Dans une manœuvre législative audacieuse qui a intensifié les tensions politiques en Saskatchewan, le NPD provincial a déposé un projet de loi visant à relever considérablement la barre pour tout futur référendum sur la séparation. La proposition de l’opposition exigerait une supermajorité des deux tiers pour que la Saskatchewan puisse envisager de quitter le Canada—un défi direct au gouvernement du Parti saskatchewanais du premier ministre Scott Moe, qui a de plus en plus flirté avec une rhétorique d’autonomie.
Le projet de loi d’initiative parlementaire, présenté par la chef du NPD Carla Beck, survient dans un contexte d’inquiétude croissante que la loi référendaire actuelle de la province crée un seuil dangereusement bas pour une décision aussi conséquente. Actuellement, la Loi sur les référendums et les plébiscites de la Saskatchewan permet de procéder à des changements constitutionnels majeurs avec une simple majorité de 50 pour cent plus une voix.
“L’avenir de notre province ne devrait pas être décidé par la plus étroite des marges sur un sujet aussi sérieux que la séparation,” a déclaré Beck lors d’une conférence de presse à l’assemblée législative. “Une décision de se séparer du Canada modifierait fondamentalement la vie de chaque résident de la Saskatchewan et devrait nécessiter un consensus substantiel, pas une majorité très mince qui pourrait être influencée par des vents politiques temporaires.”
Le moment choisi pour la proposition du NPD semble stratégique, faisant suite à des mois de messages de plus en plus affirmés sur “l’autonomie provinciale” du gouvernement du premier ministre Moe. La Loi Saskatchewan d’abord, adoptée en 2023, et les récentes déclarations concernant l’établissement d’une agence provinciale du revenu ont alimenté les spéculations sur les intentions à long terme du Parti saskatchewanais concernant la fédération.
Pressé de commenter, le leader parlementaire du gouvernement Jeremy Harrison a rejeté le projet de loi du NPD comme étant du “théâtre politique” et “une solution à la recherche d’un problème.” Harrison a insisté sur le fait que le Parti saskatchewanais n’a aucun plan de séparation, décrivant la démarche de l’opposition comme “fabriquant une controverse là où il n’en existe pas.”
Les analystes politiques notent que le projet de loi a peu de chances d’être adopté sans le soutien du gouvernement, mais son introduction accomplit plusieurs objectifs pour l’opposition. La politologue de l’Université Trent, Dr Eleanor Wright, suggère que “cela force le gouvernement à clarifier publiquement sa position sur la séparation et place le Parti saskatchewanais dans la position inconfortable de soit se distancer de sa rhétorique d’autonomie, soit défendre un seuil plus bas pour une séparation potentielle.”
Le projet de loi proposé exigerait également que toute question référendaire soit clairement formulée et inclue des informations détaillées sur les implications de la séparation, y compris les impacts économiques, les considérations frontalières, les questions de citoyenneté et les obligations des traités avec les peuples autochtones.
Les leaders autochtones ont exprimé leur soutien à l’initiative du NPD. Le chef de la Fédération des nations autochtones souveraines, Bobby Cameron, a souligné que “les Premières Nations ont conclu des relations de traité avec la Couronne, pas avec la province de la Saskatchewan. Toute conversation sur la séparation doit reconnaître que ces accords de nation à nation ne peuvent pas être modifiés unilatéralement.”
Le débat touche à des questions plus profondes sur le fédéralisme canadien durant une période où les tensions provinciales