Dans une escalade dramatique de la rhétorique sur l’autonomie provinciale, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a annoncé hier qu’elle serait ouverte à la tenue d’un référendum séparatiste si suffisamment d’Albertains le demandaient par le biais d’un processus de pétition formelle. Cette déclaration audacieuse survient dans un contexte de tensions croissantes entre cette province occidentale riche en ressources et le gouvernement fédéral à Ottawa concernant les politiques énergétiques, la distribution des recettes fiscales et la juridiction constitutionnelle.
“Si les Albertains estiment que leurs voix ne sont pas entendues au sein de la confédération, je les écouterai,” a déclaré la première ministre Smith lors d’une conférence de presse à l’Assemblée législative de l’Alberta. “Si 100 000 électeurs admissibles signent une pétition demandant un référendum sur l’indépendance, mon gouvernement honorera cette expression démocratique.”
Cette annonce représente un changement significatif, même pour Smith, qui a précédemment défendu la “souveraineté de l’Alberta au sein d’un Canada uni” plutôt qu’une séparation pure et simple. Les analystes politiques suggèrent que cette démarche pourrait être calculée pour faire pression sur Ottawa tout en consolidant le soutien parmi la base de son Parti conservateur uni avant des prévisions économiques difficiles.
La réaction fédérale a été rapide et préoccupée. Le premier ministre Justin Trudeau a souligné que “le Canada est plus fort lorsque nous travaillons ensemble,” tout en mettant en avant les récents efforts collaboratifs sur les projets de transition énergétique en Alberta. Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a qualifié la suggestion de Smith de “résultat prévisible de années de politiques libérales qui ont aliéné les Canadiens de l’Ouest.”
Les implications économiques d’un tel référendum seraient profondes, selon les experts de l’École de politique publique de l’Université de Calgary. La Dre Martha Reynolds note que “l’incertitude à elle seule pourrait déclencher une fuite de capitaux, tandis qu’une séparation effective créerait d’énormes défis concernant la monnaie, les accords commerciaux et la répartition de la dette.” L’économie de l’Alberta, fortement dépendante du commerce transfrontalier, pourrait faire face à d’importantes perturbations pendant toute période de transition.
Les leaders autochtones des territoires des Traités 6, 7 et 8 ont exprimé de sérieuses préoccupations quant à l’impact que la séparation pourrait avoir sur leurs droits souverains. Le Grand Chef William Morin a déclaré : “Les Premières Nations ont conclu des traités avec la Couronne, pas avec l’Alberta. Toute conversation sur la séparation doit pleinement respecter et protéger ces relations de nation à nation.”
Les juristes soulignent que, contrairement au cadre de sécession du Québec, l’Alberta ne dispose pas de voies constitutionnelles claires vers l’indépendance. “Le Renvoi relatif à la sécession du Québec de 1998 de la Cour suprême s’appliquerait, exigeant des questions claires et des majorités claires,” explique l’experte constitutionnelle Dre Rebecca Chen de l’Université de l’Alberta. “Mais la mise en œuvre pratique serait sans précédent et juridiquement complexe.”
Les sondages suggèrent que les Albertains restent profondément divisés sur la question. Une enquête récente d’Angus Reid indiquait qu’environ 29% des Albertains soutiendraient l’indépendance, tandis que