Dans une démonstration frappante de mécontentement provincial, des centaines d’Albertains se sont rassemblés sur la place Churchill d’Edmonton ce week-end, agitant des drapeaux bleus et blancs ornés de la phrase “L’Alberta d’abord” lors d’un rassemblement pour l’indépendance du Canada. Cette manifestation, l’un des plus grands rassemblements séparatistes de ces dernières années, souligne les tensions croissantes entre cette province occidentale riche en ressources et le gouvernement fédéral à Ottawa.
“Nous avons contribué à plus de 600 milliards de dollars aux coffres canadiens depuis 1967, et qu’obtenons-nous en retour? Des politiques fédérales qui étranglent notre secteur énergétique et minent notre avenir économique”, a déclaré James Morrison, organisateur principal de la Coalition pour l’indépendance de l’Alberta, s’adressant à la foule passionnée à l’aide de mégaphones alors que les températures se maintenaient juste au-dessus du point de congélation.
Le rassemblement survient dans un contexte de friction croissante concernant les politiques environnementales du Canada, que de nombreux Albertains perçoivent comme disproportionnellement préjudiciables à l’industrie pétrolière et gazière de leur province. Les récentes augmentations de la taxe carbone fédérale et les obstacles au développement des pipelines ont alimenté le ressentiment dans une province où environ 16 % du PIB provient de la production d’énergie, selon Statistique Canada.
Dre Elaine Richardson, politologue à l’Université de Calgary, note que ce sentiment n’est pas entièrement nouveau. “Le séparatisme albertain a tendance à augmenter pendant les périodes d’incertitude économique et lorsqu’il y a une perception d’ingérence fédérale dans la juridiction provinciale”, a-t-elle expliqué lors d’une entrevue avec CO24 News. “Ce qui est différent maintenant, c’est l’organisation sophistiquée derrière ces mouvements et leur capacité à mobiliser un nombre important de personnes à travers différents groupes démographiques.”
Des contre-manifestants ont également fait connaître leur présence lors de l’événement de samedi. Environ 75 manifestants se sont rassemblés de l’autre côté de la place avec des pancartes “Plus forts ensemble“, faisant valoir que la séparation créerait des conséquences économiques et sociales dévastatrices tant pour l’Alberta que pour le Canada.
“L’argument séparatiste simplifie grossièrement des réalités économiques complexes”, a déclaré l’économiste Trevor Wilson de l’Institut économique canadien. “Une Alberta indépendante ferait face à d’énormes défis pour établir sa monnaie, des accords commerciaux et une reconnaissance internationale—des obstacles que les partisans abordent rarement en détail”, a-t-il confié à CO24 Business.
La première ministre Danielle Smith a soigneusement maintenu ses distances avec les mouvements séparatistes tout en reconnaissant les frustrations des Albertains. Dans une déclaration publiée après le rassemblement, son bureau a souligné que “bien que le gouvernement provincial comprenne les préoccupations des citoyens concernant l’empiètement fédéral, notre priorité reste d’obtenir une entente équitable pour l’Alberta au sein de la confédération.”
La réponse fédérale a été tout aussi mesurée. Un porte-parole du bureau du Premier ministre a noté que “le dialogue entre les provinces et le gouvernement fédéral est essentiel à la démocratie canadienne, mais le gouvernement demeure confiant dans la force et l’avenir de notre pays uni.”
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