Le conflit de travail qui couve entre Air Canada et ses agents de bord a atteint un tournant critique hier lorsque le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), représentant plus de 9 500 membres d’équipage de cabine, a officiellement demandé l’assistance d’un conciliateur fédéral après des mois de négociations au point mort.
Cette démarche inhabituelle signale une frustration croissante parmi les agents de bord qui travaillent sous une convention collective expirée depuis le 31 mars, avec des négociations entamées en janvier qui ont peu progressé sur des questions clés comme les salaires, les horaires et les conditions de travail. Cette demande met une pression supplémentaire sur la plus grande compagnie aérienne du Canada à un moment où le secteur de l’aviation continue de faire face aux défis de la reprise post-pandémique.
“Nous avons rencontré une résistance importante de la direction d’Air Canada sur des questions fondamentales qui touchent directement au bien-être des agents de bord,” a déclaré Wesley Lesosky, président de la composante Air Canada du SCFP, dans un communiqué obtenu par CO24. “Après des mois de négociations de bonne foi qui n’ont abouti qu’à des avancées minimes sur des préoccupations cruciales, nous avons besoin d’une intervention pour parvenir à un accord qui respecte le rôle essentiel que jouent les agents de bord dans les opérations aériennes et la sécurité des passagers.”
Le ministre fédéral du Travail dispose maintenant de 15 jours pour nommer un conciliateur ou une commission de conciliation, initiant un processus qui dure généralement 60 jours, potentiellement suivi d’une période de réflexion de 21 jours. Ce calendrier situe une possible action syndicale, si un accord n’est pas atteint, en pleine saison des voyages d’automne.
Air Canada a répondu avec mesure, affirmant qu’elle demeure “engagée dans le processus de négociation” et “confiante qu’une résolution mutuelle peut être atteinte par la poursuite du dialogue.” Toutefois, des analystes de l’industrie notent que les récentes améliorations des performances financières de la compagnie pourraient compliquer les discussions salariales, les agents de bord cherchant à récupérer le terrain perdu pendant les concessions de l’ère pandémique.
Le différend met en lumière des tensions plus larges dans l’industrie aéronautique canadienne, où les grands transporteurs font face à une pression croissante pour contrôler les coûts face à la concurrence féroce des compagnies à bas prix tout en répondant aux demandes des employés pour une meilleure rémunération après des années de sacrifices liés à la pandémie. Selon les experts en relations de travail, l’issue de cette négociation très médiatisée pourrait influencer les relations de travail dans plusieurs secteurs de transport canadiens.
Pour les voyageurs canadiens, ce développement introduit de l’incertitude dans les projets de voyage d’automne et d’hiver. Bien qu’aucune perturbation immédiate du service ne soit prévue, la possibilité d’une action syndicale future souligne l’équilibre délicat entre la stabilité opérationnelle et une juste rémunération pour les travailleurs essentiels de l’aviation qui servent à la fois comme professionnels de la sécurité et représentants du service clientèle de première ligne.
“Les agents de bord ont fait des sacrifices importants pendant la pandémie pour assurer la survie d’Air Canada,” a souligné l’analyste de l’industrie aéronautique Margaret Chen lors d’une conversation avec CO24 Affaires. “Maintenant que la rentabilité est revenue, la question fondamentale devient comment ces gains devraient être répartis entre les actionnaires, les dirigeants et les travailleurs de première ligne qui interagissent directement avec les passagers.”
Alors que les conciliateurs fédéraux se préparent à intervenir dans cette confrontation de plus en plus tendue, une question plus large émerge : à une époque de demande renouvelée pour les voyages et d’une meilleure santé financière des compagnies aériennes, qu’est-ce qui constitue une rémunération équitable pour les travailleurs essentiels qui assurent notre sécurité dans les airs?