Dans un virage historique pour le paysage énergétique canadien, l’Ontario a officiellement lancé un investissement de 21 milliards de dollars dans des petits réacteurs modulaires nucléaires (PRM) sur le site de Darlington, marquant ainsi l’engagement audacieux de la province envers la technologie nucléaire de nouvelle génération face aux préoccupations climatiques croissantes et aux demandes énergétiques.
La cérémonie d’inauguration à la centrale nucléaire de Darlington, à l’est de Toronto, marque le début de ce que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, appelle “le plus grand projet d’énergie propre de l’histoire du pays”. Ce projet représente le premier PRM à l’échelle du réseau à être construit au Canada, avec un achèvement prévu pour 2029 et une mise en service attendue d’ici 2030.
“Il ne s’agit pas seulement de produire de l’électricité, mais d’assurer l’indépendance énergétique de l’Ontario pour les générations à venir”, a déclaré le ministre de l’Énergie de l’Ontario, Todd Smith, lors de la cérémonie d’inauguration. “Avec ce projet, nous démontrons que l’innovation nucléaire reste au cœur de la stratégie énergétique propre de l’Ontario.”
L’initiative arrive à un moment critique alors que l’Ontario fait face à des pénuries d’électricité prévues dans les cinq prochaines années. Selon les estimations d’Ontario Power Generation (OPG), le PRM générera environ 300 mégawatts d’électricité—suffisamment pour alimenter 300 000 foyers—tout en produisant zéro émission de carbone.
Contrairement aux centrales nucléaires traditionnelles, les PRM offrent une conception plus compacte avec des caractéristiques de sécurité améliorées et une plus grande flexibilité. Le modèle GE Hitachi BWRX-300 sélectionné pour Darlington représente une avancée technologique significative, avec des composants modulaires qui peuvent être fabriqués hors site et assemblés plus rapidement que les réacteurs conventionnels.
Les avantages économiques vont au-delà de la production d’énergie. Le projet devrait créer plus de 1 600 emplois pendant la construction et soutenir des centaines de postes permanents une fois opérationnel. De plus, OPG prévoit que la chaîne d’approvisionnement nucléaire domestique de l’Ontario captera une valeur économique importante du développement.
Tout le monde ne partage cependant pas l’enthousiasme du gouvernement. Plusieurs organisations environnementales ont exprimé des préoccupations quant à la rentabilité du projet par rapport aux alternatives renouvelables comme l’énergie éolienne et solaire. Les critiques soulignent également la question toujours non résolue de la gestion des déchets nucléaires comme un défi persistant.
“Nous engageons des milliards dans une technologie non éprouvée alors que nous pourrions investir dans des solutions renouvelables qui sont déjà compétitives en termes de coûts et sans déchets”, a déclaré Jack Thompson de la Coalition pour l’énergie propre, reflétant la division dans l’opinion publique.
Néanmoins, les autorités provinciales et fédérales restent convaincues que l’énergie nucléaire doit jouer un rôle central dans la transition énergétique du Canada. Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a souligné que le projet PRM de Darlington s’aligne sur l’objectif du Canada d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050.