmentation des statistiques de criminalité violente dans les grandes villes canadiennes, les décideurs politiques subissent une pression croissante pour proposer des solutions efficaces qui équilibrent les préoccupations de sécurité publique avec les facteurs sociaux complexes à l’origine des comportements criminels. Des données récentes de Statistique Canada révèlent une inquiétante augmentation de 10% des infractions violentes dans les centres urbains au cours de la dernière année, relançant le débat sur la réponse politique appropriée dans un pays traditionnellement connu pour ses communautés relativement sécuritaires.
“Nous assistons à un parfait mélange de facteurs qui contribuent à cette hausse de la violence,” explique Dre Harriet Williams, professeure de criminologie à l’Université de Toronto. “Les impacts économiques persistants de la pandémie, les inégalités de revenus croissantes et les lacunes dans les services de santé mentale ont créé des conditions où davantage de Canadiens se retrouvent laissés pour compte.”
Le gouvernement fédéral a récemment dévoilé une stratégie globale de réduction de la criminalité qui alloue 2,8 milliards de dollars à une approche multidimensionnelle combinant des mesures d’application de la loi avec des programmes de prévention. Le plan comprend le financement de ressources policières supplémentaires dans les quartiers à forte criminalité, l’élargissement des programmes d’intervention auprès des jeunes et l’augmentation des services de soutien en santé mentale dans les communautés touchées par une violence élevée.
Le ministre de la Justice Cameron Hayes a défendu cette approche équilibrée lors d’une conférence de presse à Ottawa hier. “Les données montrent que nous ne pouvons pas simplement résoudre ce problème à coups d’arrestations,” a déclaré Hayes. “Bien que nous soyons déterminés à garantir que les forces de l’ordre disposent des ressources nécessaires, nous devons simultanément nous attaquer aux causes profondes grâce à des soutiens sociaux et des interventions ciblées.”
Les critiques de l’opposition soutiennent que le plan ne va pas assez loin dans aucune direction. Le ministre fantôme conservateur de la sécurité publique Derek Reynolds a appelé à des lignes directrices plus strictes en matière de peines et à des pouvoirs policiers élargis, tandis que les représentants du NPD ont critiqué ce qu’ils qualifient d’investissement insuffisant dans le logement abordable et les mesures de réduction de la pauvreté qui ont fait leurs preuves dans la réduction des taux de criminalité.
Les dirigeants municipaux des plus grandes villes du Canada ont exprimé un optimisme prudent concernant l’initiative fédérale, mais soulignent la nécessité d’une coordination entre tous les niveaux de gouvernement. La mairesse de Toronto, Sophia Chen, a mis en avant les programmes de prévention de la violence communautaire de sa ville qui ont montré des résultats prometteurs dans les quartiers à haut risque.
“Ces programmes emploient d’anciens membres de gangs comme travailleurs de proximité qui peuvent intervenir dans les conflits avant qu’ils ne dégénèrent en violence,” a expliqué Chen. “Les données montrent une réduction de 26% des incidents violents dans les zones où ces initiatives fonctionnent de manière constante.”
Les experts en sécurité publique soulignent des modèles réussis d’autres juridictions qui pourraient éclairer la politique canadienne. L’Unité de réduction de la violence de Glasgow a considérablement réduit les crimes à l’arme blanche en traitant la violence comme un problème de santé publique plutôt que comme une simple préoccupation de justice pénale. De même, des programmes dans plusieurs villes américaines ont démontré leur succès grâce à des stratégies de dissuasion ciblées qui concentrent les ressources sur le petit pourcentage d’individus responsables de la plupart des infractions violentes.
Le débat se déroule dans un contexte d’évolution de l’opinion publique. Des sondages récents indiquent que si 68% des Canadiens soutiennent l’augmentation du financement de la police, une majorité encore plus importante—74%—estime que la lutte contre les facteurs socioéconomiques devrait être l’objectif principal des initiatives anti-violence.
Les ministres provinciaux de la Justice se réuniront le mois prochain à Winnipeg pour coordonner les stratégies de mise en œuvre du financement fédéral et partager les meilleures pratiques des programmes régionaux ayant un impact mesurable sur les taux de criminalité violente.
Alors que les communautés continuent de lutter contre ces préoccupations de sécurité difficiles, la question demeure: le Canada peut-il développer une approche véritablement efficace qui réponde à la fois aux besoins immédiats de sécurité publique tout en investissant dans l’infrastructure sociale nécessaire pour prévenir la violence avant qu’elle ne se produise?