Les conseils scolaires des Territoires du Nord-Ouest sont aux prises avec une incertitude troublante alors qu’ils font face à un important déficit de financement pour les assistants d’éducation, laissant de nombreux administrateurs se démener pour maintenir des services de soutien essentiels pour les élèves vulnérables. L’incapacité du gouvernement territorial à s’engager à un financement durable a créé une atmosphère d’appréhension parmi les éducateurs et les parents, menaçant de miner la qualité de l’éducation dans l’une des régions les plus éloignées du Canada.
“Nous fonctionnons dans un climat d’incertitude perpétuelle,” explique Jane Morrisey, directrice générale du District scolaire n° 1 de Yellowknife. “Chaque année, nous nous posons les mêmes questions pour savoir si nous aurons suffisamment de ressources pour soutenir les élèves ayant des besoins d’apprentissage divers. Ce n’est pas seulement un inconvénient administratif—cela touche directement nos apprenants les plus vulnérables.”
La crise actuelle découle de l’approche du gouvernement territorial concernant le financement des assistants d’éducation, qui s’est fortement appuyée sur des allocations annuelles plutôt que sur l’établissement de postes permanents dans les budgets des conseils scolaires. Les assistants d’éducation fournissent un soutien essentiel aux élèves ayant des troubles d’apprentissage, des défis comportementaux et d’autres besoins spécialisés qui nécessitent une attention individualisée en classe.
Selon les données obtenues du ministère de l’Éducation des TNO, les écoles du territoire ont besoin d’environ 215 assistants d’éducation pour répondre aux besoins actuels des élèves. Cependant, le financement actuel ne garantit des postes que pour environ 170 assistants, laissant un déficit qui a forcé des décisions difficiles concernant l’allocation des ressources et le soutien aux élèves.
Les impacts se font sentir plus durement dans les petites communautés, où les ressources sont déjà limitées. À Behchokǫ̀, l’Agence de services communautaires Tłı̨chǫ rapporte avoir dû réduire les heures des assistants d’éducation de près de 30 % par rapport à l’année dernière, malgré l’augmentation des besoins des élèves.
“Quand nous ne pouvons pas fournir un soutien constant aux élèves qui en ont besoin, nous les préparons essentiellement à l’échec,” note Michael Walton, coordinateur de l’éducation spéciale à Inuvik. “Les assistants d’éducation ne sont pas un luxe—ils sont des membres essentiels du personnel qui rendent possible l’éducation inclusive dans nos salles de classe.”
Le système d’éducation territorial a fait face à des défis croissants ces dernières années, avec des difficultés de rétention des enseignants, des infrastructures vieillissantes et les impacts persistants de la pandémie de COVID-19 sur l’apprentissage des élèves. L’incertitude entourant le financement des assistants d’éducation aggrave ces problèmes, créant une pression supplémentaire sur un système déjà stressé.
Les parents ont commencé à se mobiliser pour défendre des solutions de financement plus stables. Sarah Nasogaluak, dont le fils a besoin du soutien d’un assistant d’éducation dans une classe de Fort Smith, a recueilli plus de 800 signatures sur une pétition demandant une allocation permanente de financement pour ces postes.
“L’assistant d’éducation de mon fils fait la différence entre son engagement dans l’apprentissage ou son retard,” explique Nasogaluak. “Mais chaque printemps, nous sommes confrontés à l’anxiété de ne pas savoir si ce soutien continuera à l’automne. C’est épuisant et totalement inutile.”
L’Association des enseignants des TNO s’est jointe aux parents pour demander une réforme, faisant valoir que l’approche actuelle crée un fardeau administratif inutile tout en compromettant la planification éducative. Le président de l’Association, Matthew Miller, souligne d’autres juridictions au Canada qui ont établi des formules de financement dédiées pour les assistants d’éducation basées sur les besoins de la population étudiante plutôt que sur des décisions budgétaires annuelles.
“Nous savons par expérience dans d’autres territoires et provinces qu’un financement stable et prévisible mène à de meilleurs résultats,” affirme Miller. “L’approche actuelle signifie que les écoles ne peuvent pas planifier efficacement le soutien aux élèves d’une année à l’autre.”
Le gouvernement territorial a reconnu les préoccupations mais évoque les contraintes budgétaires globales comme facteurs limitants. La ministre de l’Éducation, Caroline Cochrane, a indiqué que son ministère examine le modèle de financement mais s’est gardée de s’engager à des changements permanents pour la prochaine année scolaire.
“Nous comprenons les défis auxquels font face nos conseils scolaires,” a déclaré la ministre Cochrane dans un communiqué. “Nous travaillons à trouver des solutions durables qui équilibrent la responsabilité fiscale avec les besoins éducatifs.”
Pour les administrateurs scolaires qui préparent actuellement la prochaine année scolaire, le manque de clarté crée d’importants obstacles à la planification. Sans financement confirmé pour les assistants d’éducation, les écoles ne peuvent pas finaliser les plans de dotation, déterminer les configurations de classe ou se préparer correctement pour les élèves ayant des besoins particuliers.
Alors que le système d’éducation du territoire fait face à ces défis, la question demeure: le gouvernement des TNO accordera-t-il la priorité à un financement stable pour les assistants d’éducation, ou les écoles continueront-elles à fonctionner dans un état d’incertitude perpétuelle qui compromet ultimement la qualité de l’éducation pour les élèves les plus vulnérables du territoire?