Alors que la saison des feux de forêt s’intensifie à travers le Canada, des millions d’habitants subissent non seulement un ciel brumeux, mais aussi des symptômes oculaires de plus en plus inconfortables. Les particules microscopiques en suspension dans la fumée créent ce que les ophtalmologistes décrivent comme une “crise silencieuse” pour la santé oculaire à l’échelle nationale.
“Nous constatons une augmentation spectaculaire des visites d’urgence en soins oculaires,” explique la Dre Amrita Singh, ophtalmologiste en chef à l’Hôpital général de Toronto. “Beaucoup de Canadiens minimisent leurs symptômes en les considérant comme une irritation mineure, mais une exposition prolongée à la fumée des feux de forêt peut entraîner des conditions plus graves qui peuvent affecter la vision temporairement ou même de façon permanente.”
Santé Canada a enregistré une augmentation de 37% des cas d’inconfort oculaire signalés dans les régions touchées par la fumée des feux de forêt cette saison par rapport aux années précédentes. Les particules fines mesurant moins de 2,5 micromètres—plus petites qu’un cheveu humain—contournent facilement les défenses naturelles de l’œil, provoquant une inflammation de la conjonctive, la fine membrane recouvrant l’œil.
Les symptômes courants comprennent des rougeurs, des sensations de brûlure, un larmoiement excessif et une vision floue. Pour les porteurs de lentilles de contact, les risques sont accrus car les particules peuvent se retrouver piégées entre la lentille et la surface de l’œil, causant potentiellement des abrasions cornéennes.
Les personnes souffrant de conditions préexistantes comme le syndrome de l’œil sec ou la conjonctivite allergique font face à des défis encore plus grands. “La fumée des feux de forêt agit comme un multiplicateur pour ceux qui ont déjà des problèmes oculaires chroniques,” note la Dre Singh. “Ce qui pourrait être une légère irritation pour certains devient une expérience débilitante pour les populations vulnérables.”
Au-delà de l’inconfort immédiat, des chercheurs en santé environnementale de l’Université de la Colombie-Britannique ont établi un lien entre l’exposition prolongée à la fumée et un risque accru de dégénérescence maculaire liée à l’âge et de cataractes, particulièrement chez les plus de 55 ans. Ces découvertes soulignent l’importance des mesures de protection même lorsque les niveaux de fumée semblent modérés.
Martin Fuller, résident de la Saskatchewan, a décrit son expérience durant l’intense saison des feux de forêt de l’été dernier : “Je pensais simplement être fatigué ou avoir besoin de nouvelles lunettes. La sensation constante de grains de sable et de brûlure dans mes yeux rendait le travail difficile. Mon optométriste m’a finalement expliqué que c’était à cause de la fumée, même si je ne pouvais pas toujours la voir ou la sentir.”
Les climatologues prévoient que le Canada continuera de connaître des saisons de feux de forêt plus longues et plus intenses en raison du changement climatique. L’Association canadienne des optométristes a réagi en lançant une campagne nationale de sensibilisation sur les mesures de protection et les stratégies d’intervention précoce.
Bien que le port du masque soit devenu courant, les experts soulignent que les masques en tissu standard offrent une protection minimale pour les yeux. Des