Un juge de la Cour supérieure du Québec a accordé à La Baie d’Hudson une prolongation de sa protection contre les créanciers jusqu’au 31 juillet 2025, offrant ainsi à l’emblématique détaillant canadien une bouffée d’oxygène essentielle alors qu’il traverse un processus de restructuration complet. La décision, finalisée hier à Montréal, représente une étape importante pour cette entreprise de 354 ans qui lutte contre des dettes croissantes et l’évolution des préférences des consommateurs.
Le détaillant a initialement déposé une demande de protection en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) en mars, citant des obligations locatives “insoutenables” et la détérioration des conditions du marché. Les documents judiciaires révèlent que La Baie d’Hudson a accumulé plus de 565 millions de dollars de dettes liées aux baux dans ses 82 emplacements canadiens—un montant que les dirigeants de l’entreprise ont décrit comme “impossible à gérer dans les réalités actuelles du marché de détail.”
“Cette prolongation ne consiste pas simplement à gagner du temps,” a déclaré Richard Baker, président exécutif de La Baie d’Hudson. “Elle représente notre engagement à émerger comme un détaillant plus fort et plus agile, prêt à répondre aux exigences des consommateurs d’aujourd’hui tout en honorant notre héritage canadien historique.”
Le plan de restructuration, sur lequel les créanciers voteront à la fin juin, prévoit une transformation significative du réseau de magasins physiques de l’entreprise. La Baie d’Hudson prévoit fermer 16 emplacements sous-performants tout en renégociant les baux de 28 autres magasins où les conditions actuelles ont été jugées “financièrement intenables.” L’entreprise a déjà conclu des accords préliminaires avec des propriétaires représentant environ 40 % de son espace commercial.
Les analystes financiers qui suivent l’affaire notent que cela représente le changement le plus profond dans les opérations de La Baie d’Hudson depuis sa fondation en 1670. Les données du secteur de la vente au détail montrent que les grands magasins ont fait face à des défis persistants, le secteur ayant connu une baisse de 23 % de sa part de marché globale depuis 2015.
“Ce à quoi nous assistons n’est pas simplement une restructuration financière, mais une réinvention existentielle,” a expliqué l’analyste du commerce de détail Maryam Khorasani de RBC Marchés des Capitaux. “La Baie d’Hudson tente d’accomplir ce que peu de détaillants patrimoniaux ont réussi—maintenir la pertinence de la marque tout en remodelant considérablement leur fondement opérationnel.”
La période de protection prolongée s’accompagne de mécanismes de surveillance stricts. La Baie d’Hudson doit fournir des rapports financiers mensuels aux créanciers et au contrôleur nommé par le tribunal, Ernst & Young. L’entreprise doit également démontrer des progrès mesurables quant à ses objectifs de restructuration, y compris des réductions de coûts opérationnels de 120 millions de dollars d’ici décembre 2024.
Pour les 13 000 employés des opérations de La Baie d’Hudson, la prolongation offre une sécurité d’emploi temporaire, bien que l’entreprise ait reconnu que des réductions d’effectifs seront “inévitables” dans le cadre du processus de restructuration. Les représentants syndicaux ont exprimé un optimisme prudent suite aux assurances que toute réduction